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Le Japon calme le jeu

samedi 23 avril 2005, par Stanislas

Le Japon présente ses excuses pour maintenir un dialogue nécessaire avec la Chine.

Par la voix de son Premier ministre, Junichiro Koizumi, le Japon a présenté vendredi aux voisins asiatiques victimes de son agression dans les années 30 et 40 ses « excuses sincères » et ses « profonds remords ». Ce geste fort, en pleine crise de nerfs avec Pékin, réitère les dernières excuses officielles exprimées le 15 août 1995 par le Premier ministre d’alors, Tomiichi Murayama, dont le repentir avait été bien accueilli par l’opinion publique japonaise.

Vendredi, en ouverture du sommet Asie-Afrique qui réunit 80 pays à Djakarta (Indonésie), Junichiro Koizumi a surpris en déclarant que « par le passé, le Japon, à travers son pouvoir colonial et ses agressions, a provoqué des dégâts et des souffrances considérables aux populations de nombreux pays, en particulier les nations asiatiques. [Il] reconnaît honnêtement ces faits historiques dans un esprit d’humilité ». Sans qu’on sache si un tel acte était une condition fixée par Pékin afin que le Premier ministre japonais puisse rencontrer, à Djakarta,comme il le demande, le chef de l’Etat chinois Hu Jintao, une telle déclaration ­ la première d’un chef de gouvernement japonais lors d’une conférence internationale ­ visait à l’évidence à calmer les esprits entre les deux puissances rivales. Les manifestations antijaponaises en Chine ces deux dernières semaines constituent le plus sérieux accroc entre les deux pays depuis la signature du traité de paix et d’amitié bilatéral de 1978. Vendredi soir, par la voix d’un porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois, la Chine s’est félicitée du discours du Premier ministre Koizumi.

Pour le Japon, l’essentiel reste pour l’heure de rétablir un dialogue courtois avec Pékin. Tokyo sait que, sans son aval, il lui sera impossible d’obtenir un siège de membre permanent au Conseil de sécurité des Nations unies. Pékin soutient la candidature de l’Inde et de l’Allemagne et bloque celle du Japon, accusé d’amnésie après la réédition, il y a un mois, d’un manuel scolaire révisionniste. De source japonaise, le chef du gouvernement japonais et le président chinois pourraient se rencontrer samedi.

Par Michel TEMMAN, liberation.fr