Les folies de Tichy

Il n’y a qu’à voir sur place. Entre les montagnes et les forêts qui l’entourent que le soleil sait caresser pour que la lumière les enflamme, cette petite ville occupe le podium des destinations touristiques estivales de la région. On la découvre toujours, parce qu’elle ne se livre jamais totalement.

Ses stations de bord de mer trop bondées ou ses shoppings qui font tous la même activité. Elle s’amuse. Et sans prévenir, elle vous rattrape d’un coup de foie baroque, donne, généreusement, ses plaisirs exquis, ses hôtels remplis à 100% en ce début d’août, ses panoramas stupéfiants, insaisissables et séductrice en diable. On n’en finit pas de l’adorer. Après un mois de juillet mitigé, plutôt tristounet, Tichy retrouve son sourire, au grand bonheur des professionnels du tourisme local. La nouvelle donne sécuritaire l’arrange peut-être. Les nombreux estivants qui, traditionnellement, fréquentent la côte ouest, touchée de plein fouet cette saison à cause des attentats de Beni-Ksila, et malgré les nombreux barrages de la gendarmerie et de l’armée, se replient vers elle. Près d’un million de nuitées en hébergements marchands sont générées, par des clients nationaux, immigrés et même d’étrangers.

Avec un taux de remplissage moyen de 90%, les résultats de l’été 2004 ont affiché une hausse conséquente par rapport à la moyenne des trois saisons précédentes. “Et même si, cette année, il est observé que la saison estivale a commencé tardivement, en raison du retard dans la proclamation des résultats scolaires et une relative recrudescence des attentats terroristes ayant ciblé la région”, dira Makkache, chargé de l’exploitation à l’hôtel les Hammadites. Durant le mois de juillet, l’activité est restée donc calme. Les professionnels du tourisme ne sont pas trop déçus, puisque les séjours et les “véritables grandes vacances” sont, majoritairement, réservés durant la période du 26 juillet au 20 août, et durant toute cette période, les grands groupes hôteliers de la ville affichent complet.

Les Hammadites, le fleuron Ouvert dans les années 1970, l’hôtel Les Hammadites, 3 étoiles, se présente comme l’un des fleurons de la côte ouest bougiote, 124 chambres, vue sur la mer ou sur la forêt, cet établissement, pieds dans l’eau, avec son resto, son snack, ses deux discothèques et un immense jardin au milieu des platanes, qui a certes, subi les avaries durant ces dernières années, retrouve sa véritable vocation pour satisfaire et redécouvrir sa clientèle, désormais de plus en plus exigeante. Offrant beaucoup de prestations avec autant de simplicités ; depuis deux mois il connaît une petite mue sur le plan organisationnel, “nous avons opté pour une nouvelle politique touristique, en améliorant les prestations et en intégrant le label tourisme culturel”, dira le chef d’exploitation de cet hôtel. La clientèle, elle, est cosmopolite. Notre interlocuteur pense qu’“il y a une reprise sérieuse cette année”. Sur le plateau de l’hôtel, où il règne une ambiance familiale et conviviale, qu’on peut remarquer. La langue de Molière domine largement le kabyle ou l’arabe. “Les clients sont majoritairement des familles émigrées ou françaises”. Cet établissement connaîtra incessamment une extension de près de 6 ha. Le projet est à l’étude, il est question de la construction de bingalows, d’un village touristique et d’aires de jeu. Des “fashion” vacances Sur la plage réservée aux locataires, les bronzés se mettent à l’heure d’une nouvelle tendance. Ils ne viennent pas uniquement pour le soleil, mais associent aussi à leur séjour des activités sportives et de loisirs.

L’idée géniale revient à Doudine, jeune émigré, 24 ans, qui a pris le courage de s’investir dans les sports nautiques, il a signé un contrat avec l’établissement. Comme quoi, il y a toujours une façon de gagner un peu de fric durant ces vacances. Bouée géante, jet-ski, Fiver, fusée orbite, tout est proposé pour les baigneurs. Les prix de location ne sont pas évidents pour “du moins la clientèle locale”, s’entend les nationaux. 1 500 DA pour un quart-d’heure de tour sur un jet, 2000 DA pour deux personnes sur la bouée, 2000/DA/15 mn pour une personne pour s’envoler avec la fusée. Doudine reconnaît que “c’est cher”. “Les clients sont à 100% de jeunes émigrés, avec certains jet setters locaux”, il pense, néanmoins qu’il n’a pas fait “la bonne affaire”. Déjà “arnaqué” au port, lors de son débarquement, avec toutes les tracasseries de douane, son matériel, il l’avait acheté à plus de 25 000 euros. “Difficile donc de l’amortir”. Bien d’autres comme Doudine et ses potes, proposent des photos- souvenirs avec un cheval ou un chameau sur le bord de plage. Ce qui rend bien beaucoup de parents grincheux et grognons face aux caprices des mômes, pour un petit plaisir de photo proposé à 200 DA ou une montée à 50 DA. Des soirées destroy

Pour un séjour à Tichy, il y aura toujours de bons arguments pour flâner. Il suffit désormais d’explorer ses terrasses, ses hôtels pour se rendre compte que s’éclater à Tichy n’est plus une utopie. Car les fêtards savent que la petite cité ne se couche jamais. Les bars et les discothèques, s’étendant au bord de la mer, ne désemplissent jamais. Il faut juste aimer et “supporter la clientèle, souvent pin up”.A l’hôtel, les Hammadites, l’ambiance monte chaque soir. Un DJ, des troupes folkloriques et un groupe, une vraie comédie musicale, où de jeunes chanteurs gominés se produisent chaque soir, sur le plateau de l’hôtel. Et là, c’est une occasion de découvrir que Bougie à sa propre Star ac’. 15 garçons et huit filles dans le vent ont enflammé l’hôtel durant le premier week-end de ce mois d’août. Avec des loks, très disparates, “les Papillons épinglés” aux styles multiples, groove, pop, R’n” B, sauront dans un proche avenir conquérir la scène musicale locale. Bien emmenés par Gamel Harrat, en sa qualité de directeur artistique de la troupe, “les Papillons épinglés” ont de quoi être la nouvelle fierté de Yemma- Gouraya. En tout cas, le public des “Hammadites” a vite flashé sur les Badla, Aïda, Souhila, Sabrina, Amel et tous les autres “Papillons”

Tichy veut redorer son blason La cité balnéaire veut redorer son blason touristique. les nombreux professionnels du tourisme accostés, sont unanimes à affirmer qu’il faut s’“attaquer à un véritable phénomène majeur qui s’est installé sur la côte ouest : le tourisme sexuel”. “Tichy ne doit plus y être associé. Il faudra donc sensibiliser tous les acteurs du tourisme, parfois attirés par la rente facile” tempère un hôtelier, “bien que la loi ne prévient rien, puis qu’il n’existe aucun texte”.

J-L. Hassani, Le Soir d’Algérie