Accueil > INTERNATIONAL > Lomé retrouve le calme

Lomé retrouve le calme

jeudi 28 avril 2005, par nassim

Après deux jours d’émeutes, le calme semble être revenu à Lomé, où la population nettoie les rues sous la surveillance étroite des forces de sécurité togolaises.

A mains nues, avec

Lomé retrouve le calme.

des balayettes ou des balais de roseaux, de nombreux habitants, affirmant avoir été contraints à la tâche par la police et l’armée, débarrassaient les rues du quartier de Bé des dernières traces de violences. Les émeutes entre forces de l’ordre et opposants au régime, qui ont éclaté mardi après l’annonce de la victoire de Faure Gnassingbé à l’élection présidentielle de dimanche, se sont poursuivies mercredi dans la capitale transformée en champ de bataille, faisant au moins 20 morts.

A Bé, fief de l’opposition et théâtre des affrontements les plus violents, Assou, un habitant de 39 ans, raconte que les forces de l’ordre ont fait du porte-à-porte pour ordonner à la population de lever les barricades érigées par les jeunes opposants et débarrasser les rues des pierres et des grenades lacrymogènes.

LE HCR REDOUTE UN EXODE MASSIF

Le Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR) rapporte que quelque 1.200 personnes ont fui au Bénin et au Ghana voisins depuis mardi.

"Nous espérons que ce n’est pas le premier signe d’un exode, que le calme va être rétabli et que les gens vont revenir", a dit dans un communiqué David Lambo, directeur du bureau africain du HCR.

L’opposition, unie derrière l’Union des forces de changement de Gilchrist Olympio (UFC) et le candidat Bob Akitani, qui s’est autoproclamé président mercredi, accuse le Rassemblement du peuple togolais (RPT) de Faure Gnassingbé de fraude massive.

Mercredi, les Etats-Unis ont jugé insatisfaisant le déroulement du scrutin et ont lancé un appel à l’arrêt des violences.

"Des irrégularités dans le recensement et dans la distribution des cartes électorales avant le scrutin et des vices de procédure le jour de l’élection soulèvent de graves questions sur l’exactitude des totaux provisoires annoncés (mardi)", a déclaré Adam Ereli, porte-parole du département d’Etat.

Ereli a ajouté que Washington se joignait à l’Union africaine et à la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest pour prôner au Togo un gouvernement de réconciliation nationale susceptible de réduire les divisions politiques et d’oeuvrer à la réforme du code électoral, afin de permettre des élections crédibles et transparentes.

BARNIER SE DEFEND

De son côté, Michel Barnier, a assuré jeudi qu’il n’y aurait pas d’ingérence de la France au Togo, son ancienne colonie.

"Dans ce scrutin, ni pendant, ni avant, ni après et, pour l’avenir, il n’y aura d’ingérence de la France dans les affaires du Togo", a-t-il déclaré sur France 2, appelant "ceux qui ont l’avenir du Togo entre leurs mains" au dialogue.

Barnier s’est par ailleurs défendu d’avoir attisé la violence en qualifiant lundi le scrutin de "succès" et en évoquant des "conditions globalement satisfaisantes".

"Je ne me suis jamais prononcé sur le résultat de ce scrutin", s’est-il justifié.

Le ministre a souligné que l’ambassade de France à Lomé était "totalement mobilisée" pour protéger les 2.000 à 3.000 Français présents dans le pays et les autres ressortissants étrangers susceptibles d’être menacés.

Le fils d’Eyadéma avait été porté à la présidence par l’armée à la suite du décès de son père le 5 février, après 38 années de pouvoir sans partage. Cédant aux pressions de la communauté internationale, Faure Gnassingbé avait par la suite démissionné en promettant la tenue d’un scrutin présidentiel.

De nombreuses voix s’étaient élevées au Togo, y compris au sein même du gouvernement, pour réclamer le report de l’élection en raison du manque de préparation et du risque que représentait l’organisation du scrutin pour la sécurité du pays.

Les dirigeants africains redoutent que le Togo sombre dans la guerre civile et déstabilise la sous-région occidentale de l’Afrique déjà en proie à de nombreux conflits.

Par Silvia Aloisi, reuters.fr