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Lounis Aït Menguellet : “L’État doit subventionner les spectacles”

mardi 3 août 2004, par Hassiba

Liberté : Vous venez de boucler trois concerts consécutifs à la Maison de la culture de Béjaïa. Quelle appréciation en faites-vous ?
Lounis Aït Menguellet : Côté public, ça a été un vrai bonheur. Franchement, j’ai retrouvé l’ambiance habituelle du public bougiote, et je repars d’ici vraiment comblé. Sincèrement, je n’ai eu que des satisfactions.

Mais des défaillances ont été constatées sur le plan organisationnel. Qu’en est-il réellement ?
Là, c’est un autre problème. C’est-à-dire, autant je suis satisfait de l’accueil du public, autant l’accueil des gens de la Maison de la culture laisse à désirer. Parce que je crois que ceux qui travaillent dans cette institution et à la direction de la culture de Béjaïa ont été absents pour l’essentiel. Ils ont fait appel à une association de jeunes d’Amizour, que je salue au passage. Car ces jeunes se sont vraiment donnés à fond. En tout cas, ils ont fait de leur mieux le travail que d’autres auraient dû faire, et c’est la question que je me pose d’ailleurs. Où étaient les gens censés nous recevoir et faire ce qu’il fallait pour que les citoyens soient informés, fixer un prix pour les places accessible à tous ? C’est tout ça que j’ai demandé. Dans cette tournée, mon premier souci a été de faire des galas accessibles à tous, c’est pour cela que j’ai demandé, il y a longtemps, à ce que le ministère de la Culture aide les spectacles par des subventions. Sinon, aucun artiste ne pourra se produire tant les places sont chères. Donc, il faut absolument dégager des subventions de l’État pour permettre aux artistes de faire plusieurs régions du pays et faire profiter le maximum de gens.

D’aucuns estiment que le prix du billet d’entrée est pratiquement inaccessible. Qu’en pensez-vous ?
S’agissant des prix des places fixés ici à Béjaïa, il a fallu qu’on intervienne pour rectifier le tir, c’est-à-dire revoir à la baisse le prix du billet d’accès qui était au départ à 500 dinars, avant de le ramener à 300 dinars afin de permettre au maximum de gens de venir voir le spectacle. Outre le prix de place pratiqué, l’information a été également mal gérée. C’est vraiment dommage de constater toutes ces anomalies.

Ne pensez-vous pas qu’il y a là une volonté délibérée de saboter vos spectacles ?
J’espère que ce n’est pas cela. Néanmoins, à voir les choses dans leur réalité, je ne suis pas loin de penser qu’il y a vraiment une très mauvaise volonté. C’est un constat réel, je peux vous certifier que la direction de la culture de la wilaya de Béjaïa a été informée depuis longtemps déjà de la tenue de ces spectacles organisés par l’Onci. Les responsables concernés avaient pourtant suffisamment de temps pour veiller à la bonne organisation de ces concerts. Toutefois, j’ai constaté que le strict minimum n’a pas été fait. C’est pour cela d’ailleurs que je me pose des questions. De toutes les manières, ces responsables n’ont pas assumé.

Un grand poète et homme de culture, en l’occurrence Mohand Ouyahia dit Moh Ya, est actuellement hospitalisé à Paris. Que vous inspire ce poète ?
Connaissant personnellement Moh Ya, ça me touche plus que ceux qui ne le connaissent que par ses œuvres. Maintenant, je pense qu’il faut essayer d’y aller pour voir ce qu’on doit faire. Je l’ai vu plusieurs fois à Paris, il avait l’air de bien se porter, mais ces derniers temps, il a rechuté.

Quels sont vos projets ? Y a-t-il un produit en gestation ?
Il y a cette tournée que j’essaye de mener à bien et qui touchera plusieurs villes : Sétif, Bordj Bou-Arréridj, Constantine, Oran, Boumerdès, Alger... Concernant le nouveau produit, je pense l’enregistrer en France à partir de septembre prochain. Il est pratiquement prêt et sa sortie est prévue au mois de ramadhan 2004.

Peut-on connaître les thèmes que vous avez abordés dans ce nouvel album ?
Je ne parle jamais de sujets, je fais des chansons sans calcul, et c’est aux gens d’en apprécier le contenu.

Par Achour Hamouche et Kamel Ouhnia, Liberté