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Michel Aoun retourne au Liban

samedi 7 mai 2005, par nassim

Après 15 ans d’exil, l’ancien premier ministre du Liban, Michel Aoun, quitte la France pour retourner dans son pays sécoué par un récent attentat dans la ville chrétienne de Jounieh.

Michel Aoun rentre au Liban.

L’ancien Premier ministre libanais Michel Aoun, qui a quitté samedi en fin de matinée l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle pour Beyrouth, s’est déclaré ému par ce retour qui met fin à 15 années d’exil en France. Le dirigeant chrétien, opposant historique à la présence syrienne, a décidé de regagner le pays au Cèdre après le départ, le 26 avril dernier, des dernières troupes de Damas présentes depuis 29 ans. Avant de s’embarquer avec une centaine de cadres de son mouvement, le Courant patriotique libre, à bord d’un avion spécialement affrété par la compagnie Middle East Airlines, l’ex-général Aoun, âgé de 69 ans, a indiqué qu’il comptait d’abord retrouver sa famille puis son peuple.

« C’est une grande émotion , vous savez, de retrouver le peuple libanais après tout ce temps et cette longue lutte pour l’indépendance et la souveraineté de notre pays », a-t-il confié à l’agence Associated Press Television News (APTN) en quittant son domicile parisien.
Il a ajouté qu’après les retrouvailles avec ses « enfants et petits-enfants », il comptait organiser une « grande rencontre avec les Libanais sur la place des Martyrs », dans le centre de Beyrouth.

Le retour de Michel Aoun est considéré par ses partisans et adversaires comme un signe de la nouvelle ère politique qui s’ouvre au Liban, en partie libéré de l’ingérence syrienne.
Dans un entretien diffusé samedi sur Radio France Internationale, l’ancien Premier ministre a lui-même estimé qu’une nouvelle situation politique était en train de se dessiner.

« Nous étions dans l’opposition pour libérer le Liban, maintenant le Liban est libéré... Il y a une nouvelle situation qui va se créer entre réformistes et non-réformistes. Et conservateurs. Donc nous sommes dans le camp réformateur », a-t-il observé. « Tous ceux qui désirent les réformes au Liban et qui ont une nouvelle vision de l’avenir du pays, nous serons ensemble, nous formerons une équipe. »

« Nous avons beaucoup de signes pathologiques dans notre société auxquels il faut remédier », a-t-il encore relevé, citant notamment « le féodalisme politique », « cet héritage confessionnel fanatique » et la « corruption ».
Interrogé sur l’appartenance ou non du Hezbollah au camp réformateur, Michel Aoun a répondu par l’affirmative. « Ils ne sont pas touchés par la corruption et ils peuvent adhérer facilement à un plan de réforme », a-t-il souligné.
Quant à une alliance électorale avec le Hezbollah pour les prochaines législatives, qui se tiendront du 29 mai au 19 juin, il estime que « c’est une possibilité, si on avance dans le dialogue sur les différents problèmes ». Il pose cette condition « parce qu’une alliance électorale ne doit pas se terminer avec la fermeture des bureaux de vote, elle doit durer. Donc il faut une certaine entente préalable sur les choses épineuses ».

Michel Aoun a d’autre part exclu, pour l’heure, d’être candidat à l’élection présidentielle libanaise. « Mais si la situation fait de moi un homme de recours, j’assumerai mes responsabilités ».

Source : AP