Paris : L’incendie d’un hôtel fait 20 morts

Le bilan, qui pourrait encore s’alourdir,

fait de ce sinistre l’un des plus meurtriers dans la capitale depuis l’incendie criminel, en 1973, d’un collège qui avait aussi fait 20 morts. De plus, 53 personnes qui étaient logées à l’hôtel Paris Opéra ont été blessées, dont onze sont dans un état grave. Dans la soirée, les pompiers continuent leurs recherches dans les étages supérieurs de l’immeuble. Le parquet de Paris a ouvert une enquête pour « homicides involontaires ». Parmi les blessés, des personnes de nationalités française, sénégalaise, portugaise, ivoirienne, américaine, ukrainienne et tunisienne ont été recensées dans l’immédiat par les autorités. Quelques touristes étrangers étaient également descendus dans cet hôtel bon marché.

L’hôtel accueillait 79 personnes mal logées, pour la plupart des immigrés africains, alors que selon la préfecture de police, il ne pouvait en recevoir légalement que 61. L’incendie a complètement détruit le Paris Opéra, un hôtel de six étages situé rue de Provence, une rue étroite à l’arrière du grand magasin Les Galeries Lafayette. Il est « sans doute d’origine accidentelle » bien qu’encore « indéterminée », selon une source policière.

Les spécialistes du laboratoire central ont entamé constatations et prélèvements pour vérifier l’hypothèse selon laquelle le feu serait parti d’un four à micro-ondes au premier étage avant de se propager très vite vers les étages supérieurs par les cages d’escalier et d’ascenseur. Les pompiers, appelés à 2h20 (jeudi 20h20 à Montréal), ont déclenché le plan d’urgence, qui prévoit une vaste mobilisation des secours médicaux. Près de 300 pompiers et secouristes des urgences médicales sont intervenus.

Selon les témoignages recueillis près de l’hôtel, situé non loin de la gare Saint-Lazare et de l’Opéra, le sinistre a provoqué des scènes de panique : « J’ai vu des gens sauter, notamment un homme depuis le 3e étage et d’autres du 1er », a raconté une femme, qui a assisté à l’incendie. L’hôtel n’avait qu’une seule issue, la porte principale, selon les pompiers, qui ont indiqué cependant que ce type d’établissement est « régulièrement contrôlé » par la préfecture de police et que les règlements en vigueur n’imposent pas plusieurs issues.

Selon la préfecture de police, un contrôle de sécurité, notamment d’incendie, mené le 24 mars dans l’hôtel, avait conclu à la nécessité de procéder à des améliorations « ne faisant pas obstacle à la poursuite de l’exploitation de l’établissement ». Le ministre de l’Intérieur, Dominique de Villepin, s’est rendu sur les lieux, et le président Jacques Chirac a exprimé vendredi matin son « sentiment d’horreur » et son « émotion » après ce qu’il a qualifié de « catastrophe parmi les plus douloureuses qui aient endeuillé Paris ».

M. Chirac a demandé que les enquêtes « fassent dans les délais les plus rapides la vérité sur cette catastrophe et que toutes les conséquences soient tirées ». Parmi les blessés figurent des polytraumatisés, qui ont sauté par les fenêtres du bâtiment, des brûlés et des personnes intoxiquées par les fumées. Ils ont été installés dans un poste médical avancé, aménagé à l’intérieur des Galeries Lafayette. Ils ont ensuite été évacués vers les hôpitaux de la capitale. Une zone mortuaire a été installée aux Galeries Lafayette.

Source : AFP