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Pascal Lamy, « moine-soldat » de la construction européenne

vendredi 13 mai 2005, par Hassiba

Pascal Lamy, 58 ans, « moine-soldat » de la construction européenne pendant deux décennies, espère accéder à la tête de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Pascal Lamy, partisan de la mondialisation maîtrisée.

Pur produit de la haute fonction publique française, ce socialiste proche de Jacques Delors compte pour cela faire la synthèse entre les pays développés et ceux en développement, dont l’influence est grandissante au sein de l’institution basée à Genève. Depuis un mois, ce partisan déclaré d’une mondialisation « maîtrisée » se voit en favori de la course à la direction générale de l’Organisation. « Sur tous les critères et notamment sur les critères de diversité Nord-Sud, je suis nettement en tête », déclarait-il le 19 avril à Paris.

Son adversaire, l’Uruguayen Carlos Perez del Castillo, fait valoir que la direction de l’OMC doit rester dans les mains des pays pauvres. En tant que commissaire au Commerce (1999-2004), M. Lamy s’est pourtant battu, y compris contre son propre pays, pour réduire les subventions aux exportations agricoles, revendication forte des pays en développement. Mais il a attendu septembre 2003 et l’échec de la conférence de Cancun (Mexique) pour renoncer à des sujets de négociations rejetés par les PVD, (sujets dits de Singapour, libéralisation accrue des marchés publics ou des investissements).

Malgré les impasses des sommets de Seattle (1999) et de Cancun, M. Lamy n’a cessé de promouvoir le lancement (réussi à Doha en 2001) d’un nouveau cycle de libéralisation des échanges mondiaux, puis son avancée. Et s’il est choisi pour diriger l’OMC, il aura la lourde tâche de conduire ce cycle à son terme, espéré pour 2006, alors qu’il a deux fois qualifié de « médiéval » le fonctionnement de l’institution.

« Brillante machine intellectuelle », ce que lui reconnaissent même ses plus farouches détracteurs, M. Lamy est un travailleur rigoureux, à l’humour froid, adepte d’une fine analyse des rapports de force et qui se dit lui-même « de ceux qui mettent un peu plus de raison que de passion » dans ce qu’ils font.

Chouchou des médias accrédités à Bruxelles, il est en revanche la bête noire des altermondialistes et d’une partie de la gauche française, qui lui reprochent son credo libre-échangiste. Il a encore estimé dans sa profession de foi de candidat à l’OMC le 26 janvier, « l’ouverture des échanges et la réduction des obstacles au commerce a été, reste et restera essentielle pour promouvoir la croissance et le développement ».

Avant de briguer la direction de l’OMC, Pascal Lamy avait caressé d’autres ambitions, peut-être plus politiques : la tête du Fonds monétaire international (FMI) ou encore la succession de Romano Prodi à la présidence de la Commission européenne. Né le 8 avril 1947, élève d’HEC, de Sciences Po et de l’ENA, la pépinière des hauts fontionnaires français, il a été conseiller du ministre de l’Economie Jacques Delors (1981-1983), puis directeur adjoint du cabinet du Premier ministre Pierre Mauroy (1983-1984).

Nommé directeur de cabinet, il suit Jacques Delors, devenu président de la Commission européenne, pendant dix ans. Il a ensuite rejoint de 1994 à 1999 la direction du Crédit Lyonnais, dont il a contribué au redressement.

Source : AFP