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"Pétrole contre nourriture" : Kofi Annan se dit "soulagé"

mercredi 30 mars 2005, par Hassiba

Le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, a fait part de son soulagement, mardi 29 mars, après la publication du deuxième rapport intérimaire de la commission d’investigation sur le scandale "Pétrole contre nourriture".

Il aurait en effet pu quitter son poste en cas de conclusions très négatives du rapport.

"Comme j’ai toujours espéré et cru avec force, l’enquête m’a blanchi de toute faute", a-t-il déclaré dans un communiqué.

Le rapport sur le scandale du programme "Pétrole contre nourriture" des Nations unies a exonéré, mardi, Kofi Annan de toute faute personnelle, tout en lui reprochant de ne pas avoir correctement enquêté sur le risque de conflit d’intérêts concernant son fils.

Prié de dire s’il allait démissionner, l’intéressé a répondu lors d’une conférence de presse : "Il n’en est pas question !" "Après toutes ces accusations angoissantes et infondées formulées à mon encontre, cette exonération par une enquête indépendante est un véritable soulagement, bien sûr."

Concernant son fils, il a déclaré : "J’aime mon fils et j’ai toujours attendu le plus haut niveau d’intégrité de sa part. Je suis très attristé par la preuve du contraire."

FORT SOUTIEN
Au niveau international, M. Annan continue de bénéficier d’un fort soutien. Si le porte-parole de la Maison Blanche, Scott McClellan, a qualifié l’affaire de "très, très grave", ajouitant : "Nous continuons à soutenir [...] M. Annan dans son travail aux Nations unies."

Le Portugal a, quant à lui, immédiatement publié un communiqué signifiant son soutien au secrétaire général de l’ONU.

Alpha Oumar Konaré, le président de la commission de l’Union africaine, a pour sa part déclaré que la "campagne [visant à] salir le nom de l’un des plus grands fils de l’Afrique devait immédiatement s’arrêter".

"L’Union africaine considère comme une question de principe que le secrétaire général de l’ONU ne soit pas poursuivi pour ce qu’a pu faire ou n’a pas pu faire son fils", a-t-il ajouté.

LIENS DISSIMULÉS
La commission d’enquête sur le scandale "Pétrole contre nourriture" a mis en cause, mardi, Kojo Annan, le fils du secrétaire général de l’ONU, estimant qu’il avait tenté de dissimuler ses relations avec une société travaillant pour le programme en Irak.

Le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, est montré du doigt pour n’avoir pas pris suffisamment de précautions afin de s’assurer qu’il n’existait pas de conflit d’intérêt dans les activités de son fils Kojo avec le programme en Irak, selon la commission d’enquête. Mais elle exonère Kofi Annan d’éventuelles accusations de trafic d’influence.

"Des questions importantes" restent posées sur l’intégrité du fils de Kofi Annan dans le cadre du programme "Pétrole contre nourriture", dit le rapport de la commission indépendante, présidée par l’ex-chef de la Réserve fédérale américaine, Paul Volcker.

Selon le texte, Kojo Annan "a activement participé aux efforts de la Cotecna" pour cacher ses liens avec cette entreprise, une société suisse sous contrat avec l’ONU et chargée d’inspecter les importations de marchandises en Irak.

"Il a aussi intentionnellement trompé le secrétaire général [Kofi Annan] sur ces liens financiers", ajoute-t-il. "Des questions importantes restent posées sur les actions de Kojo Annan au cours de l’automne 1998 et sur l’intégrité de ses affaires" dans le cadre de "Pétrole contre nourriture", estime la commission, qui dit poursuivre son enquête sur ce point.

CONTRAT EN IRAK
Kojo Annan, aujourd’hui âgé de 31 ans, a été stagiaire chez Cotecna de 1995 à la fin de 1998 - environ un mois avant que la société obtienne un contrat de 10 millions de dollars de l’ONU pour l’inspection de marchandises en Irak. Mais il n’a pas révélé immédiatement qu’il avait continué à recevoir 2 500 dollars par mois de 1999 à février 2004 pour ne pas travailler pour le compte d’un concurrent de Cotecna en Afrique de l’Ouest.

Il est "improbable" que le contrat avec la Cotecna, société qui employait Kojo Annan et chargée par l’ONU d’inspecter les importations en Irak, eût été renouvelé si Kofi Annan avait mené une enquête approfondie, ajoute le rapport.

La commission indépendante, présidée par l’Américain Paul Volcker, ajoute cependant ne pas avoir d’éléments montrant que Kofi Annan ait exercé une quelconque "influence" sur l’attribution du contrat.

"Aucun élément ne montre que le choix de la Cotecna en 1998 ait été le sujet d’une influence active ou inappropriée de la part du secrétaire général dans le processus de sélection, dit le texte. La Commission conclut que la Cotecna a obtenu ce contrat en 1998 parce qu’elle était l’offrant le meilleur marché."

Avec AFP, Reuters, lemonde.fr