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Poésie kabyle : Les poétesses de l’espoir

mardi 4 mai 2004, par nassim

Ces trois lyres amazighes s’appellent Mekioussa Akimine, dite Sonia, Lynda Khoudache et Mme Kamel. Nous les avons rencontrées toutes les trois au centre d’information et d’animation de la jeunesse, à l’occasion de la rencontre nationale du livre et du multimédia amazigh.

Deux d’entre elles ont déjà trouvé un éditeur, la 3e, en l’occurrence Mme Kamel est à la recherche de fonds pour éditer.

Pour Sonia, l’écriture est un refuge contre la dureté de la vie et un moyen de lutte contre une société dominée par l’homme, même si ce moyen reste dérisoire dans un pays où la liberté d’expression reste confisquée. Son roman, La balance de la vie, qui a pour cadre Béni Douala dont l’auteur est natif, décrit la vie de famille que la misère soude pour mieux résister au malheur.

Sonia, qui a publié également un recueil de poèmes à compte d’auteur en tamazight, a eu la chance de croiser le chemin d’un Abrous Outoudert et d’un Omar Mouhbi qui lui ont apporté le concours de leur savoir, de leur expérience et leur assistance matérielle.

Le roman qui s’est vendu à 600 exemplaires, nous assure son auteur, a donné à celui-ci le goût de récidiver en envisageant de publier prochainement deux autres : La reine de Djurdjura et Les mendiants du bonheur.

Pour Mme Kamel que la vie n’a guère ménagée, pourtant, l’écriture est un moyen de se ressourcer afin de faire face aux problèmes quotidiens. Dès l’âge de 13 ans, cette jeune femme abandonnée avec un fils handicapé, n’a cessé de recourir à l’écriture pour puiser la force nécessaire au combat qu’elle mène pour elle et pour les autres. « Moi, c’est la poésie qui est venue vers moi. » affirme Lynda. « Je chante dans mes poèmes l’amour, la fraternité et la simplicité. Ce sont là trois choses que l’on m’a enseignées », confessera-t-elle. Lynda qui est aussi photographe a participé à l’Année de l’Algérie en France avec un libre collectif intitulé : Comme un fait maudit.

Ecrivant en français et tamazigh, Lynda éprouve des difficultés pour trouver un éditeur, comme Mme Kamel. Son recueil de poèmes publié à compte d’auteur se vend passablement.Mais Lynda a bon espoir que les choses s’arrangent, car la nature foisonne chez elle. N’est-ce pas l’essentiel ? Cet essentiel, elle le résume ainsi : « ... tout artiste caressant avec son cœur blanc l’âme fertile de l’art... » Si Lynda ne trouva rien à dire au sujet de la figure emblématique qu’est devenu Massinissa, étant originaire des Ouacifs, Mme Kamel de Tizi Hilal, et Sonia de Tagmount Azzouz ne tarissent pas à son propos. « J’habite le même bloc que sa famille, moi au 4e et sa famille au 3e », témoigne-t-elle. Elle décrit le jeune lycéen comme un adolescent taciturne, se tenant à l’écart de tous, toujours lisant ou rêvant. « La dernière fois que je l’ai vu, il se préparait à aller au lycée. Nous nous sommes dit bonjour puis je me suis rendu à l’hôpital, pour voir mon fils malade, et c’est là que j’ai appris sa mort. »

L’ombre de Massinissa
Sonia nous brosse un portrait différent de l’adolescent assassiné par un gendarme. Elle était au même lycée que lui. Il était, selon elle, plein de gentillesse et toujours souriant. Il caressait le projet de devenir médecin. « C’est en hommage à Guermah que j’ai quitté mes études. J’étais en terminale moi aussi, mais moi, je n’avais aucune ambition. » Depuis ce drame, Sonia a été présente à toutes les manifestations (sauf celle d’Alger où était sa grande sœur). On comprend que ce jeune écrivain ait embrassé si jeune la carrière littéraire, elle qui définit l’écriture comme un refuge contre la violence et la mort, conte l’injustice et la barbarie.

source : El Watan