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Révolution pétrolière en Mauritanie

mardi 3 mai 2005, par nassim

Du sable, du poisson mais désormais aussi du pétrole... Alors qu’elle figure depuis longtemps dans la liste peu enviable des pays les plus pauvres de la planète, la Mauritanie va, dès l’année prochaine, faire son entrée dans le club très fermé des producteurs d’or noir.

En effet, c’est début 2006 que

Retour des pêcheurs, Mauritanie.

devraient être extraits les premiers barils du gisement offshore de Chinguetti (50 kilomètres à l’ouest de Nouakchott). Certes, avec 75.000 barils par jour (b/j), on est loin des pompages quotidiens saoudien, libyen ou même algérien. Mais, de l’avis de nombre d’experts, ce ne sera qu’un commencement puisque la production du gisement de Chinguetti devrait atteindre les 250.000 b/j en 2007 pour des réserves évaluées à 300 millions de barils. A cela, il faut ajouter les 400.000 b/j supplémentaires que la Mauritanie espère pouvoir extraire, dès 2009, de trois autres champs, Tiof, Tevet et Merou. A court terme, la Mauritanie va ainsi pouvoir compter sur une manne pétrolière annuelle qui dépassera le milliard et demi de dollars.

Un montant suffisamment important pour justifier la création, fin mars dernier, d’un ministère du Pétrole indépendant de celui des Mines. On comprend aussi pourquoi le gouvernement mauritanien a décidé d’augmenter de 386% le salaire minimum. Une mesure qui tranche avec l’austérité que s’est imposée Nouakchott depuis plus d’une décennie au nom d’une politique de réformes économiques louée par les institutions financières internationales.

On peut tirer plusieurs enseignements de ce bouleversement que va connaître notre voisin. Le premier concerne d’abord le processus qui a abouti à la découverte du gisement de Chinguetti. Dans les années 1980, des pays comme la Mauritanie, le Mali ou le Tchad ont été prospectés par les grandes compagnies pétrolières occidentales. Trop pressées de découvrir un nouveau Hassi Messaoud, ces dernières ont vite plié bagage faute de résultats probants. Ce n’est que parce que des « juniors » australiens inconnus du grand public ont repris la prospection au début des années 2000 que de l’or noir mauritanien va donc pouvoir être enfin exploité.

Pour un investissement de 630 millions de dollars, consenti en presque totalité par ces compagnies dont le chef de file est Woodside Petroleum, la Mauritanie bénéficie d’un potentiel exploitable d’un milliard de barils de pétrole et de 30 milliards de mètres cubes de gaz naturel. Et ces chiffres ne tiennent pas compte des résultats de la prospection que Total va entamer dans le bassin de Taoudeni, dans l’est du pays. Conclusion, dans le monde de la prospection pétrolière, manque de notoriété ne signifie pas toujours manque d’efficacité.

L’autre grand enseignement concerne la nature géologique de l’Afrique sahélienne. Max de Vietri est le géologue australien qui a parié - à raison - sur le potentiel pétrolier mauritanien. Intervenant aussi au Mali, ce personnage haut en couleur, qui se présente comme un « prospecteur-découvreur », est persuadé que des gisements importants de pétrole restent à découvrir dans ces territoires aussi vastes que le Sahara. Ceci explique d’ailleurs pourquoi les sociétés chinoises sont présentes elles aussi dans le Sahel...

Et dans l’affaire, le Maroc est pour le moment le seul pays de la région à faire grise mine. Après la fausse alerte du gisement de Talsint en 2000, le Royaume vient néanmoins de créer un fonds spécial pour financer la prospection pétrolière, en espérant que la bonne fortune mauritanienne convaincra les sociétés exploratrices étrangères de ne pas désespérer de son sous-sol.

Par Akram Belkaïd, quotidien-oran.com