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Tunisie : Mohamed Abou condamné

vendredi 29 avril 2005, par nassim

Mohamed Abou écope de trois ans et demi de prison ferme pour deux affaires : l’une concernant une agression, l’autre pour des articles publiés jugés de nature à troubler l’ordre public en Tunisie.

L’avocat tunisien

Mohamed Abou condamné en Tunisie.

Mohamed Abou a été condamné vendredi 29 avril à trois ans et demi de prison ferme dans les deux affaires pour lesquelles il a été jugé jeudi par le tribunal de première instance de Tunis (Tunisie), a-t-on appris auprès de ses avocats. Le verdict est tombé peu après minuit, à l’issue d’une séance marathon marquée par de nombreuses altercations entre le président de la cour, Mehrez Hammani, et les avocats de la défense. Incarcéré depuis le 5 mars dernier, Me Abou a écopé de deux ans de prison dans l’affaire relative à l"’agression" d’une de ses consœurs qui a déposé plainte à son encontre pour des "violences subies", et un an et demi de prison dans la deuxième affaire intentée contre l’avocat dissident pour "publication d’écrits de nature à troubler l’ordre public" et "outrage à l’institution judiciaire".

Ces chefs d’accusation ont été retenus à la suite de la publication de deux articles sur Internet, le premier comportant une critique virulente du pouvoir pour son invitation adressée au premier ministre israélien Ariel Sharon pour le Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI), prévu en novembre prochain à Tunis.
Le deuxième article pour sa part comparait les prisons tunisiennes à celle d’Abou Ghraïb en Irak, où des soldats américains ont torturé et humilié des prisonniers irakiens.

"En queue de poisson"

"Nous ne sommes pas étonnés. Le verdict était prévisible dans un procès où les droits de la défense étaient bafoués", a déclaré Me Radhia Nasraoui qui a mis en cause la crédibilité de l’expertise médicale relative à l"’agression".

Selon plusieurs avocats de la défense, le procès s’est achevé "en queue de poisson", tard dans la nuit de jeudi, sans que les avocats inscrits aient pu terminer leur plaidoirie.

Après l’intervention de neuf avocats qui ont dénoncé notamment les irrégularités qui, selon eux, ont jalonné la procédure judiciaire, le juge a estimé que les avocats n’avaient plus rien à dire et levé la séance sous les protestations de la défense, a témoigné un avocat.
Le procès s’est déroulé en présence de nombreux observateurs d’ONG tunisiennes et étrangères et de diplomates occidentaux.

Source : AP