Accueil > ECONOMIE > Afrique : une croissance meilleure mais insuffisante

Afrique : une croissance meilleure mais insuffisante

vendredi 15 avril 2005, par Stanislas

La croissance de ces dernières années dans l’Afrique subsaharienne laisse espérer « une période d’expansion économique forte et durable », mais elle reste insuffisante pour remplir d’ici 2015 les objectifs de réduction de la pauvreté visés par l’ONU, estime le FMI.

« La performance économique de ces dernières années laisse à nouveau espérer, avec un certain optimisme, que l’Afrique subsaharienne est entrée dans une période d’expansion économique forte et durable », selon le rapport semi-annuel du Fonds monétaire international, publié hier.

Mais les experts du Fonds soulignent dans la foulée « qu’en dépit de ces développements encourageants, la croissance des revenus par habitant dans la plupart des pays d’Afrique subsaharienne devrait selon toute vraisemblance rester insuffisante pour atteindre les objectifs de développement du millénaire ».

Ces objectifs, adoptés par 189 pays membres de l’ONU en 2000, visent à réduire la pauvreté de moitié mais aussi à améliorer la santé et l’éducation par exemple. Pour arriver à réduire de 50 % le nombre de pauvres, l’Afrique subsaharienne devrait croître de 7 % par an pendant 10 ans, soulignait mardi un rapport conjoint du FMI et de la Banque mondiale.

Une tâche quasiment impossible. La croissance du produit intérieur brut de cette région devrait atteindre 5,2 % cette année et 5,6 % l’année prochaine. En 2004, elle a connu une croissance de 4,2 %, la plus forte en une décennie.

Cette accélération est due à toute une série de facteurs, comme la bonne tenue de l’économie mondiale, la forte hausse des prix du pétrole et d’autres matières premières, qui profitent aux pays producteurs. Le FMI souligne aussi que les progrès, en termes de politiques macroéconomiques et de réformes structurelles, ou encore la fin de longs conflits armés ont également contribué à doper la croissance.

Mais pour vraiment décoller durablement, le continent va devoir approfondir ses programmes de réforme, faciliter l’investissement privé et améliorer les méthodes de gouvernement. Les revenus tirés du pétrole et des autres matières premières doivent également être mieux gérés.

De plus, les terribles ravages du SIDA doivent être contenus par « des stratégies efficaces ». De toute manière, la région ne peut y arriver seule, selon le Fonds. « La communauté internationale doit soutenir ces efforts de réforme avec plus d’aide, un allégement de la dette et un accès aux marchés plus facile », soulignent les experts.

Proche-Orient : bonnes perspectives portées par la flambée des prix du pétrole La région du Proche-Orient a beaucoup bénéficié, directement ou indirectement, des retombées économiques de la flambée du pétrole et devrait demeurer sur une tendance favorable, selon les perspectives économiques de printemps du FMI.

La région devrait voir son Produit intérieur brut progresser de 5 % cette année et de 4,9 % l’an prochain après 5,5 % l’an dernier, selon ce rapport publié hier. Ces prévisions pourraient d’ailleurs s’avérer trop pessimistes si les cours du brut demeurent à des niveaux élevés, souligne le FMI.

Des risques géopolitiques demeurent toutefois et pourraient affecter la croissance, prévient le FMI. A l’inverse, la dépréciation du dollar ne devrait pas être trop durement ressentie par les pays de la région dans la mesure où beaucoup d’entre eux ont lié leur monnaie au billet vert, ce qui les préserve des risques de change.

La perspective de cours du pétrole, demeurant élevée à moyen terme, devrait encourager les pays producteurs à conduire les réformes nécessaires pour garantir la croissance à moyen terme et promouvoir l’emploi, estime le FMI. Le Fonds observe, par ailleurs, que le comportement des pays du Proche-Orient peut influencer l’économie mondiale du fait des importants flux financiers qu’ils peuvent générer : pour l’heure, le FMI juge cependant « difficile de savoir où sont dirigés les investissements ».

Cette influence est cependant relativement plus faible aujourd’hui qu’au cours des précédentes périodes de hausse des cours de l’énergie, note le rapport. Parmi les principales économies de la région, l’Iran, gros exportateur de pétrole, devrait bénéficier d’une croissance de 6 % en 2005-2006.

L’Irak poursuit ses progrès vers un retour à la stabilité économique, même si ces progrès sont plus lents qu’envisagé initialement, et en dépit d’une poussée de l’inflation depuis quelques mois. Le FMI salue la décision du Club de Paris d’effacer une grande partie de la dette de l’Irak, et appelle à un resserrement de la politique monétaire.

Quant à l’Arabie saoudite, elle devrait enregistrer cette année un ralentissement dans son activité pétrolière, mais le reste de l’économie restera robuste. La croissance du PIB est attendue à 4,1 % après 5,3 % en 2004. L’économie mondiale sera ralentie en 2005 L’économie mondiale, toujours portée par la consommation des ménages américains et la croissance en Chine, devrait ralentir en 2005 à l’ombre de la menace de nouveaux prix record du pétrole et demeurer mal répartie, a averti le FMI.

La zone euro et le Japon resteront inscrits aux abonnés absents de la reprise et l’Afrique, malgré des efforts notoires, ne parviendra encore pas à sortir de la pauvreté. Le rapport du FMI table sur une croissance de 4,3 % pour cette année (contre 5,1 % en 2004) et une très légère amélioration en 2006 à 4,4 %.

« L’expansion mondiale devient de plus en plus déséquilibrée. La croissance mondiale reste excessivement dépendante des Etats-Unis et de la Chine, la croissance dans la zone euro et au Japon - comptant ensemble pour un quart de la production mondiale - a une nouvelle fois été décevante ».

« Si cela devait perdurer, cela aggraverait les déséquilibres mondiaux et augmenterait les risques de ralentissement plus forts en particulier si la croissance américaine et chinoise venaient à faiblir simultanément », a averti le FMI.

Les déséquilibres se sont accentués l’an dernier, avec une croissance plus forte que prévu aux Etats-Unis, favorisée par une formidable demande intérieure, un ralentissement de l’activité dans la zone euro et une stagnation au Japon avec de faibles signes de relance pour 2005.

Dans les pays émergents, les performances de la Chine et de l’Inde restent particulièrement solides et en Amérique latine les résultats ont dépassé les attentes.

Par R. E., jeune-independant.com