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Algérie-Allemagne : Berlin refuse de convertir la dette algérienne

mardi 1er juin 2004, par Hassiba

« L’Algérie est riche et n’a rien d’un pays du tiers-monde », a affirmé, hier, l’ambassadeur de la république fédérale allemande, pour justifier son refus d’une éventuelle conversion de la dette algérienne en investissements allemands.

Son affirmation sur les importantes ressources que possède l’Algérie lui fait dire que le gouvernement allemand refuse de convertir cette dette « parce que les critères fixés par le gouvernement allemand ne s’appliquent pas à l’Algérie ». Mais, dit-il, « si l’Etat algérien veut avancer ses paiements pour la payer par anticipation, le gouvernement allemand est d’accord ». L’ambassadeur précise à ce sujet que l’Allemagne n’est pas opposée à ce que l’Algérie conclue des accords bilatéraux pour la conversion de sa dette, avec le club de Paris dont elle est membre.

Dr. Wolf Kischlat répondait hier aux questions des journalistes qu’il avait conviés à une conférence de presse dont le thème principal portait sur la participation allemande à la foire internationale d’Alger. L’ambassadeur indique que pour cette 37ème édition, « la participation de l’économie allemande est très importante à raison de 61 entreprises ». Le chargé par le gouvernement allemand de la participation allemande à la FIA, présent à la conférence d’hier, précise que « par ce niveau de participation, l’Allemagne est classée à la 4ème place et occupe 2.500 m2 de superficie ». Il considère que cette participation est plus importante de 25% que celle de l’année dernière.

Les entrepreneurs allemands participent pour la cinquième fois à la FIA après dix ans d’absence. Ils exposeront des matériels de construction, de bâtiments, de routes, des matériels de protection de l’environnement, de l’eau, de l’électronique et autres secteurs chimie et construction automobile. La présence des entreprises allemandes à la FIA est qualifiée d’officielle par l’ambassadeur qui souligne que « la participation des entrepreneurs allemands à la FIA a une importance politique et est soutenue financièrement par le gouvernement allemand ». Autre signe d’intéressement politique, l’arrivée à Alger, le 6 juin prochain, du vice-ministre de l’Economie d’un des landers allemands. « L’amélioration des relations économiques entre l’Algérie et l’Allemagne est une priorité pour l’ambassade parce que je constate, depuis mon arrivée à Alger en juillet dernier, que l’économie allemande n’exploite pas encore suffisamment les chances qu’offre le marché algérien », a relevé Dr. Wolf Kischlat. L’Algérie, a-t-il dit, « est pour l’Allemagne un partenaire de premier ordre, c’est un pays riche où il y a un besoin énorme de modernisation de l’infrastructure ». L’ambassadeur pense que « l’offre économique allemande correspond parfaitement aux besoins algériens. Il rappelle, si besoin est, que l’infrastructure industrielle clés en main a été livrée en grande partie à l’Algérie par l’Allemagne entre les années 70-80. Mais l’ambassadeur fait savoir que s’il y a hésitation de la part des Allemands à investir le marché algérien, « c’est à cause de l’image de l’Algérie qui reste malheureusement imprégnée de la terreur des années 90 et qu’on doit parfaire ». Il convient que « les préjugés tiennent malheureusement bon mais les Allemands qui participent à la FIA vont faire en sorte que cette image soit rectifiée ». Il avoue, cependant, « qu’il n’y a pas de danger sur le plan sécuritaire et que les Allemands sont conscients que le gouvernement algérien a lancé des réformes importantes, mais il y a une bureaucratie qui décourage les investisseurs ». Et comme, d’après lui, « le gouvernement algérien a reconnu que c’est un lourd héritage de l’économie dirigée dont il faudra se débarrasser, je reste très optimiste sur l’évolution des relations économiques entre les deux pays ». Il ne nie pas que des projets pourraient capoter « parce que l’Allemagne continue de se tourner vers l’Est, notamment après l’élargissement de l’UE, et aussi vers le grand marché chinois, mais nous tenons absolument à investir le marché algérien ».

Le risque Algérie, tel qu’évalué par l’organisme allemand Hermes, n’est pas jugé « très grand ». Hermes classe l’Algérie à l’échelle 4 qui en compte 7. Pour l’ambassadeur, « l’Algérie n’est pas un pays à risque et les entrepreneurs sont prêts à faire garantir leurs projets d’investissements ». Tout en déplorant la prise d’otages des touristes européens dans le sud algérien, Dr. Kischlat estime que l’événement n’a pas eu de conséquences sur le raisonnement de l’organisme assureur ou autres milieux allemands. Il annoncera la participation du ministre algérien de l’Energie et des Mines à la conférence sur les énergies renouvelables dont les travaux s’ouvrent aujourd’hui à Bonn. Il est probable qu’au second semestre de l’année en cours, des représentants des chambres de commerce allemandes viennent en Algérie. Le Forum des hommes d’affaires algéro-allemand se réunira en Allemagne à la même période. « Je travaille jour et nuit pour que des ministres fédéraux viennent en Algérie », dit l’ambassadeur. Interrogé sur une éventuelle relance des contrats gaziers avec l’Algérie, il estime que dès lors qu’il existe des sociétés allemandes qui participent dans la réalisation des projets dans le domaine, « je suis sûr que c’est un signe d’intérêt et une ouverture de perspectives dans ce sens, mais il faut admettre que cela ne relève pas d’une décision politique, mais de celle économique, c’est le marché qui décide ».

Entre 2002 et 2003, l’Allemagne a importé de l’Algérie pour près d’un milliard d’euros et exporté vers l’Algérie entre 800 et 900 millions d’euros, l’équivalent de ses échanges avec la Tunisie et un peu moins de ceux avec le Maroc. Elle est ainsi le 4ème fournisseur de l’Algérie après la France, l’Italie et les Etats-Unis et son 13ème client.

Par Ghania Oukazi, Le Quotidien d’Oran