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Algérie : Il reste des défis majeurs à relever, selon le FMI

vendredi 4 mars 2005, par Stanislas

Le Fond monétaire international réitère une nouvelle fois à l’occasion de la visite officielle, à Alger, de Rodrigo De Rato, directeur général de l’institution financière, son appréciation sur l’évolution et les progrès réalisés par l’Algérie.

« Au cours de la dernière décennie, l’Algérie a progressé dans la transition d’une économie contrôlée par l’Etat vers un système d’économie ouverte, fondée sur le marché. Elle a enregistré des succès remarquables dans le rétablissement de la stabilité macroéconomique, des avancées dans la libéralisation du commerce extérieur et une accélération de la croissance économique. Le FMI vous a soutenu dans ces efforts et je vous félicite des résultats obtenus », a déclaré Rodrigo De Rato, hier, lors d’une conférence de presse organisée à la résidence El-Mithak. Des félicitations de rigueur mitigées cependant par des recommandations insistantes. Il reste, selon le DG du FMI, des « défis majeurs à relever pour accélérer durablement la croissance et abaisser un taux de chômage qui demeure élevé ».

La stabilité politique « accrue » de l’Algérie et la solidité de sa situation financière créent, à cet égard, une « fenêtre d’opportunité » idéale. La situation est, en effet, différente, selon M. De Rato, de la crise traversée à la fin des années 80. « Il y a une situation d’opportunités très importante pour le présent et pour le futur afin de développer une économie plus efficiente, dynamique et qui ne sera pas seulement dépendante du pétrole », a-t-il ajouté. L’un des défis les plus importants est, pour lui, de réduire le taux de chômage. « Il y a eu une importante réduction mais il reste un défi très important ».

Les autorités algériennes et le FMI partagent, selon lui, l’avis que la stabilité macroéconomique est une condition préalable à la croissance, à l’investissement extérieur et à l’essor des échanges. « Il est essentiel, en l’occurrence, que les richesses en hydrocarbures fassent l’objet d’une gestion avisée tenant compte à la fois des besoins d’infrastructures, des dépenses sociales et de l’importance du maintien de la stabilité macroéconomique ». Il n’est pas uniquement question, dans ce cadre, du « solde budgétaire », mais également de « l’efficacité et de la transparence du processus budgétaire ». La loi de finances 2005 est un pas vers cette direction. De même que l’intention du gouvernement de poursuivre une « politique monétaire prudente » qui a permis jusqu’à présent de « maîtriser » l’inflation.

Néanmoins, les politiques macroéconomiques ne sont pas, à elles seules, « suffisantes ». Le directeur général du FMI exhorte, en effet, les autorités algériennes à accélérer le processus de réformes structurelles, particulièrement celle du système financier et bancaire, ainsi que l’intégration de l’Algérie à l’économie internationale. « Si vous voulez avoir une croissance soutenue dans le temps, tous les pays doivent jouer un rôle dans l’économie internationale », a-t-il affirmé. L’accord d’association avec l’UE et le processus d’adhésion à l’OMC vont dans ce sens. « Nous avons bon espoir que les négociations engagées par l’Algérie en vue d’accéder à l’OMC soient couronnées de succès », a-t-il souligné.

Rodrigo De Rato estime aussi que la mise en place d’un système bancaire solide passe notamment par la privatisation des banques publiques. « Il est primordial de renforcer le contrôle bancaire et de privatiser plusieurs banques afin d’accélérer le transfert de savoir-faire et de pratiques bancaires modernes vers ce secteur », a-t-il souligné. Cette privatisation devrait se faire en faisant appel à « des agents de réputation avérée ». Donc, en contrôlant la capacité professionnelle et financière des futurs acquéreurs. Il a, par ailleurs, soutenu que les responsables algériens partageaient ce point de vue. « Nous sommes convaincus qu’un système financier solide contribue à une économie performante et dynamique », a-t-il relevé.

Le directeur général du FMI estime, par ailleurs, que la récente décision du gouvernement de remplacer les prêts bancaires aux entreprises publiques non rentables par des subventions budgétaires explicites, constitue une »étape » vers la solidité de la place financière.

Le FMI considère également que le remboursement anticipé de la dette extérieure décidé par le gouvernement est une « politique sage ». Cette décision est d’autant plus valable que le niveau actuel des réserves de changes le permet. « Cela dépend du gouvernement et de l’opinion des créditeurs ». Concernant le taux actuel du dinar, l’institution financière estime, après analyse, qu’il est « raisonnable ». Le dinar est « compétitif ». Amor Tahari, conseiller principal au FMI, a souligné dans ce sens qu’il n’y a pas de difficulté. « L’essentiel est de s’assurer que le système fonctionne. Il n’y a pas de problème de taux de change actuellement », a-t-il ajouté.

Le FMI propose la tenue d’un séminaire régional sur la facilitation du commerce au Maghreb qui pourrait se tenir en Algérie. La délégation du FMI a eu des entretiens avec les plus hautes autorités, le président, le chef du gouvernement, le ministre des Finances, le gouverneur de la banque d’Algérie et le secrétaire général de l’UGTA.

Par Samar Smati, Le Quotidien d’Oran.