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Benachenhou devant le patronat français

dimanche 19 décembre 2004, par Hassiba

Le stock des investissements français hors hydrocarbures en Algérie a atteint 144 millions d’euros.

Le séminaire tenu à Paris le 14 décembre dernier avec comme principal invité le ministre des Finances, M. Benachenhou et comme auditoire un groupe d’entrepreneurs français, a livré les clés de compréhension des échanges économiques actuelles entre l’Algérie et la France et par extension une grille de lecture de la perception occidentale du marché algérien.

Il en ressort, en premier lieu, que les relations bilatérales au plan politique restent excellentes du fait de la qualité de la relation personnelle entre les deux chefs d’état. Ce qui s’est traduit par le projet de traité d’amitié qui sera conclu l’an prochain entre les deux pays. Les relations économiques se déroulent, donc, dans un cadre politique très fort.En ce sens, la locomotive de l’économie, c’est aujourd’hui le politique.

En second lieu, il transparaît que deux logiques s’affrontent. La première logique, c’est celle du président Bouteflika, qui souhaite des investissements français en Algérie pour des raisons liées à la situation économique du pays : besoins de création d’emplois, d’expertise et de transfert de technologie ainsi que de modernisation de l’outil industriel. En contrepartie, on sent bien que l’Algérie est prête à des concessions de nature commerciale.

La seconde, c’est la logique française, déchiffrable à deux niveaux. Le premier, au plan politique, on comprend bien le message algérien. On essaie de faciliter sa réalisation et de répondre aux desiderata algériens. Par exemple, l’Élysée a favorisé la mise en place de la conversion de dette en investissement, les transferts de savoir-faire au niveau du secteur bancaire. Le deuxième concerne les entreprises françaises. Elles voient l’Algérie comme un marché important, aux débouchés importants. Traduction : une augmentation très importante des exportations françaises vers l’Algérie est enregistrée. La part de marché de la France dans les importations du pays est de 25%, l’Italie 10%. Les états-Unis et l’Allemagne ont une part bien plus faible. En 2005, les exportations françaises vont encore augmenter du fait des grands contrats signés et qui vont entrer en force l’an prochain : livraison d’avions et autres équipements.

La France, 30% du marché algérien en 2005
En revanche, les entreprises françaises restent très frileuses en matière d’investissements directs en Algérie. Elles investissent hors hydrocarbures 20 millions d’euros par an. Le stock d’investissement à fin 2002 atteint 144 millions d’euros.

On enregistre 180 implantations qui emploient 6 000 salariés en Algérie. Michelin, Danone, celles de Sanofi Synthélabo, Bnp Paribas, Société Générale Natexis sont citées. Pourquoi les investissements français en Algérie ne sont pas nombreux ? Première raison : la concurrence à l’échelle de la planète pour drainer les investissements directs étrangers. Il y a une multitude de choix possibles pour les délocalisations. Le choix ne s’effectue pas sur la base du code des investissements et des avantages fiscaux et douaniers. Tous les pays du monde ont quasiment le même code des investissements et des avantages fiscaux similaires. Ce qui fait la différence, c’est la pratique des affaires au quotidien.

Or, on remarque une série de contraintes à l’investissement en Algérie. Pour le foncier, les entreprises étrangères rencontrent les mêmes problèmes insurmontables que les entreprises algériennes. La bureaucratie administrative reste encore un frein important. L’archaïsme et le sous-développement du secteur bancaire sont cités. Les infrastructures demeurent défectueuses, constate-t-on. Du reste, le gouvernement algérien reconnaît qu’il fait face à un vrai problème de formation, d’expertise, en un mot de ressources humaines. Les investisseurs ont donc d’autres alternatives : l’Europe de l’Est, les autres pays du Maghreb, l’Asie dont notamment la Chine.

En conclusion, le président Chirac n’a de pouvoir réel sur les entreprises françaises. Il ne peut les contraindre à investir en Algérie. Quant au côté algérien, si pour investir, c’est le parcours du combattant pour les entrepreneurs locaux, comment voulez-vous que les investisseurs étrangers prennent le risque d’investir en Algérie ? Morale de la rencontre de Paris : la balle est dans le camp des Algériens. Il s’agit pour l’état d’améliorer rapidement le climat d’investissement dans le pays. Si au Maroc, en particulier, le terrain est attribué en 24 heures aux investisseurs étrangers, l’Algérie doit faire valoir de meilleurs atouts.

Par N. Ryad , Liberté