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Bruxelles lance une enquête sur l’envolée des importations de textiles chinois

dimanche 24 avril 2005, par Stanislas

La Commission européenne a franchi, dimanche 24 avril, le premier pas vers d’éventuelles mesures de sauvegarde contre l’envolée des importations de textiles chinois, tout en insistant sur la nécessité de préserver les relations florissantes entre l’UE et la Chine.

Le commissaire européen pour le commerce, Peter Mandelson, a annoncé l’ouverture d’enquêtes sur neuf produits textiles ou d’habillement chinois, en raison des"hausses assez spectaculaires" des importations de Chine depuis la disparition, le 1er janvier 2005, des derniers quotas encadrant les échanges internationaux dans le secteur. "Dans plusieurs catégories de produits textiles et d’habillement, les importations suscitent une grave préoccupation", a déclaré M. Mandelson devant la presse : elles ont augmenté de 534 % concerant les pull-overs, avec une chute du prix unitaire de 47 %, par rapport aux mêmes mois de 2004.

PAS DE "GUERRE COMMERCIALE"

"Bien entendu, les exportations chinoises doivent pouvoir progresser à une vitesse normale après la fin des quotas. Mais nous devons aussi protéger l’industrie européenne si elle est confrontée à une poussée ruineuse d’une ampleur sans précédent", a argumenté le commissaire, évoquant "sa responsabilité à l’égard de l’industrie européenne", mais aussi vis-à-vis de pays "vulnérables", dont les ventes en Europe peuvent être balayées par la concurrence chinoise.

Toutefois, "si certains intérêts en Europe cherchent une guerre commerciale avec la Chine, ils ont frappé à la mauvaise porte", a-t-il ajouté, "nous voulons être certains que ce que nous ferons dans cette affaire n’affectera pas le développement de nos relations florissantes avec la Chine". C’est pourquoi, en dépit de l’"anxiété" manifestée par certains Etats membres, qui ont toutefois refusé de demander eux-mêmes des mesures de sauvegarde, la Commission a décidé d’agir sur la base des faits et en privilégiant dès l’origine le dialogue avec Pékin.

Pendant la période de consultations informelles de 60 jours qui s’ouvre, M. Mandelson "prie instamment la Chine de reconsidérer d’un oeil nouveau les mesures qu’elle a déjà mises en place et de se demander si elle ne peut pas faire davantage" afin d’auto-limiter ses exportations. Il a souhaité des mesures "efficaces, transparentes, appropriées et proportionnelles".

POSSIBLES MESURES DE SAUVEGARDE

Si Pékin faisait la sourde oreille, une période de consultations formelles s’ouvrirait dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Comme la Chine, lors de son adhésion la Chine à l’OMC, a accepté la mise en place de mesures de sauvegarde par les autres membres si ses exportations occasionnaient de "sérieuses perturbations du marché", le textile européen pourrait en fait bénéficier, dès la fin juin, de limitations à l’arrivée de textiles chinois : Pékin ne pourrait ainsi pas augmenter ses exportations vers l’Europe de plus de 7,5% par rapport au volume exporté sur douze mois, de mai 2004 à avril 2005.M. Mandelson a insisté sur ce point pour répondre à ceux des Etats membres qui accusent Bruxelles d’avoir agi "trop peu et trop tard".

Quant à une "mesure d’urgence" permettant d’aller plus vite, évoquée en coulisse par les Français et les Italiens sous la pression de leurs industriels, M. Mandelson attend une demande des ministres européens du commerce, qu’il devait rencontrer dimanche soir à Luxembourg.Pour le moment, "ils n’ont demandé aucune action", a-t-il dit, soulignant que la Commission agissait de sa propre initiative. "Nous nous réservons la possibilité d’user de cette mesure d’urgence dans des circonstances extrêmes", a-t-il ajouté.

Réaffirmant son attachement à la libéralisation des échanges, M. Mandelson a averti les industriels européens que toute protection serait "temporaire et transitoire". "Nous leur accordons un sursis pour s’adapter à la vie d’après les quotas", a dit le commissaire. L’accord de 1995 sur la fin des quotas comprenait déjà une période de grâce de dix ans. De son côté, l’organisation professionnelle européenne EURATEX estime que la main d’oeuvre meilleur marché, les subventions publiques et les infractions à la propriété intellectuelle rendent la confrontation avec la Chine perdue d’avance, et elle craint la perte d’un million d’emplois en Europe rien qu’en 2005.

Source : lemonde.fr