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Bush perd un nouvel atout dans sa guerre contre le « mal »

vendredi 18 juin 2004, par nassim

Nouveau coup dur pour George W. Bush : la commission d’enquête sur le 11 septembre, formée de dix personnalités démocrates et républicaines, estime qu’il n’y a « pas de preuve crédible que l’Irak et Al-Qaeda aient coopéré pour attaquer les Etats-Unis ».

Certes, lit-on dans un rapport préliminaire, « Oussama ben Laden a exploré la coopération possible avec l’Irak lorsqu’il était au Soudan, malgré son opposition pour le régime laïc de Saddam Hussein ». Mais à l’époque, Ben Laden soutenait en fait les islamistes opposés à Saddam dans le Kurdistan. Il avait accepté de nouer contact avec Bagdad pour satisfaire une demande du pays qui l’accueillait, le Soudan, qui cherchait à protéger ses liens avec l’Irak. Un responsable du renseignement irakien aurait rendu trois fois visite à Ben Laden au Soudan, en 1994. Ben Laden aurait demandé des terrains pour ses camps d’entraînement et des armes, mais l’Irak n’aurait jamais répondu.

Soutien officiel.

« Si des contacts ont également eu lieu entre l’Irak et Al-Qaeda après le retour de Ben Laden en Afghanistan, ils n’ont apparemment pas débouché sur une collaboration », estime le rapport. La commission estime qu’aucun gouvernement ­ y compris l’Arabie Saoudite ­ n’a soutenu financièrement les attentats du 11 septembre. Le seul soutien officiel a été celui de l’Afghanistan, qui offrait l’asile à Ben Laden. Le rapport épingle au passage le Pakistan : « La capacité des talibans à fournir un abri à Ben Laden face à la pression internationale et aux sanctions des Nations unies a été considérablement facilitée par le soutien du Pakistan. »

L’administration américaine continue pourtant de soutenir mordicus la thèse du lien Al-Qaeda-Irak. A défaut d’avoir trouvé des armes de destruction massive, c’est le seul argument restant pour justifier sa guerre. Lundi, le vice-président Dick Cheney a de nouveau parlé des « liens établis de longue date » entre Saddam Hussein et Al-Qaeda... Mardi, un journaliste a demandé au président Bush quel était la « meilleure preuve » d’un tel lien. Réponse de ce dernier : « [Abou Moussad] Zarqaoui » et « l’échange d’e-mail » entre le terroriste et la direction d’Al-Qaeda, sur la méthode à employer pour compromettre les progrès en Irak. La commission doit rendre son rapport final fin juillet.

Par Pascal RICHE, liberation.fr