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Carlos Ferrer : « Le marché algérien possède de grandes possibilités »

samedi 12 février 2005, par Hassiba

Vicente Fox Quesada, 63 ans, originaire de la ville de Mexico, est un ancien diplômé de Harvard. Il a été président de la Compagnie Coca-Cola pour le Mexique et l’Amérique latine, conseiller de la Chambre de commerce des Etats-Unis au Mexique puis directeur du groupe Fox.

Après avoir rejoint le Parti d’action national (PAN) dans les années 1980, il a été élu gouverneur de l’Etat de Guanajuato en 1995, avant de remporter la présidentielle au sein de l’Alliance pour le changement, en 2000.

Carlos Ferrer, ambassadeur du Mexique en Algérie depuis février 2002, revient sur la visite du Président Fox à Alger.

C’est la première visite, en Algérie, d’un chef d’Etat mexicain depuis 30 ans. Pourquoi si longtemps ?
C’est la première visite officielle, mais les Présidents Fox et Bouteflika se sont déjà rencontrés à trois reprises entre 2002 et 2003, en marge de conférences ou réunions internationales. Ce sera leur première rencontre au plan strictement bilatéral et elle marque une volonté de resserrer les liens entre les deux pays. Vicente Fox sera accompagné des ministres des Affaires étrangères, de l’Energie, de l’Economie et de la Culture. C’est une visite très courte qui comptera, en plus de l’entretien avec Abdelaziz Bouteflika, une rencontre avec le président du Conseil de la nation, celui de l’Assemblée populaire nationale et le chef du gouvernement. Le Président Fox ira également déposer une gerbe de fleurs au sanctuaire du martyr.

Pour le moment, les relations entre l’Algérie et le Mexique sont plus diplomatiques qu’économiques...
Nous avons fêté en octobre dernier les 40 ans de relations diplomatiques entre nos deux pays et nous sommes en train de mettre en place un programme éducatif et culturel pour les trois prochaines années. Sur le plan économique, le Mexique exporte des pois chiches et du blé dur, très prisés par les Algériens, et un accord phytosanitaire devrait être prochainement signé pour faciliter les échanges agricoles. Dans le secteur pharmaceutique, le Mexique fournit des produits destinés aux points de suture. Quant à l’Algérie, elle exporte vers le Mexique du gaz liquéfié.

Cette visite va-t-elle donner une impulsion nouvelle aux échanges économiques ?
Cette visite est en effet importante pour le développement des relations économiques. Des hommes d’affaires mexicains vont signer, par le biais du Conseil mexicain du commerce extérieur, un accord avec la Chambre algérienne de commerce et d’industrie. Même si l’organisation mexicaine n’est pas gouvernementale, nous pensons qu’il est nécessaire de développer les relations entre hommes d’affaires. Le marché algérien possède de grandes possibilités, tout comme le marché mexicain. Pour le moment, il n’y a pas d’entreprises mexicaines installées sur le sol algérien.

L’Algérie et le Mexique sont deux pays producteurs de pétrole, que peuvent-ils apprendre l’un de l’autre en la matière ?
Nous souhaitons développer les liens entre les entreprises pétrolières pour qu’elles échangent leurs expériences et leurs savoir-faire. La Pemex, l’entreprise nationale mexicaine, et Sonatrach ont déjà eu des contacts. La Pemex a participé au premier Forum des entreprises pétrolières nationales, organisé à Alger en avril 2002, et à la première réunion des ministres de l’Energie africains et latino-américains, à Alger, l’année dernière. Cette réunion sera d’ailleurs organisée par le Mexique en 2006.

Quel regard portez-vous sur l’Algérie aujourd’hui ?
Le développement de l’Algérie, ces dernières années, est significatif. La pacification est en cours. Il y a eu de grands progrès au niveau électoral et la présidentielle du mois d’avril 2004 a été un modèle. Lors de mes déplacements, j’ai aussi pu observer la mise en place des infrastructures dans tout le pays : routes, écoles, hôpitaux, services de l’eau, électrification... Enfin, le rôle de la femme est à noter. Plus de la moitié des étudiants inscrits à l’université sont des filles et les femmes sont présentes dans tous les secteurs : éducation, santé, politique... Au dernier congrès du FLN, il y avait 300 déléguées ! En ce qui concerne la sécurité, la situation s’est améliorée de façon significative et la réconciliation nationale est réelle.

Au Mexique, l’élection de Vicente Fox, en 2000, a marqué un tournant...
Cela a été un changement historique. Son élection a mis fin à 71 ans de pouvoir du Parti révolutionnaire institutionnel et la vie démocratique est aujourd’hui une réalité. Il y a d’ailleurs un parallèle entre le changement démocratique au Mexique et celui opéré en Algérie. Dans les deux pays, on trouve une vraie ouverture politique. Vicente Fox s’est engagé sur différentes réformes et nous espérons que, sur les deux ans de mandat qui lui restent, il pourra faire une vraie réforme fiscale.

L’économie mexicaine est dominée par les hydrocarbures et les exportations vers les Etats-Unis. N’est-ce-pas un handicap ?
Le pétrole est le moteur de l’économie mexicaine, mais nous avons d’autres secteurs importants, comme l’industrie, la transformation, les services, l’agriculture, le tourisme et le secteur de l’audiovisuel. Les séries mexicaines sont connues dans le monde entier, et regardées même en Algérie. Quant à nos relations économiques avec les Etats-Unis, elles sont importantes, mais nous échangeons avec beaucoup d’autres pays. Nous avons signé des accords de libre-échange avec le Chili, la Colombie, le Venezuela, l’Union européenne et le Japon.

La question de l’immigration mexicaine aux Etats-Unis reste un sujet sensible...
Il y a un marché pour la main-d’œuvre mexicaine aux Etats-Unis, c’est une réalité. Même le Président américain a admis que ses concitoyens refusaient d’effectuer certains travaux pénibles... Le Mexique souhaite un accord migratoire pour régler le problème. Les Etats-Unis ont offert des visas temporaires pour les travailleurs étrangers, notamment les Mexicains, mais nous pensons qu’il vaut mieux un accord global.

Par Olivia Marsaud, El Watan