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Cevital continuera à investir en Algérie

lundi 21 mars 2005, par nassim

Depuis sa création en 1999, le groupe privé Cevital, a investi plus de 200 millions de dollars US en Algérie.

Cevital a contribué à raison de 7,5 milliards de dinars au budget de l’État durant l’année 2004 sous forme d’impôts et taxes. Mieux, cette entreprise a économisé à l’Algérie plusieurs centaines de millions de dollars US à travers ses exportations ou par ses substitutions à l’importation pendant l’exercice précédent. Rien que pour la commune de Béjaïa, la société a payé plus de 40 milliards de centimes à titre de TAP (taxe sur l’activité professionnelle). Cevital reste un important contribuable.

La bonne santé financière de cette société est confirmée par la confiance dont elle jouit auprès des banques nationales et internationales. “Nous n’avons aucun découvert bancaire, et nos comptes sont certifiés par un cabinet d’audit de renommée internationale, KPMG”, soulignera le P-DG, en l’occurrence, M. Issad Rebrab. Le chiffre d’affaires (CA) que cette société a réalisé en 2004 a dépassé 38 milliards de dinars en hors taxes. Si on ajoute toutes les taxes confondues, le CA atteint 44 milliards de dinars. Au cours d’une visite au complexe agroalimentaire implanté dans la wilaya de Béjaïa, M. Rebrab est revenu longuement sur ces projets et leurs perspectives d’évolution. Ainsi, plus de 15 projets industriels et agricoles seront réalisés durant les trois prochaines années. Cinq parmi cette quinzaine de projets sont en cours de réalisation cette année dans différentes régions du pays pour un investissement global de 18 milliards de dinars.

Depuis sa création en 1999 à ce jour, Cevital a investi quelque 19 milliards de dinars, soit plus de 200 millions de dollars. Dans la foulée, l’année 2005 sera celle de la poursuite de ce gros effort d’investissement. 2 de ces 5 projets seront financés par des banques étrangères en “risque corporate” sans aucune garantie des établissements financiers algériens.
Seules Sonatrach et Sonelgaz ont pu lever de tels financements. En outre, deux autres seront financés sur les fonds propres de l’entreprise. Le cinquième se concrétisera en autofinancement à raison de 75%, et les 25% restants seront assurés par une banque locale. “Nos investissements après amortissement sont couverts à plus de 120% par nos fonds propres”, tient à préciser le patron de Cevital.
Ces projets, faut-il le souligner, entrent en droite ligne du programme économique du président de la République. L’unité de trituration des graines oléagineuses est désormais un projet qui est arrivé à maturité. Cette usine traitera quelque 2,5 millions de tonnes/an, soit une couverture à 100% des besoins nationaux en huiles brutes qui, actuellement, sont importées. Environ 50% de la production seront dégagés pour l’exportation. Cette même unité dégagera également 1,84 million de tonnes de tourteaux, dont 500 000 tonnes pour couvrir les besoins nationaux. Le reste, soit 1,24 million de tonnes, sera destiné à l’exportation.

Le montant, qui sera généré par cette unité annuellement à l’exportation, sera de 130 millions de dollars US pour l’huile brute et de 317,9 millions de dollars US pour les tourteaux, soit un total de 447 millions de dollars US. “Il faut noter que nos agriculteurs ont désappris la culture des graines oléagineuses en l’absence de débouchés. La réalisation de ce type d’unité leur offrira une opportunité exceptionnelle”, avouera M. Rebrab. Les études effectuées par le groupe montrent que les terres cultivées en céréales sont laissées en jachère une année sur deux. Or, l’alternance de cette culture avec les graines oléagineuses permettra, selon lui, l’enrichissement du sol en azote et la rentabilisation des surfaces agricoles. “Il est envisagé un contrat de production de 1 million d’hectares environ avec les agriculteurs. Le prix à la production des graines oléagineuses étant nettement plus rémunérateur que celui des céréales sur le marché mondial, cela favorisera, de ce fait, la création de centaines de milliers de postes d’emploi dans cette filière en amont”, expliquera le premier responsable du groupe Cevital. L’intérêt de ce dernier au domaine de l’agroalimentaire se manifeste à travers la création de l’unité de production d’aliments de bétail dont la capacité est de l’ordre de 750 000 tonnes/an. Cette unité assurera l’approvisionnement des fermes de production laitière et d’engraissement animal d’une capacité de 500 000 tonnes/an. Les 250 000 tonnes restantes seront exportées. À noter que l’essentiel des intrants pour la production d’aliments de bétail tels que les tourteaux, la mêlasse, les acides gras... seront produits localement.

Issad Rebrab : “L’Algérie peut être un grand producteur de lait”

Issad Rebrab estime que l’Algérie peut être un grand producteur de lait et de viandes. Il cite l’Arabie Saoudite qui dispose de moins d’atouts naturels que l’Algérie comme un exemple édifiant. “Nous pouvons, non seulement pouvoir couvrir les besoins nationaux avec une baisse significative des prix, mais dégager aussi un excédent à l’exportation. Pour cela, il suffit de disposer de l’aliment de bétail nécessaire et d’adapter notre outil de production aux exigences de la modernité”, soulignera cet opérateur économique.

Cevital demeure une des entreprises qui détient les atouts nécessaires et remplit toutes les conditions pour de tels projets d’investissement qui visent une meilleure intégration de l’industrie nationale. “Dans notre processus d’industrialisation, nous sommes guidés par le souci d’assurer une véritable synergie entre nos différents compartiments de production pour une réelle intégration de tout le groupe Cevital”, relèvera-t-il. Le P-DG du groupe se réfère aux récentes déclarations du ministre de l’Agriculture qui a incité les opérateurs nationaux à investir dans le domaine de la production laitière, notamment à la suite de la suppression programmée des subventions surtout occidentales en 2006, en accord avec les nouvelles règles de l’OMC.

L’investissement reste le meilleur moyen pour réduire la facture d’importation de lait et dérivés qui dépasse annuellement les 600 millions de dollars US.
Cette facture va à coup sûr s’alourdir suite à cette suppression des subventions. Sur le même registre, Cevital compte lancer, conformément aux lois en vigueur, des fermes de production laitière et d’engraissement animal intégrées de plusieurs milliers de vaches laitières au sud et dans certaines régions du pays.

Ces fermes seront d’un apport considérable pour l’agriculture biologique en fournissant le fumier animal. Le sud du pays constitue l’autre grand challenge du groupe pour les quelques années à venir. Un des projets envisagés est lié à la mise en valeur puis l’exploitation de
10 000 ha de culture d’agrumes (orange et pamplemousse) dans un premier temps. Ce qui dénote l’intérêt que porte l’entreprise au développement des régions déshéritées du pays. C’est ainsi que toute la main-d’œuvre locale sera absorbée en plus des autres avantages qui découleront de l’implantation d’un tel projet qui, du reste, ne peut être que rentable.

Des rentrées en devises sont également prévues une fois que les jus produits seront exportés. Pour étayer son analyse, M. Rebrab cite l’exemple de la Californie qui produit pour 52 milliards de dollars US uniquement en jus d’orange, soit presque deux fois les exportations algériennes en hydrocarbures. Pour garantir l’autosuffisance locale et des débouchés extérieurs en la matière, il est plus qu’impératif, ajoutera le patron de Cevital, que d’autres opérateurs nationaux investissent ces différents créneaux.
Cevital s’attaque, en outre, à un autre domaine et non des moindres. Il s’agit du lancement en 2005 d’un complexe de production de verre plat. La première ligne de production, d’une capacité de 600 tonnes/jour, sera lancée en 2005 et sera mise en production en 2006.

La seconde ligne de 700 tonnes/jour sera lancée en 2006 et sera mise en production en 2007. Ce complexe, qui permettra la création de plus de 3 000 postes d’emploi directs et plus de 50 000 autres indirects, couvrira les besoins nationaux et dégagera plus de 70% de la production à l’exportation. Cevital veut, par ailleurs, apporter sa contribution dans le programme de 1 million de logements décidé par le président de la République d’ici à 2009. “Avec la multiplication des unités de bâtiments préfabriqués industriels, nous pouvons répondre convenablement à la demande et combler rapidement le déficit en la matière au meilleur rapport délai/qualité/prix”, précisera-t-il.

En ce sens, Cevital a lancé la réalisation cette année de trois unités de bâtiments préfabriqués. Une au Centre, une autre à l’Est et une troisième à l’Ouest.

Par Badreddine Khris, liberte-algerie.com