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Corruption : le FMI épingle l’Algérie

lundi 21 février 2005, par Hassiba

Le FMI, cette institution financière internationale, préconise d’opérer une taille dans la Fonction publique en Algérie.

Dans son rapport sur l’économie algérienne publié le 15 février dernier suite aux dernières consultations au titre de l’article IV de ses statuts, dont les conclusions ont été approuvées le 12 janvier dernier par le conseil exécutif du FMI, le Fonds monétaire international estime que les élections présidentielles du 8 avril 2004 vont favoriser l’accélération des réformes structurelles.

Le Fonds monétaire international reconnaît que l’Algérie a progressé dans sa transition vers l’économie de marché. Seulement l’Algérie, selon le FMI qui rappelle l’enquête de la Banque mondiale, se range au-dessous de la moyenne de la région Mena dans les indicateurs de bonne gouvernance. En matière de lutte contre la corruption, de stabilité politique, d’application des lois et règlement de l’efficience du gouvernement, l’Algérie est en recul par rapport à la moyenne de la région Mena. Du coup, le FMI appelle au renforcement de l’administration douanière et à la simplification des procédures pour combattre plus efficacement la corruption et faire face à la contrebande.

Dans le même sens, le FMI recommande une plus grande transparence dans la gestion des recettes pétrolières.
Le FMI “encourage les autorités à réduire la participation directe de l’État dans les secteurs productifs” à travers une privatisation “plus rapide et plus étendue des entreprises publiques”. L’Algérie, souligne le rapport, “traîne derrière la plupart des autres pays Mena dans les réformes économiques”. Le FMI trouve l’exécution des réformes structurelles “lente”.

Le Fonds monétaire international parle d’une gestion étatique de l’économie, d’un environnement institutionnel faible, d’un secteur financier dominé par les banques publiques, “chargées de portefeuilles non performant”, de règlements encombrants. Le secteur des hydrocarbures, selon le FMI, représentait 36% du PIB, 98% des exportations et presque 70% des revenus budgétaires en 2003.

Plan de relance : 12 milliards de dollars pour le logement
Le FMI constate que dans un contexte de volatilité des revenus provenant des hydrocarbures, la dépense publique a brusquement augmenté depuis 2001, alors que les réformes ont stagné. Le fonds fait référence au premier programme de soutien à la croissance qui, il est vrai, a généré l’emploi et une croissance du Produit intérieur brut (PIB). Le rapport du FMI évoque au passage le plan quinquennal de consolidation de croissance de 50 milliards de dollars. Soit, précise-t-il, 60% du PIB. Le plan, de l’avis du FMI, vise à améliorer les services publics (principalement la justice), le développement des ressources humaines, l’établissement des infrastructures, l’augmentation de l’offre de logements. Selon le FMI, les dépenses sont ventilées à hauteur de 25% pour le logement (soit 12 milliards de dollars sur cinq années), 21% pour les services publics, 23% pour les infrastructures, 16% pour les ressources humaines et 15% pour le activités économiques. Afin d’assurer un programme d’investissement public de haute qualité, le FMI recommande que le gouvernement, en coopération avec la Banque mondiale, entreprenne une revue des dépenses publiques.

Fonction publique : le gouvernement prévoit de réduire la masse salariale
Le document du FMI affirme que le gouvernement prévoit de réduire la masse globale des salaires, qui est actuellement à 50% des dépenses courantes, de poursuivre la gestion active de la dette publique (conversion ou remboursement) et de réduire graduellement les subventions des prix administrés sur l’eau, l’électricité et les produits des hydrocarbures. Ce qui veut dire que les prix de l’eau, de l’électricité et des carburants vont augmenter à moyen terme. Le FMI estime que la position fiscale à moyen terme présentée au budget 2005 ramènerait graduellement le déficit primaire hors hydrocarbures à un niveau soutenable. Mais l’ajustement des dépenses envisagé ne sera pas facilement accompli, soutient le FMI.

À la lumière du déclin projeté des prix du pétrole en 2006 et au-delà, cette consolidation fiscale est jugée appropriée. En même temps, il sera important, suggère le FMI, de renforcer le filet social afin d’atténuer les coûts sociaux des réformes structurelles prévues. Pour le FMI, les augmentations des salaires ne devraient pas excéder les augmentations de productivité du secteur hors hydrocarbures.
La masse globale des salaires, suggère le FMI, devrait être contenue par réduction de la taille de la Fonction publique. Le Fonds monétaire international soutient que pour réaliser une croissance plus élevée et créer des emplois plus productifs, “les autorités doivent accélérer la cadence des réformes structurelles et institutionnelles, notamment dans les secteurs bancaires et d’entreprises publiques”. Le FMI reconnaît que ces réformes induiraient “des dépenses additionnelles pour atténuer leurs coûts sociaux”. Un scénario a été conçu par le FMI, nous dit-on, dans le sens d’une accélération des réformes “pour aider à diversifier l’économie algérienne”. Dans ce scénario, la croissance hors hydrocarbures augmenterait jusqu’à 5,5% en 2008 et le chômage chuterait à environ 15% d’ici 2009.

Une privatisation plus rapide et plus large préconisée
Les défis de l’économie algérienne, note le FMI, sont ainsi définis : comment mieux contrôler les ressources d’hydrocarbures, améliorer la croissance et réduire le chômage ? La stabilité politique accrue et la position financière forte de l’Algérie ont créé d’excellentes conditions pour l’application des réformes.
Sur ce point, nous dit le document, le gouvernement et le FMI sont sur la même longueur d’onde. Le FMI souligne qu’“une gestion saine des grandes ressources d’hydrocarbures, une politique macroéconomique prudente ainsi que des réformes structurelles et institutionnelles permettraient à l’Algérie d’accomplir sa transition à une économie de marché et de stimuler l’investissement privé afin de diversifier l’économie et créer des emplois”. Le FMI semble avoir apprécié la disposition de la loi de finances prévoyant la budgétisation des dépenses d’assainissement des entreprises publiques.

Le FMI pense, néanmoins, que ces subventions doivent être provisoires et que les dettes des entreprises doivent être réglées dans le cadre d’un programme de restructuration. Dans la foulée, les experts du FMI “encouragent les autorités à réduire la participation directe de l’État dans les secteurs productifs” à travers une privatisation “plus rapide et plus étendue des entreprises publiques”.
Dans ce cadre, le FMI appelle à une “articulation plus claire de la stratégie de privatisation de l’Algérie” pour, dit-il, fournir des signaux, “non ambigus” pour les investisseurs privés. L’exigence du gouvernement du maintien de l’activité, avertit le FMI, pourrait gêner le processus de privatisation. Dans le même registre, les experts du FMI ont demandé aux autorités algériennes “d’abroger la circulaire Ouyahia, interdisant aux entreprises et administrations publiques de déposer leur argent dans les banques privées nationales ou étrangères”.

Plus de transparence dans les recettes pétrolières
Le FMI suggère au gouvernement de revoir le rôle et les procédures du fonds de régulation des recettes. Il recommande que les revenus des hydrocarbures accumulés dans le Fonds de régulation des recettes (RR), soient employés uniquement pour financer le déficit primaire hors hydrocarbures et pour rembourser la dette publique.
Les experts du FMI, pour des considérations de transparence, suggèrent l’idée de transformer le Fonds de régulation des recettes en compte, qui sera entièrement intégré dans le budget de l’État. Le FMI affirme qu’aussi longtemps les prix du pétrole demeurent hauts, les dépôts de la compagnie d’État des hydrocarbures (Sonatrach) alimenteront la liquidité excessive dans le système bancaire, “constituant, de ce fait, une menace potentielle à la stabilité macroéconomique”.

Par Meziane Rabhi, Liberté