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Faiblesses de l’agriculture algérienne

mercredi 13 octobre 2004, par nassim

Le déficit commercial que notre pays enregistre avec l’UE en matière agricole, expose les faiblesses de l’agriculture algérienne.

La question des échanges agricoles, qui jusque-là avait été en partie laissée de côté dans les accords entre l’Union européenne et les pays partenaires méditerranéens (PPM), est actuellement en voie d’être rouverte entre les deux parties, sur une base de libéralisation réciproque. C’est ce qui ressort de la lettre du forum des chefs d’entreprise qui reprend un “résumé succinct” d’une étude réalisée pour le compte de la commission européenne par le forum euro-méditerranéen des instituts des sciences économiques (FEMISE).

Les conclusions de cette étude intitulée “l’impact de la libéralisation agricole dans le contexte du partenariat euro-méditerranéen”, ont été examinées à l’occasion de la rencontre à mi-parcours des ministres euro-méditerranéens des affaires étrangères, lors de la dernière réunion qu’ils ont tenue à Dublin, les 5 et 6 mai 2004. M. Mouloud Hedir, conseiller auprès du président du forum des chefs d’entreprises, s’est penché sur le cas de notre pays. Selon lui, les ministres euro-méditerranéens ont approuvé l’idée d’un pacte agricole euro-méditerranéen prévoyant une libéralisation réciproque, asymétrie temporelle avec un outil de financement européen en soutien à la modernisation des agricultures des PPM. L’Algérie, de l’avis Mouloud Hedir, “se trouve dans une position décalée mais par certains égards très difficile”.

La situation de l’Algérie présente au moins trois grandes faiblesses. Elle connaît, aujourd’hui déjà (avant même d’avoir libéralisé le régime de ses échanges), le déséquilibre le plus grave de ses échanges agricoles parmi tous les pays partenaires méditerranéens (PPM). Sa négociation à l’OMC va certainement affecter durement son régime commercial agricole, les nouveaux pays candidats n’y bénéficiant pas, à l’instar des membres fondateurs originels, de la possibilité de procéder à une tarification avantageuse de leurs restrictions commerciales en vigueur. Enfin, l’Algérie ne semble pas impliquée très activement dans les réflexions en cours sur cette libéralisation agricole dans le cadre du dialogue Euromed, ses priorités actuelles étant plutôt celles du compromis qu’elle devra trouver en entrant à l’OMC ; en outre, la faiblesse actuelle de ses capacités d’exportation de produits agricoles ne l’incite pas à rechercher un accès renforcé sur le marché européen.

“Une libéralisation agricole telle qu’envisagée dans cette étude reviendrait, dans le cas algérien, à creuser davantage un déficit agricole déjà très grave”, pense le conseiller du forum des chefs d’entreprise. En s’appuyant sur certaines données, Mouloud Hedir relève que les performances algériennes à l’exportation des produits agricoles sont insignifiantes. Que l’Algérie est, de loin, le premier importateur de produits agricoles de l’UE, y compris en comparaison avec des pays démographiquement lourds comme l’Égypte, la Turquie ou le Maroc. Elle réalise, à elle seule, près du quart (24%) des importations agricoles des PPM à partir du marché européen. Le déficit commercial que l’Algérie enregistre avec l’UE, en matière agricole, est de très loin le plus important parmi tous les PPM. “Il apparaît indispensable que cet aspect soit traité par l’Algérie prioritairement dans toute discussion sur la libéralisation future de son marché agricole”, soutient M. Hedir.

Par Meziane Rabhi, Liberté