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France : La Poste vise le crédit immobilier

dimanche 15 mai 2005, par nassim

Depuis l’adoption de la loi de régulation postale qui permet à la Poste de distribuer du crédit immobilier sans conditions sur l’épargne, c’est la panique chez les syndiqués de La Poste et les banquiers, qui, pour des raisons différentes, sont opposés à cette nouvelle loi.

La Poste distribuera du crédit immobilier en France.

Face à ce nouveau concurrent, la FBF (Fédération bancaire française) s’est mise en position de combat. Une posture pas évidente pour les banquiers qui ont déjà dû renoncer à saisir Bruxelles : « pour saisir qui que ce soit, il faut un motif clair », comme l’a constaté Pierre de Lauzun, responsable à la FBF. Et la fédération n’en avait pas trouvé. Mais ce n’est que partie remise. Les banquiers sont remontés à l’attaque en publiant, jeudi, un Livre blanc. Sorte de catalogue de tous les recours possibles ouverts au secteur bancaire pour interdire à La Poste de piétiner ses plates-bandes, en distribuant du crédit. Direction de la concurrence, Commission de Bruxelles, Banque de France, même le nouveau régulateur du secteur, chacun a reçu sa copie. Les banquiers sont à l’affût de la moindre distorsion de concurrence, du moindre euro d’aide publique qui ne serait pas justifié.

L’offensive n’inquiète pas outre mesure Jean-Paul Bailly, le président de La Poste : « La FBF joue son rôle de lobbyiste. » Depuis longtemps, La Poste réclame d’élargir sa palette pour conserver, surtout en zone rurale, ses clients des CCP. Et doper l’activité des bureaux ruraux moribonds.

Les syndicats ne sont pas du même avis. Hier, SUD-PTT a attaqué la Banque postale, dénonçant « une mascarade dont les usagers des services financiers de La Poste seront les grands perdants ». Et le syndicat prédit le pire : « Des patrons de La Poste se comporteront, n’en doutons pas, comme leurs homologues banquiers, à la tête "d’une banque comme les autres", notamment pour ce qui concerne la sélection de la clientèle et la politique tarifaire. » Vendredi, Jean-Paul Bailly, redonnait encore quelques motifs de s’inquiéter aux banquiers : il annonce 9 % de parts de marché dans les dix ans.

Par Catherine MAUSSION, liberation.fr