Accueil > ECONOMIE > Hank Greenberg quitte définitivement AIG

Hank Greenberg quitte définitivement AIG

mercredi 30 mars 2005, par Hassiba

Le scandale comptable qui secoue AIG a pris une nouvelle dimension mardi avec le départ définitif de "Hank" Greenberg, qui a bâti le numéro un mondial de l’assurance, et l’audition de Warren Buffett, le deuxième homme le plus riche du monde.

Contraint à démissionner il y a deux semaines du siège de PDG qu’il occupait depuis près de quarante ans, Maurice Greenberg, 79 ans, va abandonner jeudi le poste de président non-exécutif du conseil d’administration qui lui restait et quitter pour de bon le géant de l’assurance, dont il a été le grand architecte.

Une décision prise sous la pression des administrateurs indépendants du groupe, alors qu’une enquête de la Justice et des autorités boursières américaines revèle jour après jour de nouvelles irrégularités probables au sein du groupe, et plombe son action, dont la valeur a fondu d’un quart en un mois et demi.

Le 14 février, le ministre de la Justice de New York, Eliot Spitzer, célèbre pour avoir "nettoyé" Wall Street avant de s’attaquer au secteur des assurances, et la Commission américaine des opérations de Bourse (SEC) ont annoncé qu’elles ouvraient une enquête sur les activités de réassurance d’AIG.

Les autorités s’intéressaient particulièrement à une transaction avec General Re, filiale de réassurance de Berkshire Hathaway, la holding contrôlée par Warren Buffett. C’est le deuxième homme le plus riche du monde derrière Bill Gates selon le classement 2005 du magazine Fortune (44 milliards de dollars) et il a une réputation d’intégrité totale.

Une opération de 500 millions de dollars réalisée fin 2000 entre les deux groupes aurait permis à AIG d’augmenter artificiellement son bilan en faisant semblant de transférer du risque à General Re, à un moment où l’explosion de la bulle boursière pesait lourdement sur l’action d’AIG.

Cette dévaluation risquait de contrarier un projet jugé essentiel par M. Greenberg, le rachat de la société American General, spécialisée dans l’assurance vie et les rente viagères.

M. Buffett, 74 ans, qui est soupçonné d’avoir pris part personnellement à cette transaction, va devoir s’expliquer le mois prochain devant les autorités. Il a nié mardi dans un communiqué avoir eu connaissance de la nature, de la structure et de tout objectif frauduleux de l’opération financière.

Au cours des dernières semaines, l’enquête sur AIG s’est intensifiée. Les avocats d’AIG ont reconnu que la compagnie avait fourni des informations erronées aux autorités de régulation de l’assurance ces dernières années, selon le Wall Street Journal.

Des erreurs ou manipulations comptables portant sur des dizaines de transactions pourraient forcer AIG à réviser ses comptes pour un montant qui selon les estimations serait d’au moins 1,5 milliard de dollars.

Le gendarme américain de la bourse a assigné lundi une douzaine de cadres d’AIG à coopérer à leur investigation.

Le géant de l’assurance a également forcé au départ dimanche un dirigeant proche de M. Greenberg, Michael Murphy, qui vient s’ajouter à la liste de plus en plus longue de cadres du groupe forcés à prendre la porte, dont le directeur financier Howard Smith, parce qu’il avait réfusé de collaborer avec les enquêteurs.

Dans ce contexte, le départ de M. Greenberg pourrait aider AIG à se sortir la tête de l’eau : Eliot Spitzer a déclaré mardi dans un communiqué que "bien que l’enquête soit loin d’être terminée, les sages mesures décidées par le conseil d’administration d’AIG vont permettre de se rapprocher de sa résolution".

Source : AFP, lefigaro.fr