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L’Irak doté d’un gouvernement encore à compléter

jeudi 28 avril 2005, par nassim

Le Parlement irakien a voté, jeudi 28 avril, la confiance au gouvernement du premier ministre chiite Ibrahim al-Jaafari, bien que des portefeuilles décisifs ne soient pas encore attribués, trois mois après les élections générales et de difficiles tractations.

Peu de temps après, le président américain George W. Bush a salué ce gouvernement et affirmé que les Etats-Unis continueraient

Ibrahim al-Jaafari (d) et Jalal Talabani (g).

à soutenir l’avènement de la démocratie dans ce pays. "Je me joins à tous les Américains pour féliciter les nouveaux dirigeants irakiens et pour leur souhaiter bonne chance alors qu’ils commencent à servir leur pays au sein du nouveau gouvernement", a déclaré M. Bush dans un communiqué publié par la Maison Blanche. Mais la composition du gouvernement n’est pas encore totalement achevée. Les deux postes de vice-premier ministre ainsi que les titulaires des ministères de la défense, du pétrole, de l’industrie, de l’électricité et des droits de l’homme restent encore à désigner. "Ce sera fait dans les prochains jours", a assuré le président du Parlement, le sunnite Hajem al-Hassani, après avoir lu la liste du nouveau gouvernement qui comprend, outre le premier ministre, 36 membres dont sept femmes.

Sur les 185 députés présents au vote - sur un total de 275 -, 180 ont approuvé ce cabinet dont la gestation a pris des semaines de marchandages entre les vainqueurs du scrutin du 30 janvier.

Ironie de l’histoire, l’adoption de ce gouvernement intervient le jour du 68e anniversaire de l’ancien dictateur Saddam Hussein, qui attend toujours son procès dans une prison proche de Bagdad.

COMPÉTENCE, PROBITÉ ET HISTOIRE PERSONNELLE

Dans le futur gouvernement, les chiites se taillent la part du lion avec quelque 16 ministères, suivis par leurs alliés kurdes qui en obtiennent neuf.

Prenant la parole après le vote, M. Jaafari a reconnu avoir rencontré des difficultés pour former son cabinet, expliquant notamment que "certains groupes n’étaient pas d’accord entre eux et certains ont présenté des candidats avant de les changer". M. Jaafari a affirmé que le premier critère pour le choix des membres de son équipe - où dominent les chiites et les Kurdes - avait été "la compétence, la probité et l’histoire personnelle" des candidats, tous d’anciens opposants au régime de Saddam Hussein.

Le vice-président irakien, le sunnite Ghazi al-Yaouar, a demandé jeudi que le cabinet soit complété "dans les deux jours", tout en réclamant qu’on laisse aux sunnites la possibilité de choisir leurs candidats aux postes de ministres de la défense et des droits de l’homme.

LES PARTISANS D’ALLAOUI ÉCARTÉS

L’Union européenne a salué la formation de ce gouvernement et s’est dite impatiente de pouvoir s’entretenir avec les nouveaux dirigeants irakiens des moyens d’aider le pays à se reconstruire. "L’UE a fait un certain nombre d’offres à l’Irak sur lesquelles nous attendons toujours de pouvoir discuter avec les nouvelles autorités afin de pouvoir tenir nos promesses", a déclaré une porte-parole de Benita Ferrero-Waldner, commissaire européenne aux relations extérieures.

Comme annoncé, aucun membre du parti de l’ancien premier ministre intérimaire irakien, Iyad Allaoui, ne figure dans le gouvernement. La liste irakienne d’Allaoui, une coalition à dominante chiite modérée, était arrivée en troisième position le 30 janvier. Avec quarante députés, elle devrait désormais former l’ossature de l’opposition. Les députés doivent à présent se pencher sur le projet de Constitution, qui devra être rédigé d’ici au 15 août avant d’être soumis à référendum le 15 octobre au plus tard. S’ils ne pensent pas être en mesure de le rédiger en temps voulu, les parlementaires pourront demander un nouveau délai de six mois avant le 1er août, un cas de figure qui semble de plus en plus probable.

Dans ce cas, les législatives censées parachever la normalisation institutionnelle du pays et initialement prévues en décembre seraient elles aussi repoussées.

Source : lemonde.fr