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L’économie allemande inquiète

mardi 26 avril 2005, par nassim

L’économie allemande semble à nouveau menacée de stagnation.

Certaines sources locales laissaient entendre hier que les six principaux instituts économiques allemands qui publient deux fois par an leurs prévisions de croissance, ont fortement revu leur pronostic à la baisse.

Dans un rapport qui doit être rendu public ce matin, les experts ne prévoient désormais plus que 0,7% de croissance pour l’Allemagne en 2005. En octobre dernier, ils espéraient encore le double. Pour 2006, les six « sages » tableraient sur une progression de 1,5% du PIB.

Cette sévère révision des perspectives conjoncturelles de la première économie européenne survient alors que l’indice IFO, qui est chargé de traduire le climat des affaires en Allemagne, vient de reculer pour le troisième mois consécutif. En avril, il est passé de 94 à 93,3, atteignant ainsi son plus bas niveau depuis 19 mois. « Cela signifie que la croissance va s’affaiblir dans les mois à venir », précise Hans Werner Sinn, le président de l’institut.

La morosité est particulièrement forte dans l’industrie de transformation et dans le commerce de gros. En revanche, le commerce de détail et l’industrie du bâtiment se montrent plus optimistes.

Le porte-parole du ministère de l’Économie s’est voulu rassurant. Pour lui, ce nouveau recul de l’Ifo ne doit pas être interprété comme le signe d’un retournement conjoncturel. Mais, le gouvernement s’apprête lui-même à réviser ses propres estimations de croissance vendredi. Son objectif pour 2005 devrait retomber à 1%, contre une prévision précédente de 1,6%. Tout récemment, la Commission européenne et le Fond monétaire international ont également abaissé leur objectif à 0,8% cette année, faisant de l’Allemagne la lanterne rouge de l’Union européenne.

Les mauvaises nouvelles ne s’arrêtent pas là. Selon le rapport des six instituts, l’Allemagne devrait à nouveau transgresser les règles du pacte de stabilité européen en 2005 et 2006. Les experts prévoient en effet un déficit public de 3,4% du PIB en 2005 et 3,3% en 2006.

Dans ce contexte, les promesses faites par le gouvernement Schröder en matière de lutte contre le chômage paraissent de plus en plus caduques. En effet, les experts considèrent qu’un taux de croissance annuel d’au moins 2% est nécessaire pour que des emplois soient créés en grande quantité. De plus, cette faiblesse annoncée ne va pas arranger la situation financière des caisses de retraite et d’assurance-maladie. Puisque le gouvernement a promis de ne pas augmenter les cotisations maladie ni de réduire les prestations de retraite, le ministre des Finances, Hans Eichel, va devoir encore exercer ses talents d’équilibriste.

Tentant de faire preuve d’optimisme, il fait valoir que le prix du pétrole et le cours de l’euro baissent, et que les réformes Hartz porteront bientôt leurs fruits sur le marché de l’emploi. Sur ce dernier point, les experts semblent donner raison au gouvernement allemand. Citant le rapport des six instituts économiques, le quotidien Berliner Zeitung souligne que le nombre de demandeurs d’emploi devrait passer de 4,8 millions en 2005 (moyenne annuelle) à 4,5 millions l’année prochaine.

Par Cécile Calla, lefigaro.fr