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L’économie chinoise poursuit sa croissance effrénée

mercredi 20 avril 2005, par Hassiba

Avec un taux de croissance de 9,5 % au premier trimestre et des investissements toujours disproportionnés, l’économie chinoise ne marque aucun signe de ralentissement, en dépit d’une politique de lutte contre la surchauffe.

La progression sur un an du produit intérieur brut (PIB) pour la période janvier-mars est égale à celle enregistrée sur l’ensemble de 2004, la plus forte croissance en sept ans, a indiqué, mercredi 20 avril, le Bureau national des statistiques (BNS). Le PIB a totalisé 3 135 milliards de yuans (290 milliards d’euros environ) au premier trimestre.

Une fois encore, la croissance a été tirée par les investissements en capital fixe, l’un des principaux révélateurs de la capacité des autorités à refroidir une économie en surchauffe dans certains secteurs, notamment la construction. Les investissements ont augmenté de 22,8 % entre janvier et mars, a indiqué le BNS dans son annonce des principaux indicateurs économiques pour le premier trimestre.

Le rythme de progression est certes plus raisonnable que les 43 % atteints au premier trimestre de l’an dernier, mais toujours nettement supérieur à celui de l’ensemble de l’économie, malgré un resserrement du crédit en place depuis maintenant un an.

"Le montant des investissements est encore trop élevé", a commenté le porte-parole du BNS, Zheng Jingping, au cours d’une conférence de presse. "La politique de macro-contrôle doit être appliquée avec minutie", a ajouté le porte-parole, énumérant une nouvelle fois les problèmes récurrents de l’économie chinoise, tels que la faiblesse de la production de charbon, de pétrole et d’électricité. "Les prix de certains produits en amont sont encore trop hauts et notre travail de macro-contrôle est toujours difficile", a encore estimé M. Zheng.

Risque d’inflation

Le taux de croissance de l’économie a quelque peu surpris les analystes, qui avaient parié sur un léger ralentissement et alors que le gouvernement chinois a récemment fixé un objectif de croissance de 8 % pour 2005, niveau jugé toutefois très conservateur par les experts.

"La part des investissements dans le PIB est trop importante", estime Hua Min, économiste à l’université Fudan, à Shanghaï. "La production industrielle est un peu plus forte qu’au dernier trimestre de l’an dernier, ce qui explique en partie pourquoi le PIB reste au même niveau", avance Ma Jun, économiste à la Deutsche Bank à Hongkong, qui relève aussi la bonne tenue de la production agricole.

La production industrielle a enregistré une hausse de 16,2 % entre janvier et mars, soit un léger tassement par rapport aux 16,9 % enregistrés pour les deux premiers mois de l’année. Mais le rythme continue à être supérieur à celui de 11,5 % constaté l’an dernier.

L’une des bonnes nouvelles pour les autorités provient de l’inflation : les prix à la consommation ont augmenté de 2,8 % au cours des trois premiers mois de l’année, dont 2,7 % en mars. L’inflation s’était établie à 3,9 % en 2004, et le gouvernement veut essayer de contenir à nouveau cette année la hausse des prix sous la barre des 4 %.

"Compte tenu du rythme de croissance de l’économie, le risque d’un accroissement des pressions inflationnistes est réel après deux trimestres de tassement", avertit cependant Hong Liang, économiste chez Goldman Sachs. "De notre point de vue, les résultats du premier trimestre devraient obliger le gouvernement à mener une politique monétaire plus stricte, y compris par un ajustement du yuan", suggère M. Hong.

Avec AFP et Reuters, lemonde.fr