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L’industrie textile bouleversée

lundi 3 janvier 2005, par nassim

C’est samedi dernier qu’a pris fin officiellement l’Accord textile-vêtement (ATV), signant ainsi le démantèlement complet de l’Accord multifibre (AMF) qui régulait jusque-là le marché mondial du textile à travers l’instauration d’un système de quotas d’importation.

Avec la disparition de ces quotas, ce sont l’industrie et le commerce du textile qui se voient bouleversés. Ce démantèlement risque de mettre à mal, pour ne pas dire en péril, plusieurs économies nationales pour lesquelles ce secteur représente la principale source de revenus. Le danger guette davantage les pays émergents. C’est le cas des îles Maurice, de Madagascar, de l’Indonésie, du Sri Lanka, de la Tunisie mais surtout du Bangladesh auquel le textile fournit 95% des revenus d’exportation. Ces pays, qui jouissaient d’un accès préférentiel aux marchés des pays riches grâce à ces quotas, risquent de voir leur avantage compétitif anéanti par la concurrence de la Chine et de l’Inde qui disposent à la fois des matières premières, d’une puissante industrie textile et d’une main-d’œuvre qualifiée et bon marché. La Chine est déjà le premier exportateur mondial d’habillement avec 28% du marché planétaire. Le choc économique et social sera très important dans les pays les plus pauvres, prédit le Bureau international du travail (BIT), sans être en mesure d’en évaluer l’impact.

Selon une étude publiée en août par l’Organisation mondiale du commerce (OMC), la part des vêtements chinois dans le total des importations de ces articles aux Etats-Unis devrait représenter 50% après la fin des quotas, contre 16% actuellement. La part du Mexique tomberait en revanche de 10% à 3%. En ce qui concerne l’Union européenne, la part de la Chine dans les importations de vêtements passerait de 18 à 29% alors que celle de la Turquie tomberait de 9 à 6%. L’Inde et le Pakistan devraient profiter du mouvement, mais moins que la Chine. Jusqu’en 2008, les pays importateurs pourront par ailleurs faire jouer une clause de sauvegarde contre la Chine en cas de hausse trop rapide de ses exportations. Face aux critiques, la Chine a invité la Banque mondiale et le Fonds monétaire international à aider les pays en difficulté. Elle a aussi promis à ces pays d’investir dans leur industrie et d’ouvrir son marché à leurs produits.

Par Slimani Salah, www.elwatan.com