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L’informel brasse 50 % de la masse monétaire en Algérie

mardi 13 octobre 2009, par Rédaction

L’économie informelle brasse 50 % de la masse monétaire en circulation en Algérie selon l’experte américaine Deborah Harold.

L’informel brasse 50 % de la masse monétaire en Algérie.

Deborah Harold, enseignante américaine de sciences politiques à l’université de Philadelphie et spécialiste de l’Algérie, qui s’exprimait au forum du journal Echaâb, s’est référée à des statistiques élaborées sur ce sujet par des scientifiques algériens tels Ali El-Kenz ou Mohamed Henni et à des données collectées par le Centre américain des études maghrébines d’Oran. Mais elle a concédé qu’« il est très difficile de déterminer la masse monétaire circulant dans l’informel ». Dressant un historique succinct de l’évolution des aspects de l’informel, l’experte a indiqué que, « durant les années 1980, il y avait une économie informelle pour la consommation uniquement, mais à partir des années 1990 est apparu l’informel financier ». Tout en relevant que « l’économie algérienne n’est pas seulement le dinar, mais c’est aussi l’euro et le dollar. Et (que) cela représente une économie énorme », Mme Harold s’est dite étonnée de l’importance de l’informel financier, celui des devises notamment, en Algérie. « Je n’ai jamais pensé que le change informel des devises était autant sécurisé en Algérie. Il se pratique en plein jour et sur les places publiques et il n’y a pas de circulation de fausse monnaie. De plus, ce n’est pas un change destiné uniquement aux voyageurs et autres vacanciers pour l’achat de vêtements. Ce sont de grosses sommes qui sont en circulation. C’est frappant ! Je ne comprends pas la logique de l’Etat algérien concernant ce phénomène », a-t-elle déclaré en substance.

L’experte américaine fera porter la responsabilité de cette situation au système financier algérien qu’elle trouve « trop centralisé, pas très clair et parfois même ambigu ». Toutefois, l’économie informelle n’est pas l’apanage de la seule Algérie, c’est une pratique qui a cours partout dans le monde, a tempéré Mme Harold, reconnaissant et citant même quelques exemples de ce genre de pratique dans son pays, les Etats-Unis. En plus, « cette économie n’est pas forcément criminelle ou dangereuse (…) et contribue à l’amélioration du niveau de vie des citoyens », a affirmé Mme Deborah Harold citant l’exemple de l’ex-Zaïre, l’actuelle République démocratique du Congo, où, à l’époque, « avec des richesses et un PIB nuls, les populations avaient pu survivre grâce à l’informel ». Les risques et les dangers créés par ces pratiques économiques informelles et au-delà des considération éthique et symbolique, sont, entre autres, « l’usage des ressources de l’Etat et de la collectivité sans payer d’impôts en contrepartie et aussi l’exploitation des employés en les privant de leurs droits ». En résumé de son long « cours magistral », Mme Harold est arrivée à la conclusion que « plus l’économie est centralisée et réglementée, plus il y a de l’économie informelle », préconisant la libéralisation et l’ouverture des économies. Mais, a-t-elle averti, « pas une libéralisation outrancière et exagérée comme le libéralisme sauvage qui a cours chez nous aux Etats-Unis ».

Synthèse de Mourad, www.algerie-dz.com
D’après le Jeune Indépendant