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La BCE se montre plus réservée sur la croissance en zone euro

jeudi 7 avril 2005, par Hassiba

La BCE s’est montrée jeudi un peu plus réservée sur la croissance en zone euro, ce qui, selon les économistes, va l’inciter à prolonger le statu quo monétaire encore plusieurs mois, tout en gardant le cap d’un durcissement monétaire à plus long terme.

Il n’y a pas actuellement de "dynamisme sous-jacent" pour la croissance, a reconnu jeudi le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, en jugeant que les derniers indicateurs sont "mitigés", lors d’une conférence de presse à Francfort.

La BCE avait auparavant décidé, sans surprise, de maintenir son taux directeur inchangé à 2% pour le 22ème mois consécutif.

La Commission eurovient d’abaisser fortement sa prévision de croissance 2005 pour la zone euro : elle ne table plus que sur une croissance de 1,6% contre encore 2% en octobre dernier.

Le climat des affaires a continué "de se dégrader" dans la zone euro en mars, avec un indicateur synthétique à son plus bas niveau depuis un an, a indiqué mercredi l’institut français des statistiques (Insee).

La situation est particulièrement morose en Allemagne, première économie de la zone euro, où la production industrielle ainsi que les commandes ont fléchi en février, selon des chiffres publiés jeudi et mercredi.

Dans ce contexte, la hausse continue des prix du pétrole est "très malvenue", a dit M. Trichet. Les cours ont bondi d’environ 40% depuis le début de l’année et atteignaient de nouveaux records lundi, à 58,28 dollars à New York et 57,65 USD à Londres.

"La BCE est moins confiante sur les perspectives conjoncturelles, et va attendre de voir comment l’économie réagit face aux prix élevés du pétrole avant de discuter sérieusement d’une hausse de taux", conclut Holger Schmieding, économiste de la Bank of America.

L’institut continue toutefois à tabler sur une "croissance modérée à moyen terme", a indiqué son président.

Le pétrole cher a également un effet négatif sur l’inflation, que la BCE a pour mission première de contenir : M. Trichet a indiqué que "dans les prochains mois, les taux annuels d’inflation devraient se maintenir un peu au-dessus de 2%."

Jusqu’ici, la BCE espérait que l’inflation retombe bientôt sous son objectif de moyen terme, fixé à un peu en-dessous de 2%.

L’institut monétaire ne compte pas pour autant se précipiter pour durcir sa politique monétaire, a laissé entendre son président.

Le conseil des gouverneurs de la BCE "n’a pas eu de discussion sur une hausse de taux" jeudi, a déclaré M. Trichet.

Le Français a aussi indiqué que la BCE ne perçoit "pas de signe d’un renforcement des tensions inflationnistes sous-jacentes."

"Un tel message conforte l’opinion selon laquelle une hausse de taux reste lointaine. Nous avons repoussé à décembre la date pour un éventuel durcissement, avec la possibilité que rien ne se passe avant la fin de l’année," commente Peter Dixon, économiste de la Commerzbank.

Mais Jean-Claude Trichet n’a laissé jeudi aucune place au doute concernant les intentions à plus long terme de la BCE : une baisse de taux "n’est pas une option", a-t-il ainsi affirmé.

"Si c’était nécessaire, nous augmenterions immédiatement les taux", a-t-il également répété.

M. Trichet a notamment fait valoir que des "risques" existent pour l’inflation en raison du gonflement des liquidités en zone euro.

"La BCE maintient fermement le cap d’une hausse de taux", résume Elga Bartsch, économiste de Morgan Stanley.

Source : AFP, lefigaro.fr