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La Banque mondiale conseille le système de recapitalisation et de diversification du financement

mardi 8 février 2005, par Hassiba

D’une actualité brûlante, la question de la révision du régime des retraites dans l’ensemble des pays, notamment ceux de l’Europe de l’Est, de l’Amérique latine, du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord pose de véritables problèmes.

En ce sens que les pays dont le système est basé sur la solidarité entre les salariés (répartition) sont confrontés au problème du vieillissement de la population, mais aussi à la baisse des cotisations et au déséquilibre entre les travailleurs et les personnes âgées non actives. « Le système par répartition traditionnel rassemble les cotisations des travailleurs et leur verse une pension de retraite qui équivaut à un certain pourcentage de leur dernier salaire. C’est pourquoi, avec un tel système, les gens ne trouvent aucun avantage à travailler longtemps », estime la Banque mondiale dans une étude publiée il y a trois jours. Pour cette institution de Bretton Woods, le système par répartition adopté encore dans l’écrasante majorité des pays développés en Europe « est difficilement soutenable par les pays, surtout ceux où le ratio entre les travailleurs et les retraités a baissé ». Aussi encourage-t-elle la tendance actuelle consistant à passer de la répartition à la capitalisation.

Du fait qu’elle permet d’avoir des systèmes plus soutenables et de tirer parti des opportunités offertes par les marchés financiers. « Plusieurs pays de l’Europe de l’Est et de l’Amérique latine ont abandonné leur système par répartition au profit d’un système plus diversifié avec des financements publics et privés. » Un système très peu fiable et qui a prouvé ses limites dans les pays cités par la Banque mondiale. Surtout que les marchés financiers, privilégiés en ce moment par les institutions financières internationales, voient que la participation de l’Etat aux caisses de retraite est une dépense publique de trop au moment où l’orientation mondiale tend justement vers sa baisse drastique, condition sine qua non pour que les pays concernés puissent bénéficier d’aides au développement et de financements au projet. « [...] Les comptes d’épargne retraite personnalisés ne représentent qu’une infime partie du système des pensions. Un gouvernement ne peut assurer une pension appropriée à ses retraités sur la base d’un régime à un seul pilier. Il doit diversifier le risque et s’assurer que tout est mis en place, y compris des filets de protection sociale et les allocations familiales », estiment encore les spécialistes de la Banque mondiale. Ainsi, le rachat des cotisations, le recours au privé restent encore une formule privilégiée.

En d’autres termes, l’objectif recherché est de faire en sorte que les Etats se désengagent totalement de la sphère de la protection sociale. Notre pays ne fait pas exception dans l’étude de la Banque mondiale puisqu’il est intégré dans la liste des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. On comprend mieux d’ailleurs la volonté des pouvoirs publics, notamment celle du département de Tayeb Louh, de réviser le système actuel de retraite en Algérie, estimant que le déficit de la CNR risque de compromettre à terme le versement des pensions, au demeurant misérables. Un avant-projet de loi est ficelé, selon des informations proches du ministère du Travail. Il est proposé soit la remise en cause, c’est-à-dire la suppression pure et simple du départ à la retraite au bout de 32 ans d’activité, soit le rachat par les travailleurs des années de cotisations dont le montant est évalué par les rédacteurs du document à 170 000 DA par salarié. Cela, en sachant que le pouvoir d’achat est déjà faible. En tout état de cause, la tripartite est appelée à trancher la question, puisque même le patronat est concerné par cette question.Avec cette précision que les recommandations de la Banque mondiale ne sauraient en aucun cas s’appliquer à notre système, fondé justement sur la solidarité entre salariés et dont la pérennité est tributaire de la lutte contre le travail au noir, le recrutement des retraités par contrat dans certaines entreprises, empêchant par là la création d’emplois et donc de nouvelles cotisations.

Par Faouzia Ababsa, La Tribune