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La Bourse de New York fusionne avec Archipelago

jeudi 21 avril 2005, par nassim

ALORS que le Nasdaq doit annoncer dans les prochains jours le rachat de la plate-forme électronique de négociation d’Instinet, filiale de Reuters pour 2 milliards de dollars (1,6 milliard d’euros), le New York Stock Exchange (NYSE) l’a devancé.

L’institution, née dans les dernières années du XVIIIe siècle, première au monde pour sa capitalisation boursière (plus de 12 000 milliards de dollars pour 2 300 sociétés cotées), a annoncé, mercredi 20 avril, avoir signé un accord de fusion avec le groupe Archipelago Holdings, qui possède une plate-forme électronique de transaction, née au début des années 1990. Si cette fusion est validée par les autorités boursières et de la concurrence, la Bourse de New York abandonnera définitivement son statut historique d’organisation à but non lucratif. La nouvelle entité, qui sera baptisée NYSE Group aura vocation à être cotée en Bourse.

Le montant de la transaction n’a pas été précisé. Selon les termes de l’accord de fusion, les membres du NYSE recevront 70 % des parts de la nouvelle entité, le solde revenant aux actionnaires d’Archipelago. La transaction devrait être finalisée entre le dernier trimestre 2005 et le premier trimestre 2006. John Thain, l’actuel PDG du NYSE devrait devenir celui du NYSE Group. Jerry Putnam, PDG d’Archipelago Holdings, sera nommé coprésident du conseil d’administration aux côtés de Catherine Kinney et Robert Britz, les coprésidents actuels du NYSE. L’action Archipelago, cotée à New York, a gagné 11,01 %, à 18,76 dollars, mercredi.

Dans un communiqué de presse commun, M. Thain a précisé que le mariage "créera une entreprise dynamique, forte et innovante, capable de répondre à la demande des investisseurs et des émetteurs de titres à travers le monde pour les décennies à venir -...- Cette transaction signifie que nous serons plus diversifiés et transparents, et davantage capables de croître, d’affronter la concurrence et de servir nos clients". Le rapprochement entre le système de négociation du NYSE et celui d’Archipelago permettra d’accroître la "résistance des places de marchés américaines face à la concurrence de places étrangères comme Londres, Francfort, Toronto ou Sydney", a ajouté M. Thain.

D’UNE PIERRE TROIS COUPS

Avec cette fusion, le NYSE fait d’une pierre trois coups. Il annonce sa future cotation, et donc, la possibilité, dans un avenir proche, de trouver davantage de moyens pour financer son développement en levant de l’argent sur le marché. Il se dote ainsi des armes dont disposent déjà bon nombre de ses concurrentes ­ Paris, Londres, Francfort.

La Bourse de New York neutralise également un concurrent tout en s’offrant une technologie qu’elle ne détient pas encore. Archipelago Holdings reste un adversaire modeste : ArcaEx, sa plate-forme virtuelle de négociation, n’a réussi à capter qu’environ 2,7 % du volume total de transactions réalisées sur les actions cotées sur le NYSE, mais elle permet aux investisseurs, de passer des ordres de façon rapide, transparente et totalement automatisée, derrière leurs ordinateurs. En fusionnant, le NYSE va pouvoir développer son offre d’accès au marché via des échanges électroniques, alors que l’essentiel de ses volumes sont encore réalisés à la criée.

Par ailleurs, ArcaEx vient d’être autorisée par la Securities and exchange commission (SEC), le gendarme américain des marchés, à ouvrir ses cotations dès 4 heures du matin (heure de New York), au lieu de 8 heures, ce qui devrait lui permettre de capter les volumes de transaction sur les actions américaines provenant d’investisseurs européens.

Avec Archipelago Holdings, le NYSE capte enfin, indirectement, une part non négligeable des volumes d’action cotées sur le Nasdaq : Archipelago revendiquait en effet 22,5 % de ces volumes en mars.

Dans la concurrence frontale que se livrent le NYSE et le Nasdaq, deuxième Bourse de valeurs du monde par sa capitalisation (plus de 3 000 milliards de dollars de capitalisation), le NYSE semble prendre l’avantage.

Le Nasdaq, Bourse totalement électronique née il y a une trentaine d’années, a également l’intention de se faire coter mais doit encore pour cela abandonner son statut de coopérative et confirmer son rachat d’Instinet.

Par Cécile Ducourtieux, lemonde.fr