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La fin de Rover secoue la campagne de Tony Blair

samedi 16 avril 2005, par Hassiba

Rover, c’est fini. Un peu moins de 5 000 personnes seront licenciées ce week-end, a indiqué hier l’un des administrateurs judiciaires du groupe anglais.

Le sort du dernier constructeur britannique d’automobiles de série a été définitivement scellé, hier, quand Shanghai Automotive Industry Corporation (SAIC),

La Rover 45

numéro un chinois du secteur, a renoncé à tenir le rôle de « chevalier blanc » du groupe sinistré. Le dernier constructeur britannique, plus que centenaire, s’achemine vers la liquidation pure et simple. « Il y avait une chance sur un million de trouver une solution et elle a disparu », constate, amer, Tony Woodley, le secrétaire général du Transport and General Workers Union, le puissant syndicat de la branche. « L’avenir est sombre pour les salariés de MG Rover mais aussi pour les 20 000 employés des sous-traitants du groupe », dont des centaines sont déjà au chômage technique depuis lundi dernier, ajoutait-il.

Dans une lettre adressée à Patricia Hewitt, le ministre du Commerce et de l’Industrie, SAIC indique qu’elle renonce à « ouvrir de nouveaux pourparlers avec MG Rover ou même acquérir tout ou partie » de l’entreprise. « L’ampleur des pertes et le poids des charges accumulées par la compagnie et la persistance de leur impact avant que de nouveaux modèles puissent être mis sur le marché » ont découragé l’état-major chinois, précise Mrs Hewitt.

Du coup, « nous avons conclu qu’il n’existe pas de perspective réaliste d’obtenir un financement approprié pour le maintien du personnel » à l’usine de Longbridge, près de Birmingham, expliquait, hier matin, Ian Powell, l’un des administrateurs judiciaires du cabinet PricewaterhouseCoopers (PwC), appelé au chevet de Rover. Le prêt de 6,5 millions de livres accordé à la hâte par le gouvernement la semaine dernière pour assurer le paiement hebdomadaire des salaires des 6 100 employés du groupe n’aura pas suffi. Les pertes de l’entreprise culminent à 25 millions de livres par semaine. « Des licenciements substantiels » sont inévitables selon Ian Powell.

« C’est un coup dur pour l’industrie manufacturière », a dit Brendan Barber, le secrétaire général du Trade Union Congress, l’organe fédéral des organisations syndicales. Patricia Hewitt assure que « le gouvernement et les syndicats ont fait tout ce qu’il était possible de faire pour garantir la survie » de Rover. Sans doute, mais « trop peu et trop tard », commentent aigrement conservateurs et libéraux démocrates en pleine campagne législative. Tony Blair devait se rendre, hier après-midi, à Longbridge, pour annoncer un ensemble de mesures d’aide aux employés de MG Rover.

La dette contractée par MG Rover auprès des 400 fournisseurs n’est pas encore totalement établie. Mais elle est évaluée à quelque 200 millions de livres pour certains d’entre eux, réunis, hier, inquiets « des graves problèmes immédiats de liquidités » auxquels ils sont confrontés.

Seule MG, la branche sport de Rover, a peut-être une chance d’être sauvée de ce sinistre industriel. Jon Moulton, le financier à la tête d’Alchemy Partners qui s’était offert de reprendre Rover, sans succès, il y a cinq ans, a d’ores et déjà manifesté son intérêt.

Par Jacques Duplouich, lefigaro.fr