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La fin de l’industrie textile en Algérie

lundi 17 janvier 2005, par Hassiba

Au train où va l’ouverture économique, avec l’importation sans limite des produits, c’est bien le secteur national du textile qui est voué à la disparition.

D’ailleurs, on le disait depuis quelques années agonisant, aujourd’hui la concurrence, déloyale ou pas, a fini par lui donner l’estocade. Sur les sites des unités de production et des grands complexes qui furent le fleuron de la politique de « l’industrie industrialisante », l’activité qu’on y menait fait partie d’une époque révolue où le plein emploi était de mise au détriment de toute logique de gestion et de rentabilité.

Depuis, le secteur en question n’a eu de cesse de perdre des parts de marché. Dès lors, des actions successives de redressement ont été tentées et sont étalées sur une longue période de 1983 à 2001, comme détaillé ci-dessus. 1975 : fusion entre Sonitex et Sonac pour constituer un véritable groupe industriel. 1983 : restructuration organique de Sonitex en plusieurs entreprises par filières technologiques. 1985 : restructuration de Cotitex en quatre entreprises régionales.1987 : restructuration d’ELATEX qui se dessaisit de l’activité couverture. 1988 : création du Fonds de participation industries diverses auquel est rattachée l’industrie textile. 1996 : création du holding Holdman en remplacement du fonds de participation. 1999 : nouvelle restriction du secteur du textile sous l’égide du Holdman ayant permis, d’une part, l’autonomie des unités de production de SPA et, d’autre part, la création de trois groupes industriels, à savoir Texmaco (Textile Manufacturing Company), WSF et C. H. 2000 : création d’Agroman et dissolution du Holdman. 2001 : dissolution d’Agroman et mise en place de deux groupes industriels, TEXMACO pour le textile de base et C. H. pour la confection et la bonneterie. De plus, un plan de redressement triennal (2003, 2004 et 2005) a été mis en œuvre mais, en fait, il n’a rien apporté de nouveau.Notamment pour ce qui concerne les segments de la filature, du tissage et du finissage.

Ces restructurations n’ont abouti à aucun résultat palpable sinon d’allonger la liste des unités qui ont mis la clé sous le paillasson. L’alternative de la privatisation, sur laquelle on portait beaucoup d’espoir, s’est finalement soldée par un désintéressement total de la famille des opérateurs économiques. Et quel est cet homme d’affaires qui viendrait s’intéresser à ces entreprises sachant pertinemment que depuis le 1er janvier 2005 le marché mondial du textile et de l’habillement a connu un bouleversement de taille dans la mesure où les dernières barrières sur les quotas d’exportations ont été levées au profit, bien sûr, des pays où le coût à la production est très bas et qui disposent d’une expérience leur permettant de produire en quantité et en temps voulu.

Autant de données qui minent l’avenir du secteur. Une situation d’impasse qui va laisser des complexes entiers à l’abandon et à la merci de l’usure du temps. D’anciens cadres du secteur, qui ont eu la possibilité de se prononcer dans les quotidiens nationaux, ont clairement déclaré : « L’ouverture de l’importation s’est faite à un moment où le secteur n’était pas du tout prêt. » « Le secteur a beaucoup souffert de la concurrence féroce des pays du Sud-Est asiatique, en plus de la concurrence déloyale du fait des pratiques illicites comme les ventes sans facture, les fausses et les sous-déclarations à l’arrivée », argumentent-ils.

Ajoutant à ce sujet que « l’ouverture des frontières et la levée des barrières douanières a véritablement accentué la vulnérabilité des entreprises nationales publiques et privées ». Il y a quelques années, la part de marché du secteur public était de l’ordre de 30%. Le privé affiche de plus en plus son absence, alors qu’il représentait quand même 60% du marché de la confection. Ils étaient 3 400 industriels et artisans dans le domaine de la confection à s’approvisionner à partir des unités de la Sonitex.

Aujourd’hui, une grande majorité s’est convertie dans l’import-import.Il faut retenir aussi que le textile chinois et pakistanais a complètement investi le marché national. Et cela du fait que « nous sommes confrontés à une conjoncture qui encourage l’achat et la vente en l’état », a indiqué M. Reda Hamiani, très au courant de la situation qui prévaut dans le secteur. Toujours selon lui, « devant la production chinoise dont la couverture des besoins du marché en matière de vêtements va passer de 29 à 50% rien qu’aux Etats-Unis, il faut s’attendre à ce que les dernières entreprises encore en activité décident de l’arrêt de leurs ateliers ».

Aujourd’hui, une question s’impose : si on ne peut pas concurrencer les pays du Sud-Est asiatique, il faudra bien trouver une solution aux complexes à l’arrêt et autres unités qui partagent le même sort ? Le grand complexe lainier de Tiaret, qui s’étend sur des hectares, pousse à la réflexion : comment admettre que ce site se retrouve en situation d’abandon ?

Par Ziad Abdelhadi, La Tribune