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La grippe au centre des débats à l’OMS

lundi 16 mai 2005, par nassim

A l’occasion de l’ouverture aujourd’hui en Suisse de la 58ème assemblée annuelle de l’OMS, l’Organisation Mondiale de la Santé, le risque d’une pandémie de grippe devrait être au centre des débats chez les spécialistes mondiaux du domaine, réuni pour deux semaines.

Les moyens de combattre une possible pandémie de grippe seront au centre des débats de l’assemblée annuelle de l’OMS.

Instance de décision de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’assemblée se réunit ces deux prochaines semaines. A son agenda, des sujets aussi divers que la destruction des stocks de virus de la variole ou les progrès enregistrés dans l’éradication de la polio. Mais un autre thème devrait largement occuper les délégués des 192 pays membres. Aux dires des spécialistes, le monde serait à la veille d’une pandémie de grippe. Avec la survenance récente de foyers de grippe aviaire en Asie, la planète n’a jamais été aussi proche d’une nouvelle pandémie depuis 1968, qui a vu éclater la dernière en date. C’est l’OMS elle-même qui le dit. Pour combattre la menace, les Etats membres revoient actuellement le Règlement sanitaire international, qui date de la fin des années soixante et dont la portée se limite à la peste, le cholera et la fièvre jaune. L’objectif est de faire de ce règlement l’instrument primaire pour traiter et encadrer toute urgence de santé publique à portée internationale.

La priorité

Chef de la Division des affaires internationales à l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), Gaudenz Silberschmidt indique que la Suisse fait de ce dossier sa priorité numéro un lors de cette assemblée. « Le règlement doit définir la réponse internationale apportée à des situations du type SRAS, grippe aviaire ou Virus de Marburg que rencontre actuellement l’Angola », indique ce dernier à swissinfo.

« Il s’agit d’un pas en avant essentiel. On peut le voir comme le protocole de Kyoto en matière d’urgence sanitaire. Tout le monde est d’accord pour estimer que nous avons besoin de ces règles. Et ce, cette année encore. » Face à la perspective d’une pandémie de grippe, la Suisse a également planché sur une résolution séparée, destinée à traiter spécifiquement de cette menace. Les experts estiment en effet que la souche de la grippe aviaire, qui a fait au moins 49 morts en Asie, pourrait muter vers une forme permettant sa transmission d’humain à humain.

La menace

Aux dire de l’OMS, il n’est pas possible de prédire comment les choses vont évoluer. L’organisation constate toutefois que le virus dispose d’un potentiel pandémique considérable.

« L’histoire nous montre que les pandémies de grippe surviennent à des intervalles irréguliers, explique Gaudenz Silberschmidt. On ne peut pas en prévoir le début, la durée et la sévérité. Mais il est possible que la prochaine pandémie intervienne assez rapidement. » Le représentant de l’OFSP précise que la première priorité est de s’assurer que les différents Etats soient en mesure de répondre à la menace.

Il rappelle que plus vite on pourra déceler l’apparition de cas de grippe à potentiel pandémique lié au virus aviaire, et plus vite les scientifiques pourront travailler sur un vaccin. Plus vite aussi les mécanismes de prévention et de contrôle pourront être enclenchés.

« Aux premiers stades d’une pandémie de grippe, il faut absolument chercher à gagner du temps. Entre le moment où un virus mute vers une forme dangereuse et son expansion à travers le monde, quelques mois peuvent passer », indique l’expert. Pour rappel, le gouvernement suisse vient d’annoncer le mois dernier la mise en place d’un paquet de mesures qui seront déclanchées en cas de pandémie.

Discussions bilatérales

Cette assemblée de Genève, la Suisse veut aussi en faire une opportunité pour mener des discussions bilatérales en matière sanitaire avec plusieurs pays, au rang desquels la Nouvelle-Zélande et les Pays-Bas. Pascal Couchepin, le ministre helvétique de l’Intérieur, participera à cette assemblée mardi. L’occasion pour lui de parapher avec la Chine un accord bilatéral sur des questions de santé.

Cet accord permettra l’échange d’informations et la coopération technique dans cinq domaines : la surveillance des maladies infectieuses, la législation sanitaire, la médecine traditionnelle chinoise et le Sida.

« La coopération bilatérale dans le champ sanitaire prend de l’importance. Partout, chacun constate que nous devons apprendre les uns des autres, assure Gaudenz Silberschmidt. Et la Chine est un acteur majeur à tous les niveaux. »

Par Adam Beaumont, swissinfo.org