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La libéralisation du secteur pétrolier : un impératif ?

lundi 14 mars 2005, par Hassiba

Le monde a faim d’énergies. Le monde a besoin d’énergie de toutes sortes pour pouvoir produire et permettre aux citoyens de vivre.

La montée en puissance de pays comme la Chine, l’Inde ou le Brésil et le maintien de la croissance mondiale à un niveau important et sur une durée aussi longue provoquent une tension sur les marchés pétroliers. La nécessaire coordination des efforts entre pays producteurs d’énergie et pays consommateurs rend nécessaires de nouveaux investissements dans la recherche et l’exploitation des énergies particulièrement fossiles car moins coûteuses pour l’instant.

L’investissement ayant un coût que peu d’Etats peuvent assumer seuls, une vague de libéralisation du secteur pétrolier au niveau mondial a lieu après les méga-fusions ayant généré de « super-majors » pétrolières à l’image de BP ou de TotalFinaElf.L’Algérie, en modifiant sa loi sur les hydrocarbures, n’a fait que suivre un modèle qui a cours au niveau mondial. Les amendements apportés aux Etats-Unis, au Venezuela, au Canada, en Libye ou dernièrement au Mexique, visent tous le même objectif. Augmenter la production par un allégement de la fiscalité et du principe de partage de production. La pénurie d’hydrocarbures hante les esprits et tout semble devoir être fait pour que le spectre d’une insuffisance de l’offre, particulièrement pour les produits raffinés, s’éloigne.

Ainsi, au Venezuela, bien que l’économie en soit fortement tributaire, le secteur des hydrocarbures appartient en grande partie à l’Etat mais pas dans sa totalité. L’Etat vénézuélien, ces dernières années, a eu du mal à financer le niveau élevé d’investissement nécessaire pour mettre en œuvre des projets pétroliers. Aussi, le gouvernement a promulgué une nouvelle loi sur les hydrocarbures en 2001. Celle-ci améliore les possibilités d’investissement offertes au secteur privé et apporte des changements en matière d’imposition. Si le secteur privé est autorisé à investir et à effectuer des prises de participation dans les nouvelles raffineries, les activités de raffinage existantes et les activités primaires sont réservées à l’Etat ou doivent être sous son contrôle. Le secteur du gaz, régi par une législation qui lui est propre, est ouvert au secteur privé. En Russie, l’une des voies explorées pour le développement de la production consiste en la participation d’entreprises étrangères à la prospection et à l’exploitation des nouveaux gisements. Aussi, et depuis 1996, la loi sur les « accords de partage de la production » (APP), modifiée en 2003, offre un cadre juridique pour ces projets. La part maximale des réserves nationales pouvant être exploitées suivant le régime des APP a été plafonnée à 30% par la Douma.

Une autre voie est proposée. Il s’agit de permettre aux entreprises étrangères qui activent dans le secteur pétrolier russe de faire des alliances stratégiques avec les compagnies russes. En dépit des difficultés et des risques que ces accords comportent, BP, TotalFinaElf et Exxon Mobil ont été jusqu’à ce jour les entreprises étrangères les plus actives en Russie. Au Mexique, le tabou de la privatisation de l’industrie pétrolière a été levé le 6 mars. Le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), qui avait nationalisé les pétroles mexicains en 1938, a levé le tabou d’une ouverture du secteur aux investissements de compagnies pétrolières étrangères, jusqu’ici interdits par la Constitution. Historiquement engagé contre la privatisation de la compagnie pétrolière publique Pemex, le PRI a entériné lors de son assemblée nationale un texte qui souligne que « pour le pays, il est prioritaire de construire un nouveau modèle d’industrie énergétique ». La réforme du statut de Pemex est également l’une des priorités du président actuel Vicente Fox. Il avait jusqu’ici été bloqué dans ses tentatives par le PRI, faute de majorité à l’Assemblée. Le président du PRI Roberto Madrazo a averti que « la privatisation ou la vente » de Pemex n’était pas à l’ordre du jour et Beatriz Paredes, ancienne ministre et ex-présidente de l’assemblée nationale, a souligné que « la tutelle de l’Etat » resterait de mise.

Etranglée par les prélèvements de l’Etat, Pemex, en situation de monopole au Mexique pour l’extraction et la distribution de pétrole, se retrouve aujourd’hui en difficulté pour financer son développement, l’exploitation de nouveaux gisements et la construction d’infrastructures de raffinage. La modification du statut de Pemex et de la Constitution pour autoriser l’entrée d’acteurs étrangers dans le secteur pétrolier était un sujet tabou au Mexique.Depuis quelques années et dans le monde entier, les marchés de l’énergie nationaux et régionaux sont maintenant plus ouverts à la concurrence et aux investissements étrangers. Même des pays comme l’Arabie saoudite, dont l’industrie pétrolière reste nationalisée, a commencé à coopérer avec des sociétés étrangères dans le cadre de projets d’exploitation du gaz naturel. L’Arabie saoudite fait appel à des investissements étrangers dans le secteur du gaz naturel pour la première fois depuis la nationalisation de son secteur pétrolier en 1975. Ces sociétés viennent du monde entier, de la Russie, de la Chine à l’Italie, à l’Espagne, au Royaume-Uni en passant par la France.La nouvelle ère qui s’installe dans le monde compliqué de l’énergie est celle du modèle « coopération et concurrence ». « Tous les participants au marché international de l’énergie peuvent atteindre leurs propres objectifs en s’efforçant de réaliser un objectif commun qui consiste à établir un cadre opérationnel permettant au marché de fonctionner : un ensemble de directives et de principes d’exploitation qui permettent aux pays, aux entreprises et aux technologies d’entrer en concurrence », affirme un analyste.

L’impératif de la libéralisation du secteur pétrolier mondial est dû à la croissance dans les pays émergents et à une nouvelle conception des relations économiques dans un monde globalisé. L’Algérie n’échappera pas à la règle.

Par Amine Echikr, latribune-online.com