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La politique de recherche en Algérie

lundi 11 avril 2005, par Stanislas

Si elle n’est pas à la traîne, l’Algérie ne montre pas pour autant des capacités d’innovation technologique essentiellement à cause de « l’inexistence de politique de recherche scientifique ».

C’est ce que révèle une étude sur « l’innovation technologique et l’attraction des investissements » dans les 12 pays de la Méditerranée qui a été rendue publique récemment par le Réseau euro-méditerranéen d’agences de promotion de l’investissement (ANIMA).

Le rapport fourni une « analyse de la situation de l’innovation et de la recherche », une « comparaison des pôles technologiques », le financement et les investissements dans les douze pays de la région MEDA (Algérie, Autorité palestinienne, Egypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Syrie, Tunisie, Turquie). Dans une remarque qui s’adresse particulièrement aux pays du Sud de la région MEDA, le document rappelle que l’innovation ne consiste pas uniquement dans l’introduction de la technologie « qui n’est qu’un outil », rappelle-t-on, mais « peut aussi concerner des aspects humains, organisationnels, politiques, sociaux, culturels ».

L’enquête estime que l’état des lieux au Sud est « préoccupant » et qu’« en dépit de leur contribution passée à la science et à la culture - monde phénicien, gréco-latin, arabe -, les pays MEDA, à part Israël, ne jouent pas aujourd’hui un rôle significatif dans l’innovation technologique au niveau mondial ou même régional ». « A vrai dire, ajoute le rapport, la région MEDA contribue largement à l’effort de R&D mondial, mais à travers ses chercheurs et scientifiques expatriés souvent de façon irréversible (sauf Israël), du fait d’une fuite de cerveaux assez généralisée ».

Sur les 258 pôles technologiques Euro-Med identifiés par l’enquête dans 18 pays riverains (dont 88 dans la région MEDA), un tiers est situé sur la rive sud et deux tiers sur la rive nord. Pour le cas Algérie, le rapport dénombre cinq « structures technologiques ». Il s’agit de l’Agence nationale de valorisation des résultats de la recherche et du développement technologique (ANVREDET), le Centre de développement des technologies avancées (CDTA), le Centre d’études et de recherche sur l’information scientifique et technique (CERIST), l’Agence nationale de la nouvelle ville de Sidi Abdallah (ANSA) et le projet de « technoparc » de Sidi Abdallah.

L’Algérie dispose d’environ 400 chercheurs par million d’habitants (contre 1.563 en Israël) et n’accorde pas plus que 0,3% de son PNB à la recherche. De manière générale, le rapport (qui cite des sources algériennes) constate « qu’il n’existe pas à proprement parler de politique nationale de la recherche en Algérie ». « Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique ainsi que certains ministères techniques (Industrie, Agriculture, Santé, Habitat, Environnement, Energie et Education) mènent des opérations limitées, dans le cadre de la loi quinquennale d’orientation et de programme sur la recherche scientifique et le développement technologique », lit-on en pages 34 et 35 du rapport. Entre autres arguments, l’enquête considère que les structures de recherche scientifique en Algérie « semblent assez bureaucratiques » et estime que le « lien est ténu » entre la science et l’industrie car « il n’y a pas véritablement de place pour les associations de chercheurs ou d’ingénieurs ».

Un des rares domaines où l’Algérie semble enregistrer des résultats positifs concerne l’augmentation de « l’offre technologique » grâce à l’octroi de licences de téléphonie mobile qui a donné lieu à une « explosion de la demande » à partir de 2002. L’autre objet de satisfaction c’est l’augmentation du nombre de fournisseurs d’accès Internet (15 ISP actuellement) et le développement « très rapide » du parc informatique qui est estimé, selon l’enquête, à 500.000 ordinateurs. Par ailleurs, le rapport considère que l’« un des domaines où l’Algérie est active est la protection des brevets (en grande partie dans le domaine pétrolier). L’INAPI (Institut national algérien de la propriété industrielle) cherche à développer la protection et l’utilisation des brevets nationaux (souvent déposés par des non résidents) ».

La faiblesse du développement des banques d’affaires et des sociétés de capital-risque (il en existe quelques-unes actuellement : FINALEP, Siparex et DZ-Invest) est considérée comme obstacle au développement de l’innovation et de la création d’entreprises en Algérie. « Les autorités ont conscience de la nécessité de promouvoir la création d’autres sociétés de capital-risque (prévues en 2004/2005, avec mixage de fonds budgétaires et bancaires au profit des PME/PMI) et l’accélération du développement de la bourse des valeurs, c’est-à-dire l’introduction en bourse d’autres entreprises, soit par l’ouverture de leur capital social, soit par l’émission d’emprunts obligataires pour le financement de leur développement ».

Enfin, parmi une liste de 56 investissements high-tech récents (2003-2004) dans la région MEDA, 19 sont implantés en Israël (d’un niveau et d’une portée technologique largement supérieurs au reste) et 8 autres en Algérie. Il s’agit d’une usine et d’un centre R&D pharmaceutique (Hikma - Jordanie), d’Algerian Industries Development Group (une filiale de l’américain NorthropGrumman), la société Divona Algérie créée par Monaco Telecom pour la transmission de données par satellite, une filiale d’e-banking du français Diagram, la 3ème licence de téléphonie mobile attribuée à El Wataniya, la 2e licence pour l’exploitation de réseaux publics de télécommunications attribuée à Orascom et la 2e licence de téléphonie par satellite décrochée par l’opérateur téléphonique émirati Thuraya. Le huitième et dernier projet recensé par l’étude concerne le partenariat créé entre l’américain Novell, éditeur de Linux, avec Net-Skills, une société algérienne de service en ingénierie et en informatique.

Par Mohamed Mehdi, quotidien-oran.com