Lancement aujourd’hui de la Logan en Algérie

C’est, en fait, sur l’ancien site de Dacia que le constructeur français a choisi de redéployer sa stratégie internationale, en produisant la berline solide et pas chère destinée, dans un premier temps, aux pays émergents mais dont le succès assure d’ores et déjà une place sur les marchés occidentaux. La visite organisée pour la presse par Renault Algérie sur le site de production roumain, rénové et modernisé, visait à préparer les nombreux clients potentiels en Algérie à la venue de la berline et à leur donner les informations nécessaires sur ce véhicule afin de garantir son succès. Tous les détails de la fabrication de la franco-roumaine ont été passés en revue, de l’atelier d’emboutissage où sont conçues les premières tôles de la voiture aux magasins de pièces détachées qui assureront aux conducteurs un bon suivi et une maintenance adéquate du véhicule. L’autoroute bosselée qui relie Bucarest à Pitesti tire de temps à autre aux occupants du bus des comparaisons navrées avec l’état des routes en Algérie.

Petit à petit, pourtant, les exclamations se font plus joyeuses à la vue des charmants villages qui défilent. Ici les paysans semblent vivre en harmonie avec leur environnement, dans de petites maisons typiques. De beaux jardins et de vastes lopins de terre se relaient pour conter la campagne roumaine. En Roumanie pourtant, les ouvriers ne sont jamais très loin. Ce sont pour la plupart des paysans convertis dans le cadre de « l’industrialisation forcée » chère à Ceausescu. Ceux que l’on commence à apercevoir dans la petite ville de Mioveni ont fabriqué, des dizaines d’années durant, l’automobile roumaine Dacia. Aujourd’hui, ils sont les artisans de la berline née de l’association avec Renault. Leur usine juchée au sommet d’une colline boisée a gagné entre-temps en modernité et en outils performants même si elle reste « manuelle » à 90%. Ils se disent heureux d’avoir pu garder leur emploi. Ils sont aussi très fiers de voir leur production exportée vers de nombreux pays, dont l’Algérie.

Un marketing efficace

On leur dit que chez nous, la Logan profite déjà d’une bonne notoriété grâce au formidable écho marketing de l’argument prix : 5 000 euros, soit quelque 675 000 DA. Un prix obtenu grâce à un faible coût de main-d’œuvre, des moteurs 1.4 et 1.6 l déjà amortis sur d’autres modèles à la plate-forme commune avec la Nissan Micra et la Clio, à la silhouette de la caisse simplifiée pour réduire le coût de l’emboutissage, aux vitres plates, moins coûteuses, le train avant de la Clio, et le train arrière de la Renault Modus. Un coût réduit donc au maximum et un marketing bien pensé qui attire forcément les clients à la recherche d’une voiture familiale solide flambant neuf et au prix abordable. Ceux-ci pour la plupart, selon l’expérience en Roumanie, où le pouvoir d’achat est proche de celui constaté en Algérie (moins de 150 euros), finissent dans 60% des cas par demander plus de confort et de sécurité, soit l’option climatisation et les airbags, ce qui fait augmenter le prix du véhicule, tout en laissant chez les acheteurs conquis l’agréable impression d’avoir tout de même fait une affaire.Le véhicule étant très spacieux, agréable à regarder grâce à une ligne plutôt moderne et à conduire puisqu’il est dans sa version roumaine adapté aux routes assez cahoteuses en Roumanie comme en Algérie.

La Logan sera commercialisée en Algérie dans sa version de base et avec quatre niveaux d’équipement : Ambiance, Préférence, Lauréate et Ambition. Cette dernière version est dotée d’un équipement complet : ABS, 2 airbags, climatisation manuelle, recyclage d’air, direction assistée, rétroviseurs chauffants et électriques, lecteur CD indicateur digital (carburant, km, etc.), fermeture centralisée, 4 glaces électriques, vitres teintées, bouclier dans la teinte du véhicule, jantes alliages 15 pouces, etc. et ce, pour 8 000 euros en Roumanie, soit un peu plus de 900 000 DA. A la fin de la chaîne de montages, la Logan répond au nom de code X90. Elle est spacieuse avec 4,26 mètres de long, dotée d’un grand coffre de 510 litres et d’une garde au sol renforcée pour faire face à des routes en mauvais état. Des versions diesel (1.5 DCI 65 ch) et au gaz naturel en break ou en « pick-up » seront disponibles, nous dit-on, progressivement d’ici à 2007.

Dacia, de l’ancien nom de la Roumanie

La reconversion de l’usine qui porte l’ancien nom de la Roumanie « Dacia », prononcé « dachia » par les Roumains, a contribué à sortir les villes de Pitesti et de Mioveni, où est implanté le site, de leur torpeur. Ici, on parle de la renaissance de Dacia, malgré les licenciements qui ont touché les effectifs de l’usine puisque sur les 28 000 travailleurs en place en 1999, 12 097 ont été gardés, dont près de 40% des femmes. Il est clair, bien sûr, que dans le cadre de l’ouverture de l’économie roumaine, l’investissement consenti par le constructeur au losange est très important et permet à l’usine de redémarrer encore plus dynamique qu’en 1968, date de son implantation grâce à un partenariat avec Renault. L’usine fabriquait sous licence la version roumaine de la Renault 12. La Dacia 1310 reprend des forces en renouant avec ses amours françaises. Après avoir arrêté la fabrication de la Solenza en mars dernier, l’usine, qui appartient désormais aux Français à 99,3%, réserve presque exclusivement ses lignes de production à la Logan. Pour rappel, Renault a acquis, au départ, 51% du capital roumain Dacia pour 48 millions d’euros, le 2 juillet 1999, et a investi au total plus de 500 millions d’euros en termes d’organisation et de modernisation de l’outil de travail. En 2004, l’usine détenait 45% de parts de marché en concurrence avec le coréen Daewoo, et depuis le mois d’avril 2005, 600 Logan sortent chaque jour des chaînes de production.

Par Zhor Hadjam, latribune-online.com