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Le FMI et la politique économique en Algérie

jeudi 20 octobre 2005, par Rédaction

Les experts du Fonds monétaire international (FMI), présents en Algérie depuis le début du mois d’octobre, mènent une visite semblable à celle effectuée il y a tout juste un an dans le but d’évaluer les progressions économiques et financières du pays.

Rodrigo de Rato, directeur du FMI.

Du point de vue des spécialistes de cette institution, même si de nombreuses réformes restent à compléter, l’Algérie a atteint une situation macro-économique favorable. En effet, selon les indicateurs macro-économiques, la croissance économique resterait aux environs de 5%, l’inflation est toujours maîtrisée et le taux de chômage devrait poursuivre sa tendance à baisser. Confortant cette situation, les chiffres de la Banque d’Algérie, pour le mois de septembre dernier, révèlent que les réserves de change ont franchi la barre des 50 milliards de dollars et que la dette extérieure a atteint 17,8 milliards de dollars.

Toutefois, selon le FMI, cette situation ne pourra être profitable que si la poursuite des réformes structurelles devient une obligation pour le renforcement de la croissance économique. Dans ce sens, il est nécessaire selon cette institution d’orienter ces réformes vers l’essor de l’investissement, la réforme du secteur bancaire et financier avec notamment la liberté de convertibilité courante du dinar ainsi que la privatisation et l’ouverture du capital des banques publiques, l’assainissement de la relation entre les banques et les entreprises publiques, la rationalisation de la fiscalité, la réduction des charges patronales pour l’encouragement de l’investissement et de la création d’emplois, la maîtrise des dépenses publiques...

Même si le FMI préconise l’accélération des réformes structurelles, il est contre une entrée accélérée de l’Algérie dans l’économie de marché. Il redoute en effet que cela constitue un danger dans la mesure où une ouverture de l’Algérie à l’extérieure trop rapide pourrait entraîner des dépenses inutiles et avoir des effets négatifs sur certains secteurs : pour le FMI, une période d’ajustement est nécessaire pour faire face à tous les obstacles liés à l’ouverture.

De plus, le FMI redoute que la rente provenant de l’exceptionnelle hausse des prix des hydrocarbures ne soit pas utilisée au mieux pour l’essor de l’investissement et la construction des infrastructures nécessaires au pays. Concernant la maîtrise des dépenses publiques, il préconise donc une gestion prudente. En particulier, il déclare que l’économie algérienne aurait du mal à supporter le poids d’une hausse importante des salaires qui, selon lui, entraînerait une diminution de la compétitivité des entreprises qui auraient alors des difficultés pour faire face à la concurrence extérieure. On comprend bien que selon cette institution, des hausses de salaires sont possibles si elles sont minimes.

Les politiques néolibérales du FMI continuent à être présentées, aux pays en voie de développement tels que l’Algérie, comme un modèle unique et incontournable du développement. Cependant le succès obtenu par ses recettes, et notamment celle de la réduction des dépenses publiques, est loin d’être évident et d’ailleurs même les rapports du PNUD et de la Banque mondiale soulignent fortement le creusement de l’écart entre les nantis et les démunis des pays ayant appliqué ces réformes.

Le problème clé de l’Algérie et de ces pays n’est donc pas celui des dépenses excessives de consommation publique dont ils sont incapables du fait de leur niveau de revenu par habitant, mais celui du développement de leurs ressources dans tous les domaines. L’ajustement pour eux ne peut se faire que par le haut, par une amélioration de leurs ressources car un ajustement par le bas visant à maîtriser et réduire leurs dépenses actuelles ne peut que les enfermer dans le cercle du sous-développement et de la misère. En effet, les réformes structurelles ne doivent pas être conçues pour diminuer les dépenses des personnes qui n’ont rien à dépenser.

Synthèse de Mourad
D’après le Quotidien d’Oran