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Le Maroc dans le désarroi

mardi 28 septembre 2004, par Hassiba

La presse marocaine, dans le sillage du palais royal et conformément au contenu du mémorandum que l’Etat marocain a adressé au secrétaire général de l’ONU, s’en prend avec une virulence et une bassesse inégalées à l’Algérie.

Ce mémorandum, qui a déclenché de façon parallèle la haine d’une presse aveuglée par son chauvinisme sectaire pour voir les contradictions de la thèse marocaine, qui se réfère à la définition de « puissance d’occupation », l’interprétant à sa manière, fait fi des implications politiques sur les positions mêmes du Maroc vis-à-vis de la question palestinienne car les arguments du Maroc sont les mêmes que ceux d’Israël et ceux du régime de l’apartheid et même de la France lorsqu’elle a occupé l’Algérie.

Pour le Maroc, le Sahara occidental n’est pas occupé parce qu’il n’y a pas d’Etat dans ces territoires et qu’il n’y a pas de guerre avec un Etat. Selon cette logique même, Israël n’occupe pas la Palestine parce que, en 1948, il n’y avait d’Etat dans ces territoires et que les fondateurs de l’Etat hébreu n’avaient pas engagé une guerre contre un Etat mais contre des nomades.

Cette même logique, le Maroc aurait dû l’appliquer au Koweït lorsqu’il a été envahi par le régime de Saddam puisque l’Etat du Koweït n’a existé que par la grâce de la Grande-Bretagne en 1961 et que Saddam ne faisait que revendiquer une pseudo souveraineté sur des territoires qui ont toujours été le prolongement naturel de la Mésopotamie.

Mieux encore, la logique expansionniste du Maroc a déjà tracé les frontières oniriques du Royaume alaouite qui vont au Sud jusqu’au fleuve Sénégal et à l’Ouest jusqu’à une bonne partie de l’Oranie, de la Saoura et du Mouggar que le sang des Algériens avait irrigué tout au long de l’occupation coloniale. Mais le palais royal oublie hypocritement Seuta et Mélila, situées au cœur du royaume et occupées par une puissance étrangère. Ce qui explique d’ailleurs les tentations de Zapatero et son ministre des Affaires étrangères de se défaire des positions de l’Espagne sur le Sahara occidental et dont elle reconnaît pourtant le droit à l’autodétermination.

L’autre ineptie contenue dans le mémorandum réside dans la concession faite par le Maroc à la Mauritanie lorsque le Royaume alaouite avait accepté en 1974 de partager « ses territoires » dont il revendique aujourd’hui « la marocanité depuis des millénaires », avec le régime de Mokhtar Ould Dada. Enfin, le Maroc crie à qui veut l’entendre qu’il est favorable à une solution pour le Sahara occidental même « consensuelle ». Avec qui un consensus doit s’établir sur le Sahara occidental ? Avec le Polisario ? Avec l’Algérie ? Avec l’ONU ou avec ces trois parties ?

Les arguments fallacieux du Maroc voilent mal son désarroi face à une dynamique d’autodétermination inéluctable qu’il sait inévitable. La lecture des termes du mémorandum qui n’apporte aucun élément nouveau à un dossier connu révèle en fait un désappointement manifeste des autorités et de la presse marocaines par le retour de l’Algérie sur la scène internationale et son redéploiement diplomatique en faveur des causes justes, qu’elles soient au Maghreb, en Afrique centrale, au Moyen-Orient, au Sud-Est asiatique ou en Amérique latine.

Il n’est un secret pour personne que l’Algérie soutient le Polisario, reconnaît la RASD et ne changera pas sa position de principe aujourd’hui alors qu’elle n’a pas cédé d’un iota devant la pression marocaine à travers ses manipulations des terroristes algériens durant les années où l’Etat algérien s’était affaibli.

Le Maroc, qui reste un pays important dans la région et qui reste l’un des piliers du Maghreb, doit comprendre toutefois que l’Algérie, son Etat et ses principes sont forgés par cent trente ans de résistance à l’occupation, par sept ans et demi de sacrifices humains et par cinquante ans d’engagement en faveur du droit des peuples à l’autodétermination.

C’est le Maroc qui a organisé une « marche verte » pour « peupler la partie intra muros du Sahara occidental » en prévision d’un référendum qui lui serait favorable. Aujourd’hui il reproche au représentant du peuple sahraoui de déjouer ses plans expansionnistes. Qui est le bouffon du roi, la presse marocaine ou la communauté internationale ?

Par Abdelkrim Ghezali, latribune-online.com