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Le Maroc épinglée sur le Sahara Occidental

jeudi 2 mars 2006, par Kahina

La presse au Maroc s’indigne de ce qu’elle appelle la provocation du Polisario mais oublie de rappeler que les réfugiés sahraouis de Tindouf sont chez eux au Sahara Occidental.

Le Maroc doit respecter le droit à l’autodétermination du Sahara Occidental.

Pour certains journaux marocains, « les manifestations organisées dans la localité marocaine de Tifariti avaient pour but de provoquer le Maroc et l’ensemble de la communauté internationale ». « L’implication de l’Algérie dans cette nouvelle escalade [...] est totale », affirme ce quotidien, ajoutant qu’Alger « ne veut pas renoncer à sa volonté d’étouffer et d’affaiblir le Maroc ». Il est utile de rappeler que certaines festivités célébrant le 30ème anniversaire de la RASD se sont déroulées à Tifariti, une bourgade située dans la « zone tampon », entre le mur de défense érigé par le Maroc dans les années 80 et la frontière algérienne, zone que le Front Polisario qualifie de « zone libérée ». « L’Algérie incite le Polisario à déplacer son infrastructure politique et les réfugiés de Tindou f (Sud-Ouest algérien) à Tifariti », affirme un autre journal marocain.

Pour Al Bayane, « le Maroc ne saurait tolérer plus longtemps la violation de son territoire » à Tifariti. « Il est du devoir des autorités marocaines de faire preuve de plus de fermeté à l’égard de l’Algérie », écrit ce journal. Le Maroc a adressé fin février une lettre au secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, pour « attirer l’attention des Nations unies sur la gravité des agissements des autres parties [...] et leur logique de provocation », selon l’agence marocaine MAP.

Il s’agit là de quelques extraits de la presse marocaine qui s’inquiète de la célébration par la RASD de son 30ème anniversaire sur le sol sahraoui. Ce que la presse marocaine ne dit pas, ce sont les manifestations des Sahraouis dans les villes sahraouies occupées pour revendiquer l’indépendance et le droit à l’autodétermination. Ceux qui ont manifesté à El Ayoune et à Dakhla ont-ils, eux aussi, été manipulés par l’Algérie ? La question que la presse marocaine ne pose pas est le pourquoi d’un mur de la honte qui sépare un territoire supposé être marocain ! La même presse ne verse-t-elle pas, épisodiquement, des larmes de crocodile sur les réfugiés sahraouis de Tindouf qui seraient, selon elle, « des otages » marocains détenus contre leur gré par le Polisario et l’Algérie. Si ces « Marocains » se déplacent à Tifariti, ne seraient-ils pas les bienvenus dans leur territoire ?

Cette presse marocaine, si patriote et si jalouse de son intégrité territoriale, serait plus crédible si ell e mettait autant de zèle à défendre Ceuta et Melilla qui sont historiquement marocaines et qui sont sous domination espagnole. Lorsque l’Espagne empêche des Marocains d’accéder à ces deux « enclaves » sans visa de Schengen, ni le palais royal ni la presse patriote ne s’émeuvent et ne parlent de « provocations », encore moins d’atteinte à la souveraineté marocaine et son unité territoriale. Le Maroc a mis les Sahraouis et la communauté internationale devant le fait accompli lorsqu’il a troqué en 1975 Ceuta et Melilla contre une partie du Sahara occidental (l’autre partie étant cédée à la Mauritanie de Mokhtar Ould Dadda).

Le Maroc, qui a renié son engagement bilatéral avec le Polisario et le droit international lorsqu’il a estimé en 1994 que l’Algérie était sur le point de s’effondrer, Etat, institution, nation et projet national, a décidé de geler les activités de l’UMA, croyant sérieusement que l’Algérie allait se transformer en « laboratoire politique » en faveur des desseins géopolitiques et géostratégiques de Rabat. L’Algérie a, en effet, frôlé la catastrophe parce qu’elle a décidé de rompre sans jamais plier face aux épreuves si terribles soient-elles.

Synthèse de Kahina
D’après la Tribune