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Le NEPAD au cœur du sommet du G8

lundi 24 janvier 2005, par Hassiba

En juillet à Gleaneagles (Ecosse), les nations riches de la planète souhaitent examiner les meilleurs moyens permettant au Groupe de mieux soutenir les efforts des Africains pour leur propre développement comme ils s’initient à le faire dans le cadre du NEPAD.

De nouveau, l’Algérie, en sa qualité de pays axial et l’un des initiateurs du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), pèsera de son poids continental lors du sommet du G8 qu’abritera du 6 au 8 juillet prochain la Grande-Bretagne, président en exercice de ce Groupe de pays les plus industrialisés (Grande-Bretagne, Canada, France, Allemagne, Italie, Japon, Etats-Unis) auxquels s’ajoute la Russie.

C’est du moins ce qui est contenu dans le message reçu samedi dernier par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, de la part du Premier Ministre britannique Tony Blair, dans lequel ce dernier invite le chef de l’Etat algérien à prendre part à ce sommet. Selon l’APS qui rapporte l’information, Tony Blair se déclare « heureux » de voir le chef de l’Etat se joindre aux participants à ce sommet « pour une session sur l’Afrique le 8 juillet ». A ce titre, M. Blair a informé M. Bouteflika que les hauts dirigeants d’autres pays africains (Tanzanie, Ghana, Egypte, Sénégal, Afrique du Sud, Nigeria, Ethiopie), ainsi que le président de la Commission de l’Union africaine (UA) sont également invités à cette rencontre en terre britannique.

Le Premier Ministre britannique dit souhaiter que la tenue du prochain sommet de l’Union africaine soit juste avant la réunion du G8 en juillet à Gleaneagles pour « permettre au président Bouteflika ainsi qu’aux dirigeants africains de se retrouver en Ecosse ». « Le rapport de la commission pour l’Afrique sera un élément important dans le processus de préparation du sommet » du G8, estime Tony Blair en rappelant que « les membres de la commission ont tenu de larges consultations durant ces derniers mois et que le rapport sera fin prêt au mois de mars ». A propos dudit rapport, le Premier Ministre britannique souhaite qu’il permette « un éclairage sur la manière dont le G8 pourra répondre aux défis auxquels l’Afrique fait face et à la vision de l’Afrique articulée autour du NEPAD ». Tony Blair indique, dans sa missive à Abdelaziz Bouteflika, qu’un « soutien de la part des leaders africains sera de nature à encourager les pays du G8 et autres donateurs à adopter les recommandations du rapport et à aider à sa mise en œuvre ».

Le message du Premier Ministre britannique conclut par le souhait de voir le président algérien « accorder » son « soutien » à ce processus « particulièrement durant le sommet de l’Union africaine » prévu début juillet 2005. Le leader de la gauche libérale britannique, comme le font d’ailleurs à chaque fois les dirigeants des pays membres assurant la présidence tournante du G8, entend évidemment mettre à profit cette position de leadership, certes conjoncturelle mais doublée de la présidence qu’assure la Grande-Bretagne cette année à la tête de l’Union européenne, en vue de valoriser et de capitaliser ce passage à la place de porte-étendard des pays les plus riches de la planète capable de lui faire gagner des points à divers niveaux sur le plan international. Cela semble ainsi le cas présentement, notamment à travers son offensive en direction du plus pauvre continent, l’Afrique en l’occurrence. Se plaçant dans une trajectoire ascendante, Tony Blair ne rate quasiment aucune occasion depuis quelques semaines pour plaider le développement en faveur de l’Afrique. Cela sera sans doute encore le cas ce mercredi au Forum de Davos réunissant des centaines de figures politiques et économiques mondiales.

G8 et développement de l’Afrique
Le NEPAD a eu à connaître des escales d’évaluation dont celle d’Alger qui a vu la participation de tous les dirigeants africains engagés au sein de cette initiative pour le développement du continent. L’objectif de ladite initiative lancée par l’Algérie en compagnie de l’Afrique du Sud, du Nigeria, du Sénégal et de l’Egypte, se trace comme priorités essentielles l’éradication de la pauvreté, la mise des pays africains sur une voie de développement soutenu, la cessation de la marginalisation de l’Afrique dans le processus de globalisation et l’accélération de l’émancipation des femmes sur le continent.

Les membres du G8 se sont engagés, il y a trois ans lors de leur sommet de Kananaskis (Canada), à appuyer les priorités du continent africain. A ce titre, ils ont accepté de porter leur aide au développement en faveur de l’Afrique, avant 2006, à une douzaine de milliards de dollars par an. La Grande-Bretagne déclare vouloir mettre à profit sa présidence du G8 pour parvenir à un nouveau « Plan Marshall pour le monde en développement ». Le 6 janvier dernier, Tony Blair avait indiqué qu’« il y a l’équivalent d’un tsunami causé par l’homme et qu’il est possible d’éviter chaque semaine en Afrique ». L’élan mondial de solidarité et de générosité qui a permis la collecte de milliards de dollars pour les victimes des raz-de-marée en Asie a mis en évidence, par un cruel contraste, le dénuement de l’Afrique qui subit « un tsunami par semaine » en pertes humaines, comme l’a relevé le Premier Ministre britannique. Selon l’Organisation des Nations unies (ONU) qui a lancé fin novembre 2004 un appel de fonds de 1,7 milliard de dollars pour répondre en 2005 à 14 crises humanitaires, des « urgences oubliées » affectent 26 millions de personnes. Et douze de ces crises frappent... l’Afrique. Pour sa part, l’UA souligne que « le niveau actuel de l’assistance à l’Afrique est dramatiquement bas. Il faut la multiplier par quatre et annuler totalement la dette du continent » afin de pouvoir relancer la dynamique sur le continent africain.

Il reste à savoir si les propos de Tony Blair, diffusés hier sur une chaîne de télévision française (l’émission « Vivement dimanche prochain »), selon lesquels « sur l’Europe, il y a des attitudes un peu différentes entre les Français et les Anglais, mais sur la plupart des sujets, nous sommes d’accord », vont s’appliquer, dans le cas de ces deux pays et de leurs semblables membres du G8, sur la nécessité de soutenir l’Afrique dans ses efforts de développement. Plus concrètement, il y a lieu de souligner que des ministres africains, dont le ministre algérien des Finances, Abdelatif Benachenhou, ont appelé ces jours-ci au Cap (Afrique du Sud), les membres du G7 (G8 sans la Russie) à s’accorder sur un allègement de l’énorme dette africaine à l’occasion de leur réunion prévue dans une dizaine de jours à Londres en prévision du sommet de juillet 2005 à Gleaneagles. A la réunion londonienne des ministres des Finances du G7, qui sera présidée le 4 février prochain par le ministre britannique des Finances, Gordon Brown, et à laquelle a notamment accepté d’assister la figure emblématique Nelson Mandela, il sera question de convaincre les pays riches de la planète d’annuler les dettes des pays africains à l’égard des organismes de crédit internationaux. Un allègement de 100% de la dette multilatérale.

Par Younes Hamidouche, La Tribune