Accueil > ECONOMIE > Le dossier du coton attend Wolfowitz à la Banque mondiale

Le dossier du coton attend Wolfowitz à la Banque mondiale

mercredi 20 avril 2005, par Hassiba

La potion était amère, mais elle est passée. Il faut dire que Paul Wolfowitz, officiellement toujours numéro deux du Pentagone - il ne prendra ses fonctions à la tête de la Banque mondiale que le 1er juin prochain -, n’a pas ménagé ses efforts lors du G 7 pour charmer ses futurs interlocuteurs.

Quant aux employés de la Banque mondiale, inquiets des apparitions répétées de « Wolfie » flanqué de ses gardes du corps dans les locaux de l’institution, ils se disent également aujourd’hui apaisés, jugeant ses premières déclarations « encourageantes ».

Néanmoins, les questions demeurent et chacun attend de lui « qu’il passe aux actes ». L’un des tout premiers dossiers, qui lui sera remis par ses équipes, concerne la filière du coton africain, gravement menacée par les subventions américaines. Celles-ci sont évaluées à 3 milliards de dollars chaque année, auxquelles il faut ajouter des crédits à l’exportation de l’ordre de 1,5 milliard de dollars. Dopés par cette manne, les agriculteurs américains produisent à outrance et sont accusés de fausser la concurrence. Et donc de mettre en péril la subsistance et la vie de 15 millions d’Africains.

Le sujet est également sensible outre-Atlantique : les 25 000 cotonniers locaux constituent un lobby puissant et l’un des piliers de l’électorat de Bush... Wolfowitz saura-t-il s’en prendre aux subventions que défend l’Administration qu’il vient de quitter ? « Nous comptons sur vous pour vous faire l’avocat de l’Afrique auprès de l’Administration Bush, » lui ont lancé les deux ministres français Thierry Breton et Xavier Darcos en service commandé pour « lui rappeler l’attachement de la France et de l’Europe à la lutte contre la pauvreté ». Une apostrophe que Wolfowitz a esquivée en riant... Et pourtant nombreux sont ceux qui pensent que c’est sur ce type de dossier que sa crédibilité est en jeu.

Sur le dossier coton, l’étau se resserre sur les Etats-Unis. Même s’il a fait appel depuis, Washington a été condamné une première fois par l’OMC (Organisation mondiale du commerce) après une plainte brésilienne. Hier, le commissaire européen au Commerce, Peter Mandelson, en déplacement au Mali, a été très explicite. Demandant que le coton devienne un « sujet prioritaire » dans les négociations OMC », il a appelé de ses voeux « la diminution substantielle de toutes formes de soutien local aux producteurs occidentaux et la suppression des subventions à l’exportation. »

Pour preuve de sa bonne volonté et à l’approche du G 8 de Glenneagles qui sera largement consacré au développement de l’Afrique, Paul Wolfowitz a promis de réserver son tout premier voyage à ce continent, début juin. Nul doute qu’il y sera attendu de pied ferme : les Africains, même s’ils l’ont peu manifesté, ont réagi avec inquiétude à l’arrivée de Wolfowitz. Ils savent que, si l’aide au développement américaine a augmenté l’année dernière pour passer à 0,16% du PIB, la moitié des sommes dégagées ont été allouées à... l’Irak.

Par Sixtine Léon-Dufour, lefigaro.fr