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Le forcing des entreprises françaises en Algérie

dimanche 6 juin 2004, par Hassiba

Autrefois frileuses, les entreprises françaises tous secteurs confondus, changent de vision par rapport au marché algérien.

Elles n’en sont plus au stade de la gestion à distance, à laquelle certaines d’entre elles ont optée au plus fort de la crise sécuritaire que vivait l’Algérie. Tout le monde s’en souvient, des entreprises françaises tournaient le dos au marché national et ne continuaient à y opérer qu’à travers des bureaux de liaison installés à Alger. Cette attitude a été maintenue pour un temps sur les conseils de l’agence française d’évaluation des risques, la Coface. Celle-ci, estiment certains, surévaluait le risque Algérie. Il est des périodes où l’Algérie a été classée sixième sur une échelle de sept. Cela veut dire que l’Algérie est un pays à haut risque. Aussi, des sociétés prennent-elles peur. Et, c’est normal.

Aujourd’hui que l’orage est passé, le retour à la normale est perceptible. Non seulement les entreprises, autrefois présentes, reprennent du service, mais de nouvelles s’installent. La Foire internationale d’Alger, baromètre de l’activité commerciale et économique, enregistre une affluence des plus importantes ces dernières années. Et les entreprises hexagonales s’y taillent la part du lion en termes d’espaces réservés à l’exposition. Elles devancent ainsi des pays pourtant partenaires traditionnels de l’Algérie, comme l’Italie, l’Espagne, les Etats-Unis et autres. Ce redéploiement de l’entreprise française en Algérie, on peut le vérifier par les chiffres.D’abord, en matière de chiffres d’affaires : le chiffre d’affaires des sociétés hexagonales implantées déjà en Algérie devait progresser de 90,9% en 2003. En 2004, cette proportion tournera autour de 81,8%. Ensuite, en matière de projets d’intention : les intentions d’investissement sont passées de 45,4% en 2003 à 61,6% en 2004. Enfin, en termes de parts de marché : la part de marché des entreprises françaises est passée de 22,5% en 2002 à 24% en 2004.

Autre indice, celui des gros contrats réalisés par les entreprises en question. C’est en 2003 que les français ont remporté des contrats supérieurs à un milliard d’euros. Le redéploiement est également sectoriel, aussi bien pour les entreprises présentes sur le marché que pour celles ayant l’intention de s’y installer.

Dans un passé récent, les sociétés hexagonales s’intéressaient beaucoup plus au marché automobile et au secteur des hydrocarbures qu’à d’autres segments jugés peu rentables. Elles essayent aujourd’hui de ne pas faire uniquement dans le commerce mais de s’occuper d’investissement, celui créateur d’emplois et de richesses. C’est une nouvelle orientation, fût-elle embryonnaire, dans certains secteurs. Elle est dans l’agroalimentaire mais également dans les équipements. Elle évolue à la faveur d’une nouvelle donne politique. Sécuritaire aussi : l’Algérie est classée aujourd’hui au niveau quatre sur une échelle de sept points. C’est du progrès, jugent certains.

Aussi importante soit-elle la présence des sociétés françaises en Algérie reste frileuse, si l’on parle investissement, par comparaison aux Américains. Ceux-ci mettent en jeu près de cinq milliards de dollars en investissement. C’est colossal même si le gros de cet investissement est dans les hydrocarbures. Les entreprises françaises dans ce secteur sont fortement présentes, mais pas autant que les américaines. D’où cette prédominance en matière d’investissement.

Par Youcef Salami, La Tribune