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Les pauvres vont sans doute devoir encore patienter sur leur dette

jeudi 14 avril 2005, par nassim

Les pays les plus pauvres devront encore attendre avant d’assister à un véritable soulagement du fardeau de leurs dettes, un accord entre pays riches étant peu probable ce week-end lors des réunions du G7, du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale à Washington.

"Nous allons entendre un bon prélude,

James Wolfensohn

les arias seront chantés plus tard par les divas", a averti par une image musicale le président de la Banque mondiale, James Wolfensohn devant la presse jeudi. Les ministres des Finances des sept pays les plus industrialisés (Etats-Unis, Canada, Allemagne, Japon, France, Royaume-Uni et Italie) doivent évoquer le sujet ainsi que les gouverneurs des 184 Etats membres du FMI et de la Banque mondiale lors de leurs réunions de printemps samedi et dimanche. Mais selon M. Wolfensohn, aucune décision ne devrait sortir de ces réunions. Il a plutôt suggéré d’attendre le prochain sommet des dirigeants du G8 (plus la Russie) en juillet en Ecosse, voir même la réunion des Nations unies en septembre qui fera un premier bilan de l’état de la réalisation des Objectifs du millénaire de réduction de la pauvreté.

Plus prudent, le directeur général du FMI, Rodrigo Rato "n’a pas voulu anticiper ce que les gouvernements décideront lors de ces réunions". "Nous pensons que les propositions sont sérieuses et qu’elles devraient être examinées sérieusement", a-t-il ajouté. Plusieurs idées sont actuellement en discussion pour alléger la dette des pays les plus pauvres, dont celle de la vente d’une partie des réserves d’or du FMI qui a soulevé les critiques, notamment des Etats-Unis.

Le Congrès américain, qui devra donner son aval à toute vente des réserves de métal fin du Fonds, a déjà prévenu qu’il le refusera. Le secrétaire adjoint au Trésor américain, John Taylor, a, de son côté, estimé jeudi qu’il y avait eu des progrès en vue de l’annulation à 100% de la dette des pays les plus pauvres, un objectif adopté par les ministres des finances du G7 lors de leur réunion de février.

Le FMI a préparé un rapport sur les ventes d’or "techniquement réalisables" en s’assurant qu’elle n’entraînera pas d’effondrement du marché de l’or, selon M. Rato. Mais même si la décision devait être prise par les administrateurs du Fonds, cela n’apporterait "qu’une partie de l’allègement de la dette des pays pauvres, les sommes dues au FMI ne représentant même pas 20% de l’ensemble" de cette dette, a souligné M. Rato. Cette aide devrait être "additionnelle" et non se substituer aux autres mécanismes, selon lui.

Les autres solutions envisagent soit une taxation des transactions financières internationales, une taxe sur les billets d’avions ou le kérosène, ou encore, comme l’a proposé Londres l’an dernier, de reprendre à son compte la dette due par les pays les pauvres à la Banque mondiale à hauteur de la quote part britannique.

"Il y a quand même eu progrès car on parle sérieusement de la taxation internationale pour alléger la dette des pauvres", a-t-on souligné de source diplomatique européenne à Washington. Les altermondialistes en tous cas vont rappeler aux participants de ces réunions que le temps presse. Vendredi ils ont prévus d’installer une horloge géante devant le siège de la Banque mondiale pour marquer qu’un enfant meurt toutes les trois secondes dans le monde à cause de la pauvreté.

Outre la dette des plus pauvres, les hauts responsables internationaux examineront les raisons du ralentissement général de la croissance économique mondiale, en particulier les effets de la récente flambée des prix pétroliers et du formidable essor de la Chine et de l’Inde ainsi que le poids des déficits records américains.

Source : AFP