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Les prix du pétrole soutenus par la faiblesse des stocks

mercredi 23 mars 2005, par Hassiba

Les prix du pétrole restaient fermes hier. Les opérateurs étaient inquiétés par le niveau faible des stocks d’essence aux Etats-Unis et la menace de grève au Nigeria, alors que l’OPEP ne parvient pas à rassurer le marché.

« L’attention du marché est désormais tournée vers l’essence aux Etats-Unis et non plus vers le fioul de chauffage, qui était en première ligne pendant les mois d’hiver », relèvent les analystes de la maison de courtage Sucden. « Le niveau des stocks d’essence est au cœur des inquiétudes » à l’approche du coup d’envoi de la haute saison de consommation en avril, ajoutent-ils. Du coup, le marché surveillera de près les chiffres hebdomadaires des stocks américains attendus pour aujourd’hui.

Les analystes tablent sur une baisse de 1,4 million de barils des réserves d’essence, qui ont déjà reculé au cours des deux dernières semaines mais demeurent supérieures de 11% à leur niveau d’il y a un an. Ils s’attendent aussi à ce que ces stocks continuent de reculer au cours des semaines à venir. « Les chiffres des stocks d’essence aux Etats-Unis seront le moteur du marché pour les prochaines semaines », prévient un analyste de Barclays. « Il sera intéressant de voir à quelle vitesse les stocks d’essence reculent : s’ils diminuent rapidement, alors l’essence va continuer à soutenir les prix du brut, comme le fioul de chauffage l’a fait pendant l’hiver », explique cet analyste. « Mais si on a une série de progressions inattendues, alors les cours devraient se mettre à baisser », ajoute-t-il.Selon les analystes, les prix sont également soutenus par les craintes d’une perturbation de la production au Nigeria, où les syndicats pétroliers ont lancé lundi dernier un avis de grève de trois jours à partir du 11 avril, pour protester contre leurs conditions de travail.

Le Nigeria fournit environ 2,4 millions de barils par jour (mbj), surtout du brut léger et non sulfureux, une qualité très prisée par les raffineries car elle est beaucoup plus facile et aussi moins coûteuse à traiter. C’est aussi un brut dont l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) dispose en faible quantité. Le marché continuait à tourner le dos aux efforts de l’OPEP pour augmenter sa production. Le président de l’organisation, le Koweïtien Ahmed Al Fahd Al Sabah, serait actuellement en discussion avec les autres pays membres pour activer une deuxième hausse des quotas de 500 000 barils par jour, après la première augmentation de 500 000 barils décidée la semaine dernière. « Cela a eu un effet limité », constate l’analyste de Barclays. « La raison est que l’OPEP a un nombre limité de cartes à jouer et, plus elle en joue maintenant, moins elle s’en garde pour le cas où une perturbation de la production surprendrait le marché. » « Deuxièmement, le type de brut qu’elle injecte sur le marché ne va pas apaiser les inquiétudes sur l’essence car c’est un brut lourd et à forte teneur en soufre qui n’est pas vraiment recherché par les raffineries », souligne-t-il. L’OPEP dispose encore d’une capacité de production de 1,4 mbj au maximum, selon les analystes. D’après eux, cela ne devrait pas suffire à satisfaire une demande mondiale attendue en hausse de 2,3% cette année, notamment à cause du boom de la consommation chinoise.

Hier vers 11h00 GMT à New York, le baril de pétrole brut pour livraison en mai s’effritait de 8 cents à 57,38 dollars lors des échanges électroniques, non loin de son record historique de 57,60 dollars atteint jeudi dernier. A Londres, le baril de brent de la mer du Nord sur le contrat mai baissait de 3 cents à 55,62 dollars, restant à portée de son record de 56,15 dollars inscrit jeudi.

Par Amine Echikr et Agences, latribune-online.com