Accueil > ECONOMIE > M. Brahim Hadjas : "Nous sommes victimes d’une crise systémique”

M. Brahim Hadjas : "Nous sommes victimes d’une crise systémique”

dimanche 15 août 2004, par Hassiba

Le PDG d’Union Bank, M. Brahim Hadjas rompt le silence. Il s’exprime, enfin, sur les tenants et aboutissants de la mise en liquidation de sa banque prononcée par la chambre commerciale de la Cour d’Alger le 13 juillet dernier.

À ce propos, il dira : “Nous lançons un appel ferme et indigné à l’encontre du jugement rendu par le tribunal d’Alger qui a converti le règlement judiciaire d’Union Bank en liquidation.” Continuant sur sa lancée, il relèvera que “la procédure de règlement judiciaire d’Union Bank a pris un cours subitement inintelligible depuis la mi-décembre 2003”. Il dénoncera “la mise en échec délibérée du premier règlement judiciaire en Algérie”, en rappelant dans la foulée que “c’est Union Bank qui a volontairement cherché protection auprès de la justice afin de sauvegarder l’intérêt de ses clients”.

Pour M. Hadjas, “Union Bank est victime d’une crise systémique qui a secoué la place financière suite à la liquidation de l’ex-El Khalifa Bank. Nous avons eu des blocages dès qu’il y a eu l’affaire Khalifa”. Il déclarera, par ailleurs, que “pendant que Union Bank était inspectée, contrôlée et sanctionnée injustement, d’autres banques concurrentes n’étaient ni inspectées, ni contrôlées, ni sanctionnées jusqu’à leur crash provoquant une crise systémique dont Union Bank paie, aujourd’hui, le prix”. Donc, il y avait, selon lui, deux poids deux mesures dans le suivi et le contrôle des banques par la Banque d’Algérie.

Plus explicite, il indiquera que “cette tentative d’assassinat d’Union Bank dure depuis 7 années”, tout en soulignant : “Nous n’aurions jamais demandé le règlement judiciaire si nous n’avions pas subi pendant 4 années successives le harcèlement et l’entreprise de destruction orchestrée par l’ex-gouverneur de la Banque d’Algérie M. Hadj Nacer qu’on a révoqué pour usage de faux afin d’exproprier les actionnaires d’Union Bank”. Et d’ajouter : “Nous ne pouvons pas faire face à une guerre administrative menée par des personnes qui utilisent le pouvoir que l’État leur aura confié pour détruire notre banque.” De même, il révélera que “ceux qui ont couvert Hadj Nacer ont été sanctionné par la justice puisque l’ex-gouverneur de la Banque d’Algérie, M. Keramane, a été condamné par le Conseil d’État pour voie de fait et abus de pouvoir et la commission bancaire l’a été également pour violation de la loi”.

Le premier responsable d’Union Bank s’interroge “pourquoi Union Bank n’a pas été autorisée à payer ses créanciers avec les produits de ses recouvrements de créances et de ses désengagements ?”

Pour appuyer ces propos, il citera “la demande introduite le 8 novembre 2003 pour autoriser le syndic administrateur judiciaire à faire appel à la presse pour se faire remettre les chèques en suspens et commencer à les présenter en chambre de compensation afin de les payer en fur et à mesure des disponibilités d’Union Bank”. Il soutiendra, également, que “nous sommes en mesure de payer nos clients et à la date citée en haut, Union Bank pouvait régler tous les chèques en suspens inférieurs à 3 millions de DA et au 13 juillet 2004, elle pouvait payer tous les chèques en suspens inférieurs à 10 millions de DA”. M. Hadjas dénoncera, aussi, “le refus du syndic administrateur judiciaire de nous communiquer une copie des déclarations de créances adressées par ses créanciers pour organiser la proposition de concordat en vue d’établir un programme de paiement avec nos clients”. Il estimera que “cette mise en liquidation a été décidée le 13 juillet 2004, lors de la dernière audience précédant les vacances judiciaires, sachant qu’aucune audience d’appel n’est possible, même pour la défense à exécution, avant le 19 septembre soit lors de l’ouverture de l’année judiciaire”.

Le PDG ne compte pas en rester là et a introduit, déjà, un appel auprès de la chambre commerciale de la Cour d’Alger “pour demander l’annulation du jugement prononcé le 13 juillet”. Selon M. Hadjas “un jugement de conversion ne peut être rendu sans que l’entreprise soit entendue (article 336 du code du commerce), un syndic administrateur judiciaire désigné dans le règlement judiciaire ne peut l’être dans le cadre de la faillite (article18 de l’ordonnance 96-23 du 9 juillet 2003), les créances à l’actif d’Union Bank apparaissent à 97 millions de DA dans le jugement alors que la comptabilité d’Union Bank les établit à 5,5 milliards de DA. Ce responsable affirmera que “des scellés sont mis sur les filiales d’Union Bank sans ouverture de procédures contre elles”. Actuellement, il y a “des bateaux de pêche et des pêcheurs qui sont à l’arrêt tandis que les activités de nos filiales sont bloquées”. M. Hadjas demeure confiant et serein puisque, martèlera-t-il, “nous faisons confiance à la justice de notre pays”.

Par Faïçal Medjahed, Liberté