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Maroc-Sahara Occidental : L’espoir de paix

samedi 20 août 2005, par Bilal

Les prisonniers du Polisario ayant été libérés et rapatriés au Maroc, Richard G. Lugar, le chef de la commission parlementaire du Sénat américain, n’a pas caché sa satisfaction après la réussite de sa mission rendue possible grâce à l’appui du président Bouteflika.

Les derniers prisonniers du Polisario rentrent au Maroc.

Les derniers prisonniers de guerre marocains détenus par le Front Polisario ont ainsi quitté, jeudi dernier, l’aéroport « Commandant Ferradj » de Tindouf pour rejoindre leurs familles au Maroc, après près de vingt ans d’absence. Pour célébrer cette nouvelle initiative de paix, les camps de réfugiés sahraouis de Tindouf étaient en fête jeudi dernier. Sous une chaleur assommante, les familles sahraouies ont scandé des slogans à la gloire de leurs martyrs et de la lutte pour la libération de leurs terres, brandissant fièrement les drapeaux sahraouis et des pancartes portant l’inscription « peace », « freedom » et « democracy ».

A 15h, le sénateur américain était accueilli comme un chef d’Etat, un véritable héros. Les Sahraouis semblaient y voir le représentant des USA, la première puissance mondiale, celui qui pourrait trouver une issue favorable à leur situation. Les prisonniers, eux, restaient dans un coin à l’ombre, avec leurs tenues militaires neuves et ruminant leurs années perdues. La libération, ils en avaient tellement rêvé qu’ils n’osent pas y croire. Pour eux aussi, le sénateur Lugar est un « héros ».

Dans une allocution prononcée avant le départ des prisonniers libérés pour Agadir au sud du Maroc, le sénateur Lugar a insisté sur le rôle qu’a joué l’Algérie pour le relâchement des prisonniers marocains. « J’ai entrepris, a-t-il déclaré, de faire cette mission, au nom du président Bush, pour un objectif strictement humanitaire, cette libération est dans l’intérêt de tous ». « J’aimerais également exprimer ma reconnaissance envers le président Bouteflika pour sa ferme autorité afin d’assurer le succès de cette mission humanitaire », a souligné Richard G. Lugar. Le sénateur américain a souhaité que cette « action humanitaire » puisse décrisper les relations entre l’Algérie et le Royaume marocain. « J’espère que cela contribuera à trouver une issue heureuse à ce conflit et que la réussite de cette mission humanitaire inspirera de nouveaux efforts pour oeuvrer en faveur d’une solution politique », martèle-t-il.

L’Algérie, quant à elle, s’est voulue très discrète sur le sujet. Pour des considérations compréhensibles, aucun représentant algérien n’a assisté aux cérémonies organisées dans les camps d’El Raybouni et à l’aéroport de Tindouf. Le ministre délégué des Affaires maghrébines et africaines n’est arrivé qu’en fin de journée pour saluer le sénateur Lugar et le chef de l’Otan, M. James L. Jones, avant leur départ pour Washington. Même si le sénateur américain s’est longuement étalé sur le rôle de l’Algérie dans cette mission, les autorités algériennes feignent de n’y accorder qu’une importance mineure. La médiation, indique-t-on du côté algérien, s’est déroulée uniquement entre le Polisario, Washington et Rabat. L’on n’en saura pas plus.

Maintenant que le problème des détenus marocains dans les camps sahraouis est réglé, les organisations humanitaires s’inquiètent du sort des personnes disparues. « Nous recevons régulièrement des listes de disparus. Pour l’heure, nous avons recensé 142 cas sahraouis non résolus, il y en a 262 du côté marocain. Le Polisario fait état de 262 civils sahraouis portés disparus. Ceci n’est peut-être que la partie émergente de l’iceberg, ce sont les cas que nous connaissons, il y a encore des familles qui n’ont pas transmis l’information », explique M. Marc Bouvier, responsable de la Croix-Rouge, coordinateur du département protection de la région Afrique du Nord.

Il poursuit en disant que la question des prisonniers sahraouis au Maroc reste posée. Même si le royaume de Mohammed VI affirme qu’il ne détient aucun prisonnier sahraoui dans ses geôles, il refuse opiniâtrement l’accès aux organisations internationales. « Nous avons obtenu une autorisation pour visiter les prisons tunisiennes, mauritaniennes et algériennes, il n’y a que le Maroc qui nous refuse l’accès », affirme M. Bouvier. Le représentant suisse reste optimiste. « Nous avons un dialogue avec les autorités marocaines qui avance positivement », déclare-t-il.

Pour les organisations internationales, les autorités sahraouies et le Congress américain, la question est de savoir si la libération des prisonniers marocains aura des retombées politiques importantes. Seule certitude : les Sahraouis font là un grand geste pour sortir de l’impasse.

Synthèse de Billal
D’après Le Quotidien d’Oran