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Maroc-UE : la pêche en question

jeudi 28 juillet 2005, par Souad

Le Maroc et l’Union Européenne ont repris les négociations sur la pêche, dossier sensible au royaume dès lors qu’il concerne une filière qui emploie des milliers de personnes et dont un accord pour le financement du plan marocain de restructuration de la pêche artisanale et de la recherche scientifique serait bénéfique aux deux parties.

Le Maroc et l’UE ont repris les négociations sur la pêche.

Ces négociations interviennent dans une conjoncture particulièrement différente de celle d’il y a quatre ans. N’empêche qu’elles devraient, dans ce contexte, "favoriser le partenariat Maroc-Union européenne pour le développement de la filière de pêche marocaine, le financement du plan marocain de restructuration de la pêche artisanale ainsi que la recherche scientifique", pour reprendre les propos de M.César Deben Alfonso, responsable à la Direction pêche de la Commission européenne qui conduit les négociations du côté européen.

En dépit de l’annonce de Bruxelles qu’elle va "penser à un accord d’un nouveau genre" qui prendrait en considération la situation des stocks halieutiques, les changements intervenus au niveau de la flotte européenne ainsi que l’impérieuse aide à la restructuration du secteur au Maroc, les négociations ne vont pas être une tâche aisée d’autant plus que les précédentes ont été marquées par une incompréhension des Européens qui ont souvent réduit le litige à une simple question de compensation financière.

Cela dit, le négociateur marocain en la personne de Mohamed Tarmidi, secrétaire général du département de la pêche a fait savoir, lundi à Bruxelles, qu’une "convergence" de vue entre les deux parties a été déjà dégagée. Et d’expliquer que la position de l’UE s’inscrit dans la "démarche de partenariat" défendue par Rabat. Ce qui laisse prévoir qu’un accord pourra être conclu bientôt. Cette note d’optimiste permet d’envisager un compromis qui tient compte à la fois de l’état des ressources halieutiques et de la flotte marocaine mais aussi des besoins en financement pour la mise à niveau de ce secteur.

Il faur préciser, cependant, que ces négociations, qui interviennent à la demande de la Commission européenne, ne concerneront pas la pêche des céphalopodes et des crevettes. Le négociateur marocain précise que le nouvel accord sera "différent" et d’une ampleur moindre que le précédent, arrivé à échéance en novembre 1999.

En attendant l’aboutissement des négociations, force est de procéder de toute urgence, et abstraction faite de l’assistance européenne, à la mise à niveau du secteur des pêches maritimes. C’est désormais une question vitale pour l’économie nationale. Cela dit, cette mise à niveau ne peut se faire du jour au lendemain mais par étapes et suivant un calendrier précis.

Sur un autre registre, il faut dire que la suspension de la pêche par la flotte européenne n’a pas empêché la surexploitation des pêcheries marocaines. Ce constat a été établi par plusieurs intervenants lors des premières assises de la pêche qui se sont déroulées, le 14 juin 2005 à Casablanca, autour du thème : « Pêche responsable pour un développement durable ».

En effet, à l’exception du poulpe qui a été, plus au moins reconstitué, les autres pêcheries connaissent encore une exploitation sauvage en dépit des périodes de repos biologique. Cette situation s’aggrave aussi avec le poids de l’informel qui échappe à tout contrôle et qui ne permet donc pas d’instaurer des plans d’aménagement pour toutes les pêcheries. A cela s’ajoute évidemment le manque d’une stratégie gouvernementale susceptible de remédier aux anomalies et dysfonctionnements de ce secteur.

Ces constats ont favorisé un manque de visibilité, ce qui s’est traduit par la baisse de la production, la défaillance des infrastructures de base et la raréfaction de la ressource.

Les professionnels et les scientifiques sont aujourd’hui unanimes sur l’urgence d’une politique rigoureuse de gestion et d’aménagement pour augmenter la production et préserver l’équilibre biologique des stocks et des écosystèmes marins.

Par Libération