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Moussaoui refuse l’assistance de la France

mercredi 27 avril 2005, par nassim

Selon les avocats de Zacarias Moussaoui, la France aurait facilité le travail des procureurs américains.

« Bien évidemment, aucune personne bénéficiant de la protection consulaire française

Zacarias Moussaoui risque le peine de mort aux USA.

ne doit être exécutée », déclarait l’ancienne ministre de la Justice Marylise Lebranchu, fin 2001, à propos de Zacarias Moussaoui. Quatre ans plus tard, force est de constater que la France n’a pas réussi à venir en aide à son ressortissant. « Il nous est impossible d’interférer dans la procédure judiciaire. Tout ce qu’on peut faire, c’est lui apporter une assistance consulaire, mais il la refuse », se justifie-t-on à l’ambassade de France à Washington. En juillet 2002, le consul de France d’alors, Gilles Montagnier, avait rendu visite à l’accusé pour lui proposer de faciliter ses échanges avec sa famille, lui fournir des journaux, améliorer son ordinaire. La rencontre s’était mal passée, Moussaoui se montrant agressif et mettant quasiment son visiteur dehors. Le nouveau consul, Jean Allex-Lyoudi, a renouvelé l’offre de protection consulaire, mais Moussaoui n’a pas réagi.

Selon les avocats de Zacarias Moussaoui, non seulement la France n’a pas fait beaucoup d’efforts pour aider l’accusé, mais elle a facilité le travail des procureurs américains, qui cherchent ouvertement à justifier la peine capitale. Paris aurait pu exiger, avant de livrer aux Américains des renseignements sur Moussaoui, d’avoir la garantie qu’il ne serait pas condamné à mort. Au lieu de cela, fin 2002, le ministre de la Justice, Dominique Perben, a conclu un arrangement assez jésuite, dans lequel Washington s’engage à n’utiliser les renseignements français que pour établir la culpabilité de Moussaoui, pas pour définir sa peine.

« Ce jour-là, la France a rétabli la peine de mort par procuration », avait alors déclaré Me François Roux, avocat français choisi par la mère de l’accusé. Les trois avocats américains de Moussaoui, commis d’office, ont suivi depuis trois jours la controverse sur le rôle de la France, mais se gardent prudemment de s’en mêler : « J’ai lu la réponse du gouvernement français [à l’appel de la mère de Moussaoui]. Je ne peux guère la commenter, car je n’ai pas encore examiné la question de près », s’excusait, hier, l’un d’entre eux, Gerald Zerkin.

Par Pascal RICHE, liberation.fr