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Nicolas Sarkozy : Deux milliards d’euros pour l’Algérie

mercredi 28 juillet 2004, par Hassiba

Le ministre des Finances, Abdelatif Benachenhou, et son homologue français Nicolas Sarkozy ont signé, hier, un aide-mémoire sur le partenariat pour la croissance et le développement. “Près de deux milliards d’euros de crédits ont été dégagés” pour accompagner l’Algérie sur le chemin de la croissance.

Ces concours financiers comprennent, en fait, 288 millions d’euros de conversion de dette en investissements, 750 millions d’euros de crédits concessionnels et un milliard d’euros de crédits commerciaux garantis par la Coface.

Le ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie français, M. Nicolas Sarkozy, avait déjà donné le ton à son arrivé à l’aéroport d’Alger, accueilli par Abdelatif Benachenhou.
Nicolas Sarkozy souligne qu’il était venu à Alger “afin d’assurer la suite concrète et opérationnelle de ce qui avait été engagé par le président Abdelaziz Bouteflika et le président Jacques Chirac de façon qu’au-delà des discours et des messages d’amitié, qui sont bien réels, il y ait des crédits qui soient dégagés pour permettre la réalisation concrète et l’accompagnement de la croissance en Algérie”. Le ministre français a ajouté : “Ce que nous allons signer va permettre concrètement, avec des sommes très importantes, de donner les moyens d’accompagner l’Algérie sur le chemin de la croissance et aux entreprises françaises davantage de contrats”. Selon M. Sarkozy, “il n’y a aucun accord de cette nature de la France avec un pays étranger”.

Les autorités algériennes et françaises ont souhaité consacrer, par des orientations précises, le partenariat économique d’exception inscrit dans la déclaration d’Alger du 2 mars 2003 et qui viendra nourrir le futur Traité d’amitié entre les deux pays. La signature, hier, de l’“aide-mémoire sur le partenariat pour la croissance et le développement” repose sur la conviction partagée et qu’il est de l’intérêt de l’Algérie et de la France “de tirer profit du haut degré de complémentarité des deux économies pour accompagner les mutations actuelles de l’économie et de la société algérienne, dynamiser l’essor de leurs échanges et multiplier les intérêts croisés entre leurs opérateurs, notamment en développant le partenariat”. Afin d’assurer le suivi de l’accord, un comité, réunissant les administrations financières des deux pays, se réunira tous les six mois. Les deux ministres réuniront également, chaque année, un comité stratégique ouvert aux autres administrations et aux entreprises concernées des deux pays pour établir le bilan du “partenariat pour la croissance et le développement” et inscrire de nouveaux projets à son agenda.

288 millions d’euros de reconversion de dettes en investissements
“La partie française a décidé de mettre à la disposition de l’Algérie la totalité de l’enveloppe de conversion de dettes en investissement autorisée par les règles actuelles du Club de Paris, soit 288 millions d’euros”, indique un communiqué commun. “Une dette qui va permettre de financer les contrats”, explique M. Nicolas Sarkozy à l’issue de la cérémonie de signature de l’“aide-mémoire sur le partenariat pour la croissance et le développement”. Cette facilité pourra être utilisée pour des investissements dans les nombreux secteurs en expansion, y compris pour couvrir les prises de participation dans des sociétés chargées du développement de projets d’infrastructure. En outre, et afin d’accroître encore les investissements étrangers en Algérie, la partie française soutiendra auprès du Club de Paris la demande de l’Algérie de porter à 30% le plafond de conversion de dettes en investissements, actuellement limité à 10% de la dette éligible.

Un milliard d’euros de garanties de crédits par la Coface
Afin de dynamiser la participation des entreprises françaises aux projets d’infrastructures en Algérie, la France a décidé d’ouvrir une enveloppe supplémentaire d’un milliard d’euros de garanties de crédits par la Coface destiné à couvrir de futurs contrats, notamment dans les secteurs des transports, des télécommunications, de l’électricité, des hydrocarbures, des biens d’équipement industriel, des services urbains et de l’habitat. Dans le secteur des transports, les entreprises françaises s’intéressent notamment à l’équipement du métro d’Alger et “pour le matériel roulant de la banlieue d’Alger”. Le financement de ces deux projets, nous dit-on, sera assuré à hauteur des deux tiers par des crédits concessionnels.
Le groupe, qui a signé en juin un contrat de 89 millions d’euros pour l’électrification du réseau ferré de la banlieue d’Alger, est intéressé par le projet d’équipement du métro d’Alger de 350 millions d’euros.

Le communiqué commun souligne qu’“une attention toute particulière sera accordée à l’exploitation future de ces ouvrages pour lesquels des partenaires seront recherchés et des crédits d’aide au développement mobilisés”. “La France est attachée au méthanier géant commandé par l’Algérie”, a indiqué le ministre français de l’Économie à son homologue algérien M. Benachenhou.

Une coopération bilatérale renforcée dans plusieurs secteurs
Dans le secteur de l’eau, la France a confirmé sa participation au financement du projet de transfert d’eau de Taksebt sous forme de crédits concessionnels pour un montant maximum de 80 millions d’euros. “Un intérêt soutenu sera apporté à l’exploitation des réseaux de distribution d’eau d’Alger, d’Oran et de Constantine afin de les moderniser et d’en assurer une meilleure gestion”, souligne-t-on.

L’importance des moyens à mettre en place, précise-t-on, exigera la combinaison de plusieurs sources de financement.
La partie française a d’ores et déjà indiqué sa disponibilité à apporter à ces projets une enveloppe de crédits concessionnels de l’ordre de 100 millions d’euros.
Dans l’habitat et l’urbanisme, des prêts concessionnels de l’Agence française de développement ont été octroyés à hauteur de 75 millions d’euros pour la réhabilitation des zones d’habitat précaire et la reconstruction d’édifices détruits par le séisme de 2003. Il a été également convenu de faciliter la participation des groupes français de BTP au développement du logement en Algérie, notamment par la voie du partenariat entre des entreprises des deux pays.
Parallèlement aux actions menées pour promouvoir l’investissement français en Algérie, l’Agence française de développement prévoit 55 millions d’euros, sous forme de prêts bonifiés, pour faciliter l’investissement des PME algériennes.

Banques et finances : coopération accrue
“La coopération économique et financière institutionnelle sera élargie”, note le communiqué commun. Les deux ministres “sont convaincus que la croissance et le développement exigent un secteur bancaire modernisé et performant”.
Du coup, les deux ministres ont décidé la création, par les organisations professionnelles bancaires des deux pays, d’un groupe de travail chargé de leur proposer, d’ici à décembre, les moyens à mettre en œuvre afin de favoriser la diffusion de l’expérience française, de promouvoir un partenariat multiforme entre les banques des deux pays et d’accroître les actions de formation aux métiers de la banque.
Au-delà, les deux ministres ont souhaité lancer dès 2005 un programme de formation de haut niveau en économie et en finances, à fort potentiel de développement, conduit par des opérateurs reconnus (grandes écoles, services décentralisés, entreprises).

Par Meziane Rabhi, Liberté